Alors que la conférence de presse, tenue mardi, touchait à sa fin, le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, a dû forcément oublier (ou pas ?) que les micros fonctionnaient toujours, au moment où il a refusé de communiquer ce qu'était venu lui « souffler » à l'oreille un membre de son cabinet : « Non, ce n'est guère le moment opportun. Ça risque de semer la panique ». Bien entendu, le ministre ne se doutait pas (ou si ?), à l'heure où il s'abstenait indiscrètement –merci micro !- de « vendre la mèche », que la panique se propageait déjà dans les rangs des Tunisiennes et des Tunisiens, à la vitesse d'une vidéo partagée sur le net. Loin de vouloir trop charger la mule, contentons-nous bien sûr d'«apprécier» à sa juste valeur cette énième bourde de communication qui s'ajoute au bêtisier, décidément bien garni, du ministère de la Santé (et pas que !) durant toute cette période de la corona-crise. A moins qu'il s'agit, évidemment, d'une mise en scène, de très mauvais goût s'il en est, que le ministère aurait eu la non moins mauvaise idée d'orchestrer, en vue de crier « plus efficacement » au loup, en jouant au chat et à la souris avec les Citoyennes et les Citoyens, pour attirer leur attention sur des dangers «occultes» qui les guettent. Des Citoyennes et des Citoyens, pas vraiment vigilants, il faut l'avouer, ces derniers temps. En réaction au tollé déclenché sur les réseaux sociaux, le ministre de la Santé s'est trouvé naturellement dans l'obligation de ressortir, le lendemain, dans les médias pour «lever le voile» sur les «non-dits» de sa conférence de presse. Faouzi Mehdi a reconnu qu'il a évité d'annoncer que les personnes en provenance des zones où la «nouvelle souche» du coronavirus a été détectée seront prochainement soumises au confinement obligatoire. «Nous ne savons pas encore exactement où cette souche a été détectée, nous ne voulions pas, par conséquent, semer la panique», s'est-il justifié. Selon le ministre, il est encore tôt pour annoncer ces nouvelles mesures, étant donné qu'il faut suivre l'avancement de la situation en coordination avec l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ne pas semer la panique En somme, toute une tempête dans un verre d'eau... D'abord, parce que, même si ces mesures ne sont pas encore décidées, le ministre aurait pu -et aurait dû- quand même en parler durant sa conférence de presse. Après tout, la «nouvelle souche» du virus se trouve actuellement au cœur des préoccupations de toutes les Citoyennes et tous les Citoyens du monde, pandémie universelle oblige. Ensuite, parce qu'on ne voit pas justement en quoi des «mesures pas encore décidées» concernant une nouvelle souche, pouvaient-elles provoquer une panique quelconque. Bien au contraire, c'est plutôt «le silence» du ministère qui aurait provoqué la panique. Et encore plus le fait de «cacher» qui est encore plus grave. Résultat : les Tunisiennes et les Tunisiens ont désormais l'impression que le ministère de la Santé, et par conséquent l'Etat tunisien, ne sait réellement pas sur quel pied danser, pour faire face à une menace universelle très actuelle, à savoir une variante apparemment plus rapide et plus efficace du coronavirus qui «circulerait» actuellement dans certains pays. Une variante, ou une «nouvelle souche», dont on ne connait pas grand-chose, et qui inquiète de toute façon le monde entier. Pour le reste, rappelons que le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, a souligné, chiffres à l'appui, «la gravité de la situation épidémique», indiquant que toutes les mesures sanitaires, actuellement en vigueur, seront maintenues jusqu'au 15 janvier 2021. «Tenant compte des recommandations du Comité scientifique de lutte contre la Covid-19 », le ministère a décidé, entre autres, de prolonger les mesures anti-Covid et de maintenir le couvre-feu et l'interdiction des déplacements entre les régions. Notons, par ailleurs, que le directeur de l'Institut Pasteur, Hechmi Louzir, a indiqué que «le vaccin actuel est efficace contre la nouvelle souche du virus et que les personnes ayant déjà été contaminées restent immunisées contre cette nouvelle souche». Des «affirmations» à prendre évidemment avec des pincettes, d'autant plus que cette «nouvelle souche» représente encore un véritable mystère pour les spécialistes du monde entier. A force de vouloir éviter, à tout prix, de «semer la panique», pas sûr que le ministère de la Santé se garde pour autant de... semer la zizanie. S.B.Y.