Les députés contestent le budget faible alloué au département Adopté à la majorité des voix à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) au Bardo, le projet de budget du ministère des Affaires culturelles pour l'exercice 2019 a pourtant été largement critiqué par les élus du peuple. Avec une augmentation qui ne dépasse pas les 0,73 % du budget global de l'Etat, le budget 2019 est de l'avis de la plupart des élus insuffisant et en deçà des besoins réels du secteur. Ils ont contesté un budget faible alloué à la culture qui ne traduit pas les ambitions des professionnels, ne permet pas de réaliser les objectifs ni satisfaire les besoins du secteur culturel. Leila Weslati Bouslah (Ennahdha) a regretté «un faible budget alloué à la culture qui ne convient pas à la réalité dans une Tunisie post révolutionnaire». Le député Lakhdar Belhouchet a, quant à lui, admis le souci de l'actuel ministre à promouvoir la culture dans les régions. Cependant il a qualifié de «honteux» le montant du budget 2019. Le renforcement du partenariat public privé est selon certains élus une alternative qui permet de remédier à ce manque dans les ressources publiques du ministère des Affaires culturelles et par conséquent le secteur culturel en général. L'élu Abderraouf El May (indépendant) a appelé à la mise en place d'une politique culturelle qui prenne en compte l'avis de la diaspora tunisienne pour l'élaboration des programmes culturels dans le cadre de la diplomatie culturelle. Les débats sur le projet de budget 2019 du ministère des Affaires culturelles ont été ouverts par une intervention assez controversée de l'élu Fayçal Tebbini. Il a fait recours à des expressions jugées inadmissibles sous la coupole de l'Assemblée, par la plupart des élus intervenants dont le président de la séance à l'ARP. Tebbini a notamment condamné la politique de copinage et de ségrégation régionale au ministère. Il a contesté la gestion des structures et institutions en charge de la Cité de la culture en évoquant à ce sujet une mauvaise gestion dans le dossier des appels d'offres et les contrats non-illicites. Les dossiers brûlants sur lesquels ont porté les interventions des députés ont concerné la situation des sites historiques et archéologues laissés à l'abandon, la question des animateurs et contractuels dans le secteur culturel et les projets culturels en suspens dans les régions. Les élus ont appelé à revoir l'état des sites historiques délaissés et les richesses spoliées des sites et à finaliser la carte des sites historiques et hâter la mise en place des dispositifs qui permettent d'inscrire certains sites sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Une attention particulière a été portée pour les personnes à besoins spécifiques et la possibilité de les intégrer dans le développement culturel. La gestion et le cadre juridique qui régit la cité de la culture a également été parmi les points abordés par les élus. Ils se sont demandés sur l'apport réel des manifestations créées sous l'appellation de «Carthage» estimant que l'attribution inéquitable des budgets affecte les festivals et les manifestations régionales. L'état de la culture et du patrimoine dans les régions de Gafsa, Sfax, Nabeul et Ariana ont été largement abordés par les élus. L'élu Adnan Hajji (Front populaire) a soulevé le manque flagrant en équipements et activités culturelles à Gafsa et le contenu pas assez convaincant des festivals pourtant nombreux. Evoquant l'état des sites archéologiques dans la région du Cap Bon, Lamia Gharbi (parti Nida) a suggéré la création d'un secrétariat d'Etat chargé du dossier du patrimoine et des sites archéologiques. Pour Ridha Zghondi, les projets culturels et l'infrastructure dans la culture à Sfax ne répondent pas aux besoins de la capitale du Sud qui ne dispose pas de salles de cinéma et bénéficie d'un faible budget alloué aux instituts spécialisés (arts dramatiques, musique..) Le ministre des Affaires Culturelles, Mohamed Zine El Abidine, a, dans sa réponse, admis la réalité d'un faible budget estimant que ceci a toujours été le cas depuis l'indépendance. Il a défendu un plan stratégique culturel orienté vers les régions et un acquis tant attendu qui contribue au rayonnement de la culture tunisienne sur les plans national et international. Il a, par ailleurs, parlé de la fierté de voir concrétiser le rêve de pôles stratégiques à la Cité de la culture dont en particulier la cinémathèque tunisienne, le musée d'art moderne et contemporain et le théâtre de l'opéra.