La pandémie a mis le secteur culturel en Tunisie à rude épreuve. Des artistes et des professionnels des arts en sont conscients et nous nous emploierons à collecter leurs avis sur la question. Aujourd'hui, c'est Nissaf Ben Hafsia, comédienne tunisienne et directrice de la 22e édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC), qui nous en parle. Le Temps- La culture en temps de pandémie, est-ce un luxe ou une nécessité ? -Nissaf Ben HAFSIA : la culture n'est jamais un luxe, la culture est une nécessité vitale et une source essentielle de résilience. C'est vrai que La culture en général traverse une situation critique car de nombreux facteurs l'ont affectée, dont le plus important est l'état de santé général avec la propagation du virus Corona, notamment avec la diminution des activités culturelles depuis le début de 2020. Sans compter la faiblesse du budget alloué au ministère de la Culture par rapport aux exigences des activités et de la production théâtrales et cinématographiques. Il va sans dire que soin, l'entretien et la préservation des monuments, des livres et de la musique doivent entrer en ligne de compte, lorsqu'il s'agit de penser le budget de la culture. Idem, pour les arts plastiques. La situation fragile du créateur dans le monde, pas seulement en Tunisie, a été clairement démontrée à la lumière des crises et du bouleversement de son activité et de sa production. - Comment à votre avis, la culture a pu affecter le développement dans certains pays de part le monde ? - Je pourrais évoquer ici, l'exemple du théâtre en Allemagne qui a eu une incidence certaine, sur la construction et la prospérité de l'Etat. « Brecht » était un révolutionnaire par excellence, et son théâtre été l'arme la plus redoutable pour changer les mentalités. A chacune des représentations de ses pièces un élan révolutionnaire s'emparait de la salle qui débordait par la suite dans les rues de l'Allemagne parce que son théâtre signifiait l'éveil des peuples. - Quel rôle peut jouer l'intellectuel aujourd'hui ? - Le rôle de l'intellectuel aujourd'hui et tous les jours, c'est d'abord d'être conscient de la réalité de son pays. Qu'il soit la voix de la vérité et une conscience vivante, et qu'il porte des messages de réforme et d'éducation spéciale dans ce qui est destiné à l'enfant et à l'adolescent, la voix propre à l'intellectuel est celle de la conscientisation à ce qui fonde, les sens même de l'épanouissement culturelle du peuple. Selon vous, quel serait le profil idéal du prochain ministre des Affaires culturelles ? A mon sens, l'Etat doit miser davantage sur son ministère des Affaires culturelles, en augmentant d'abord son budget, afin qu'il puisse booster la créativité et encourager l'essor des arts et de la littérature comme serment et viatique de la construction des peuples et des grandes nations. Propos recueillis par L.C