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Au nom de l'austerité
A la loupe : La facture energétique
Publié dans Le Temps le 08 - 01 - 2008

L'économie tunisienne est confrontée comme ses semblables à une hausse du prix du pétrole. Cette flambée de l'or noir a logiquement engendré une escalade des prix des autres matières de l'énergie (gaz, électricité,...). Il s'agit, en fait, d'un doublement de prix, en l'espace d'une année, se faisant démarquer sur différents plans. C'est une sorte de spirale infernale, une augmentation entraînant une autre.
Tous les opérateurs économiques ont été touchés, citoyens comme entreprises et administrations publiques. On parle d'un troisième « choc « pétrolier, après celui de 1974 et celui de 1979. Une véritable lutte a été engagée pour maintenir le taux d'inflation à un niveau de 4%. Cette inflation qui représente un handicap pour les pays en conjoncture continuelle. Tous les secteurs d'activités sont concernés, des solutions alternatives sont proposées, mais les chiffres restent alarmants.
Alors que le baril de pétrole frôle aujourd'hui les 100 dollars, en l'an 2003, il n'était que de 28,90 dollars. Malgré une valeur relativement inférieure de 68 dollars annoncée pour 2007, la moyenne pour cette année sera plutôt supérieure ; étant donné des cours qui titubent entre 90 et 98 dollars le baril.
La production mondiale est amputée de 0,4 à 0,5 point par une augmentation permanente du pétrole de 10 dollars. Certains s'inquiètent et craignent même les avaries enclenchées par cette flambée de prix qui affecteraient en l'occurrence les économies fragiles. Et la Tunisie en fait partie. Néanmoins, et contrairement aux attentes, ces économies s'en sortent plutôt pas mal. Elles révèlent une croissance plus solide (+ de 6% en 2007) que celle des économies européennes (+ de 2,5 %).
On pense généralement qu'un renchérissement du prix du pétrole implique uniquement l'augmentation du prix du litre de carburant. Autrement dit, seules les propriétaires de véhicules assumeront de tels « dégâts ». Hélas, les conséquences sont beaucoup plus étendues. La facture énergétique devient de plus en plus lourde (multipliée par 2,5 en cinq ans); tandis que les producteurs de pétroles, les raffineurs et les distributeurs s'enrichissent, le consommateur, lui, débourse des sommes importantes pour le carburant.
La Tunisie saura-t-elle rendre flexibles les effets pervers de la hausse du prix de l'or noir ? Saura-t-elle faire usage des moyens propices ?

Causes annoncées
Aucune économie n'a échappé aux retombées de l'envolée des cours du pétrole. Toutes devront remédier à des conséquences bien fâcheuses et à moindres coûts. Mais force est de prendre conscience des causes de cette flambée de prix afin de la contrer de façon optimale.
L'éléphantesque expansion de la Chine a fait en sorte de développer ses besoins en pétrole. Une forte demande est, dès lors, enclenchée sur le marché mondial. Selon la loi du marché, si la demande augmente, l'offre baisse et le prix s'élèvé. Le pétrole devient un bien rare.
Entre autres racines, la croissance solide des Etats-Unis, la progression chronique des marchés émergents et la performance remarquable des Européens et Japonais.
Ainsi une nouvelle configuration du marché s'est-elle créée. La demande dépasse nettement l'offre, et ne parvient pas à suivre la cadence de la demande de pétrole.
Evidement une hausse des prix engendrera de façon systématique une baisse de la demande. S'ajoutent à cela, la dégradation du dollar (les investisseurs hors zone dollar ont un pouvoir d'achat plus fort concernant les matières premières libellées en dollars), les crises politiques impliquant les producteurs de pétrole et la dépression de l'activité économique de l'Amérique.

