Ils se sont donné le mot et tout le monde s'y attendait. Les députés ont semé le holà à l'annonce du budget qui est destiné à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Sans rougir le moins du monde, ils claironnent que ce budget est insuffisant et qu'il leur faut plus. Pourtant, à voir ce qu'ils avaient accompli, durant l'année législative écoulée, depuis leur élection, ils devraient se cacher la face. Ils demandent aux citoyens de faire des sacrifices, afin que le pays sorte de la crise, mais ils n'en font aucun, parce qu'ils sont préoccupés de leur bien-être, uniquement, en profitant, aussi de leur immunité, pour imposer leur diktat, là où ils vont. C'est, vraiment, une argumentation rigolote dont ont fait usage les députés des différentes formations politiques qui « trônent » à l'ARP, en invoquant les conditions du travail, l'infrastructure, et même en évoquant que des fonctionnaires de l'Assemblée qui sont payés pour ne rien faire, comme l'a indiqué le fameux Seifeddine Makhlouf. Il suffit de voir la banalité des interventions des députés pour s'assurer que c'est la médiocrité pure et simple, surtout que certains se sont camouflés dans les demandes d'amélioration des conditions de travail. Un montant jugé faible Les interventions des députés ont été axées sur la faiblesse du montant de ce budget en comparaison avec les tâches du parlement et sa place dans le système politique issu de la Constitution de 2014. Et, si on voit les tâches qu'ils sont en train d'accomplir, on se rend compte qu'ils ne daignent, même pas, marquer leur présence, lorsqu'il s'agit de questions qui intéressent leurs électeurs. Et cela s'est vérifié avec le vote pour l'approbation du projet du budget complémentaire pour l'année 2020, avec, seulement, 85 voix pour, alors qu'il aurait fallu la majorité simple de 109 voix pour qu'il le soit... mais, nos illustres représentants n'ont pas cru bon d'attendre le vote. Regardons, en outre ces contestations de nos élus : La députée Farida Labidi a fait savoir que le budget de L'ARP n'est pas uniquement constitué des salaires des députés mais comprend également d'autres dépenses, à l'instar de celles relatives aux équipements, à la maintenance et aux agents, soulignant que l'action législative nécessite toutes les conditions nécessaires répondant aux besoins du parlement. Pourtant, elle ne savait pas de quoi pouvait avoir besoin le parlement, pour faire son travail. Le député Anouar Chahed a fait savoir que la diplomatie parlementaire est bloquée en raison du manque de financements, assurant que des économies peuvent être faîtes sur d'autres dépenses pour le recrutement de conseillers, sachant que le parlement n'a pas pu se procurer les finances nécessaires pour consulter des experts dans le cadre de la commission d'enquête relative à l'accident d'Amdoun. En réponse à ses doléances, pour l'accident d'Amdoun, on peut lui rappeler que les parents des victimes n'ont obtenu que des brindilles, bien qu'ils aient perdu des êtres chers. Ennahdha contre l'acceptation du budget Le député Mustapha Ben Ahmed a dit que la baisse du budget sera positive dans l'actuel contexte, mais constitue, toutefois, un signal indiquant que le parlement n'a pas l'intention d'améliorer sa situation et de développer les espaces consacrés aux groupes, ces espaces souffrant du manque d'équipements. Le fameux Noureddine Bhiri, cause principale de tous les malheurs de la Tunisie, a affirmé, dans son intervention, qu'il est impossible d'accepter ce budget qui ne permet pas aux députés d'assurer leurs missions législatives et de contrôle. Ainsi, il a le culot de demander des fonds pour l'ARP, alors qu'il est le principal instigateur de tout ce qui se passe de mal, dans le pays. Abir Moussi a, pour sa part, contesté le budget pour d'autres considérations. Elle a déclaré qu'il n'a pas été soumis à la conférence des présidents conformément à la loi organique et que son adoption serait une erreur de procédure. Bien sûr, la diabolisation n'a pas manqué dans cette mise en scène médiocre et le député Mohamed Zérig a estimé que le parlement "fait face à une campagne de dénigrement visant à nuire à l'expérience démocratique", déclarant que le député tunisien est "l'un des plus pauvres du monde" et ajoutant "nous ne demandons pas l'amélioration de notre situation matérielle, mais celle des conditions logistiques pour mener au mieux nos missions". Pauvres, nos députés, c'est, seulement, au niveau de l'esprit, surtout que depuis la Révolution, ils n'ont pas cherché à évoluer et qu'ils n'ont pas pris de leçons, afin d'être à la hauteur de leur mission. Et, là, c'est au tour de Seifeddine Makhlouf d'y aller avec ses principes destructeurs. Il a demandé d'auditer les fonctionnaires travaillant à l'ARP, car certains perçoivent un salaire sans travailler, s'interrogeant sur la question de protection des députés, relevant le manque de clarté concernant les marchés et certaines données pouvant être hissée au rang de crime et appelant à plus de transparence. La voix de la raison de Nabil Hajji Sahbi Atig, un autre député d'Ennahdha, a avancé que la "transition réalisée grâce à la Constitution n'a pas concerné l'ARP", expliquant que les améliorations apportées par la Constitution de 2014 au niveau du système politique ne transparaît pas dans le budget du parlement". Il a ajouté que le statut des agents remonte à l'époque du président Bourguiba et selon lui, "jusqu'à ce jour l'application de la loi d'indépendance financière et administrative du parlement n'a pas eu lieu". Ainsi, ce qu'il a, déjà, obtenu de la « Ghanima » ne lui suffit pas et il demande, encore, un peu plus, surtout que les membres de sa confréries composant le bureau de l'ARP doivent se faire payer grassement. Mais, il y a, aussi, la voix de la raison, dans cette ignoble, comme Nabil Hajji qui a notamment reconnu que le parlement "ne se hisse pas encore au statut d'une institution législative efficiente, parce qu'il ne dispose pas d'une vision et d'un plan stratégique d'action ». Il a, en outre critiqué l'initiative de ne pénaliser le député matériellement qu'après 6 absences. D'autres interventions ont pris l'allure de règlements de comptes entre groupes parlementaires, ce qui est honteux, surtout de la part de Samia Abbou qui a trouvé en Abir Moussi un souffre-douleur dont elle veut se débarrasser, puisqu'elle lui a pris la place dans la contestation. Pauvre Tunisie qui est mise entre les mains de pareils incompétents ! F.S.