La grève des magistrats se poursuit. Celle des médecins est à priori reportée. Le corps des journalistes quant à lui, a annulé la grève après un compromis avec le gouvernement. Tout au long des deux premières semaines du mois en cour, les mouvements de protestations sociales n'ont pas manqué la scène nationale. À l'échelle régionale, nombre de villes ont observé des grèves générales, sur fond de revendications sociales. À Kairouan, Béja, Jendouba et à Tataouine, il y a quelques, c'est la première centrale syndicale, qui avait appelé à la grève générale. Les revendications sont d'ordre économique et social, concernent l'emploi, le développement régional outre l'amélioration des conditions de vie. Ces revendications faisaient ainsi l'objet des mouvements de protestations spontanées observées dans quelques villes. Bouillonnements tous azimuts À la Skhira, gouvernorat de Sfax, la zone industrielle pétrochimique était bloquée pour quelques jours. À quelques dizaines de kilomètres, à Ghannouch gouvernorat de Gabes, la zone industrielle fut également fermée sur fonds de revendications sociales. La cartographie des tensions sociales fait également apparaître un blocage de la production du site pétrolier situé à la délégation d'El Ayoun. Les participants au sit-in de Doulab ont procédé à la fermeture de la vanne du pompage du pétrole du site. Ils contestent l'attitude de la compagnie pétrolière vis-à-vis ses engagements sociaux. Cette société exploitant le site propose des contrats précaires (contrat SIVP) aux protestataires. Au gouvernorat de Mahdia, plus précisément à la ville Chebba, les manifestations continuent. Les protestataires, contestent la décision de la Fédération Tunisienne de football, de dissoudre leurs club de football. Les supporters ont menacé d'une migration de masse vers les côtes italiennes. Des grèves sectorielles, aussi Le même constat est presque observé au niveau sectoriel. Les grèves sont partout. Les agents de la société Tunisienne d'électricité et de gaz (STEG) ont décrété une grève pour deux jours sur fond de revendications salariales. La grève n'a pourtant empêché les agents de procéder à des coupures d'électricité et de gaz auprès des citoyens. Même constat observé chez les agents de la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (SONEDE), dont les agents menacent actuellement d'entamer une grève ouverte. Deux semaines avant, les agents de la société Tunisienne des industries de raffinage ont observé une grève sut fond de revendications salariales. Les ingénieurs avaient fait de même, après l'appel lancé par l'Ordre. Quelques jours avant, c'était le tour des écoles primaires qui ont observé une grève des surveillants et des surveillants généraux, suite à l'appel de leur Fédération générale relevant de l'UGTT, et boycottent, actuellement, les examens. Parallèlement, les agents de de la société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) menacent d'entamer une grève ouverte suite à des revendications salariales. A vrai dire, les tensions sociales ne manquent pas en Tunisie. Les chiffres du Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux font apparaître que tout au long du mois de novembre 2020, le nombre des protestations atteint 871 manifestations dont 756 manifestations sont d'ordre anarchique. Le recours aux violences est de plus en plus observé auprès des autorités. Chaos à l'ARP Comme si cela ne suffit, les élus de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) attisent, pour leur part, les tensions, avec deux députés agressés physiquement. Samia Abou avait été mise à terre alors que son collègue Anouar Benchahed est blessé au niveau de la tête suite à une attaque des députés appartenant à la coalition islamiste Al Karama. Quelques jours après, la Tunisie vit de nouveau des tensions, de nature tribale cette fois-ci. Les affrontements observés à Ain Skhouna, au sud du pays, ont fait un mort et environ 70 blessés suites à des affrontements tribaux entre les habitants de Béni Khédache (gouvernorat de Médenine) et ceux de Douz (gouvernorat Kébili). Des affrontements qui ont poussé le Président de la République à se rendre sur place en compagnie avec des hauts responsables militaires. Kaïs Saïed a essayé de calmer les esprits. Serait-ce possible ? Quoi qu'il en soit, le pays se trouve ravagé par la gorgone sociale. Les tensions, les sit-ins, les grèves et le bocage des routes et des sites de production s'étendent pour toucher autant de secteurs. C'est la crise. Le gouvernorat de Gafsa est arrivé́ au premier rang des régions les plus protestataires tout au long du mois d'Octobre 2020 avec 195 mouvements de protestation enregistres, suivi par le gouvernorat de Tunis (151 mouvements de protestation), Kairouan (147), Sfax (82), Tataouine (80) et Sousse (59). Notons que l'augmentation des mouvements de protestation qui a été́ enregistrée durant le mois d'Octobre a eu lieu dans le gouvernorat de Tunis. Z.D.