C'est à n'y rien comprendre, dans le pays. Le président de la Cour de cassation, Taieb Rached qui a fait des révélations fracassantes autour des suspicions portées contre l'ancien procureur de la République a été sanctionné, en usant contre lui de l'affront suprême, celui de la levée de l'immunité. Tout simplement parce qu'aucune « demande n'a été formulée » pour Béchir Akrémi. Et, comme par hasard, c'est le parquet de Tunis qui a fait la demande pour Taieb, alors qu'aucune structure ne l'a faite, pour Akrémi, malgré les nombreuses suspicions connue par tous. Le président du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) Youssef Bouzakher a précisé que le conseil de l'ordre judiciaire a décidé la levée de l'immunité au premier président de la cour de cassation Taieb Rached, à la demande du parquet près le tribunal de première instance de Tunis. Le président du CSM a indiqué que l'immunité est un droit dont bénéficie le juge et qui ne peut être levée qu'à la demande d'une autorité habilitée à le faire à savoir le parquet ou le juge d'instruction. Il a d'ailleurs expliqué que si cette mesure n'a pas été appliquée à l'ancien procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis Béchir Akrémi (objet de la plainte déposée par Taieb Rached), c'est parce qu'aucune demande n'a été formulée dans ce sens par les deux autorités compétentes précitées. Au sujet de la suspension de Béchir Akrémi et Taieb Rached de leur travail, le président du CSM a précisé qu'il s'agit d'une sanction disciplinaire et que l'inspection relevant du ministère de la Justice est la seule partie habilitée à trancher les dossiers disciplinaires. Concernant la suspension de l'adhésion du premier président de la cour de cassation au CSM, il a indiqué que cette décision revient à l'Assemblée plénière dont les membres (45) se réuniront dans les prochains jours pour, justement, examiner cette question. Le conseil de l'ordre judiciaire a décidé, mardi, de lever l'immunité au premier président de la Cour de cassation Taieb Rached et de charger le parquet près le Tribunal de première instance de Tunis, d'enquêter sur les fuites de données concernant des suspicions de crimes en rapport avec l'affaire Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ainsi que des suspicions de crimes de corruption financière et de terrorisme. De son côté, l'ancien procureur de la République Béchir Akrémi a démenti, catégoriquement, toutes les accusations qui lui ont été adressées par Taieb Rached. Il a expliqué avoir envoyé, le 23 novembre courant, deux correspondances au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et au Conseil de l'ordre judiciaire dans lesquelles il a réclamé la levée du devoir de réserve pour pouvoir répondre aux accusations et éclairer l'opinion publique. Des fuites ont été relayées récemment sur des médias et réseaux sociaux concernant une plainte émanant de l'ancien procureur de la république près le Tribunal de première instance de Tunis, et des accusations très " graves " portées contre le premier président de la Cour de Cassation. Ainsi va la justice en Tunisie. On se débat dans les circuits d'une législation et d'une administration rigide qui, parfois, dévie du chemin juste. Il y a des accusations de part et d'autre. Par conséquent, les effets doivent être les mêmes, puisque les deux parties ont enfreint « le serment du juge », en sortant de leur réserve, sans avoir obtenu l'autorisation des structures concernées... même si les accusations contre Akrémi qui a été muté de son poste sont plus graves et concernent la sécurité du pays. Mais, nos illustres magistrats auraient, peut-être, une autre idée de la justice.