Dans un court métrage des plus attachants, Wided Zoghlami met en scène son confinement dans un style fluide sur fond de clins d'œil au septième art. Comme beaucoup d'artistes s'étant retrouvés en mode confinement, la cinéaste Wided Zoghlami a pris son mal en patience et s'est plongée dans la réalisation d'un court métrage la mettant elle-même en regard avec l'actualité. "Demain, je danse", un film ludique et fouillé Ayant saisi l'opportunité de l'appel à candidatures lancé par la Fondation Kamel Lazaar en mars dernier, Zoghlami s'est lancée dans la création d'un film court avec les moyens du bord. Avec une caméra rudimentaire et un ordinateur portable pour le montage, elle a créé "Demain, je danse". Le film a bénéficié de l'appui de la dotation Culture Solidaire et a été réalisé en deux temps, trois mouvements. L'oeuvre est une pépite qui en une dizaine de minutes, nous balade dans l'intimité de la réalisatrice et l'histoire du cinéma. Fouillant dans ses placards, l'artiste découvre un tutu de danseuse qui lui sert de prétexte narratif. Derrière et devant la caméra, Wided Zoghlami s'engage alors dans une sarabande effrénée. Humour décapant, gestes du quotidien et jeux de rôle ponctuent "Demain, je danse". Avec des moyens dérisoires, Zoghlami recrée des séquences de films de Chaplin ou Sergio Leone. Elle revisite brièvement "Pulp Fiction" ou "Orange mécanique". Elle joue avec les images, les citations et la situation rocambolesque où elle embarque le spectateur. Très rythmé, le film se déroule comme un rêve de cinéma où chaque seconde compte. Entre réalité et imaginaire, le confinement d'une artiste est décortiqué par le menu et sans autre prétention que celle de raconter une histoire. Un exercice de style bourré de talent Zoghlami y réussit parfaitement, transformant un appartement en plateau, un frigidaire en refuge et un chat en interlocuteur. Beaucoup de spontanéité traverse ce film dont la dimension ludique jaillit à chaque séquence. Tout en constituant un indéniable exercice de style, "Demain, je danse" se laisse voir agréablement et souligne le savoir-faire de sa réalisatrice. On se prend même à se dire que cette fantaisie cinématographique pourrait durer quelques minutes de plus tant le rythme est enjoué et le propos limpide. Après ce film court et la sortie nationale de son long métrage "Fathallah TV", Wided Zoghlami ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Elle travaille actuellement sur l'écriture d'un nouvel opus et continue son pas de deux avec le cinéma. "Promis, demain je tourne" semble-t-elle nous dire avec un de ces clins d'oeil dont sa caméra a le secret. H.B