Des planches du théâtre au cinéma, l'émotion est toujours là. Aussi grande. Al Harba, La fuite de Ghazi Zaghbani un film adapté du théâtre a été projeté en avant-première devant un public de connaisseurs, jeudi, à la Cité de la culture. Un film nécessaire sur la fragilité de l'être humain et des hasards de la vie, qui nous réservent des rencontres improbables, pour nous bousculer dans notre petit confort et nous faire réfléchir. Parce qu' ici ce sont deux personnages, un religieux et une prostituée que tout oppose qui apprennent à se connaitre. Ils renouent avec leur humanité pour se rapprocher, peut être bien s'aimer. Comme quoi personne ne peut échapper aux feux de l'amour qui brûlent tous ceux qui osent s'y rapprocher. Même pas un religieux qui tombe dans un parfait ‘'jeu de l'amour et du hasard''... malgré son interprétation de la religion qui contrôle et inhibe sa vie. Pas de discours sur la morale dans ce film qui ose. Et c'est tant mieux puisque le religieux un personnage protagoniste de La fuite, n'ira pas en enfer parce qu'il est tombé dans les bras d'une prostituée qui lui apprend le langage charnel des corps qui se touchent , se poussent et se découvrent davantage. Et si on aime moins cette scène où la sulfureuse Narjess ( Nadia Boussetta) tend la pomme à ce religieux pour symboliser ce péché originel et qui rend la femme responsable du châtiment de l'homme par la divinité, on aime beaucoup ce jeu charnel auquel se prête cette femme pour ramener vers elle un extrémiste religieux qui finit par succomber à son charme. Narjess le personnage que campe merveilleusement Nadia Boussetta est en fait une prostituée qui travaille dans une maison close et y occupe une chambre où elle reçoit ses clients. Cette fois-ci elle tombe sur un client pas comme les autres puisqu'elle découvre après une longue discussion engagée avec lui qu'il fuyait la police et qu'il a trouvé refuge dans ces lieux. L'idée en fait est bonne pour nous ramener à réfléchir sur notre relation avec les personnes qui réfléchissent d'une manière différente de la nôtre. Que peut devenir la morale quand on est des êtres humains qui s'aiment d'un amour contrarié charnel ou platonique ? Que deviennent nos relations humaines quand on est dominé par des codes sociaux et des manières à penser qui favorisent l'incompréhension et la méfiance ? C'est là toute la question, car il s'agit-là de bousculer le confort intellectuel de ceux qui croient à tort qu'ils détiennent la vérité. El Harba ou la fuite de Ghazi Zaghbani est un bon film où se mêlent aventures, quête initiatique, érotisme,... A voir dans les salles de cinéma à partir du 24 décembre 2020. M.B.G.