Fourchettes
D'autres raisons sont derrières la flambée du prix de l'or noir. Il s'agit d'une fourchette de prix fixée par l'OPEP comprise entre 22 et 28 dollars à partir de mars 2000. Seulement en l'an 2005, cette fourchette a été abandonnée puisqu'elle n'est plus connectée aux prix du marché.
A l'avenant, il est question de l'éveil de la demande mondiale accompagné d'une remarquable réduction des capacités excédentaires de production (entre 2002 et 2003 de 6 à 1,8 millions de barils/jour en 2003 sans pouvoir se reconstituer depuis cette date). De même, des aléas conjoncturels sur le plan politique et climatique se sont multipliés, depuis l'année 2004.
En somme toute les tensions géopolitiques qui menacent l'approvisionnement en pétrole, l'augmentation de la demande émanant des pays émergeants (Chine, Inde, Moyen-Orient) et la faiblesse du dollar, sont derrière cette flambée de l'or noir.
Bien entendu, le prix des matières premières, outre le pétrole, a aussi augmenté. Le domaine de ces matières est papillonnant, risqué et manque de transparence, autant de facteurs qui appuient l'envolée des cours.
Certains échos laissent entendre que l'unique raison de l'escalade des prix de l'énergie est la limitation des ressources. En effet, les réserves s'épuisent : bon nombre d'experts estiment qu'il ne reste plus qu'une quarantaine d'année à l'exploitation du pétrole. De ce fait, les fournisseurs ne parviennent pas à répondre de la forte demande.

Payasage contrasté
Il semblerait que contre toute attente, la Tunisie ait profité de cette flambée du prix de pétrole. Comment ?
D'abord, à l'aube de l'année 2008, il est programmé le forage de 15 nouveaux puits. Cette résolution s'inscrit dans le cadre du développement des efforts de recherche et d'exploration de nouveaux gisements sur le territoire Tunisien.
Frappée par l'accroissement constant des cours du pétrole, la Tunisie a mis en place une stratégie, dont l'objectif est de consolider les efforts de recherche et d'exploration des différentes régions.
L'un des impératifs de cette stratégie est l'amplification de la production nationale ; ainsi que la multiplication du nombre des puits forés. L'investissement prévu pour cette opération jouxte les 275 MD.
Par ailleurs, les permis d'exploration attribués aux compagnies pétrolières sont passés de trois à six en 2007.
Ensuite, comme à l'accoutumé, plusieurs avantages d'ordre fiscal et des encouragements sont octroyés afin d'inciter les activités de recherche et d'exploration dans le pays.
Cela étonnerait d'ailleurs de voir que l'économie tunisienne n'ait subi que des répercussions positives. Mais celles négatives sont patentes, elles touchent aussi le budget de l'Etat et son développement.
A dire vrai, cette escalade de prix de l'or noir a pesé sur le budget de l'Etat. Pour colmater la brèche( et quelle brèche !), il va falloir faire des concessions, comme renoncer à certains projets ou certains plans même si leur degré d'importance n'est pas moindre que celui des autres. Seulement, il est impératif pour les responsables économiques et politiques de sacrifier un secteur au détriment de l'autre.
En fait, il est capital de prendre conscience des effets pervers de cette flambée. Il ne faut pas considérer l'augmentation permanente des prix de l'énergie comme habituelle et anodine. Il ne faut pas croire non plus que la production nationale pourrait suffire à contrer de tels contre-coups. Puisque les besoins en pétrole ne cessent d'évoluer, les dérivés du pétrole importés sont estimés à (72%) des besoins nationaux en gasoil, (58%) en essence, (90%) en GPL, et (100%) en kérosène.
En outre, la production nationale a alimenté les caisses de l'Etat à travers la fiscalité pétrolière et les ressources supplémentaires. De ce fait, les coûts pétroliers ont été compressés pour atteindre un taux de 45%.
Simultanément, les produits de consommation de base ont été la cible de l'escalade des prix des hydrocarbures. Ces produits en partie subventionnés par l'Etat tel que le pain, les huiles végétales et les céréales ont connu la même spirale.
Dans ce cas, c'est soit que le prix augmente soit que la quantité baisse. Effectivement, la hausse des prix ne peut pas être toujours appréciée par le consommateur. Donc, on réduit la quantité sans que cela ne soit «visible ». Certes, le consommateur n'est pas pour autant dupe, mais il préfère manger moins que de décaisser plus.
L'agriculture dépend beaucoup du pétrole. Certains des engrais synthétiques et des pesticides réclament une force motrice. Cette dernière a notamment besoin du pétrole pour fonctionner.
Il y a aussi la pétrochimie fournie, à partir du pétrole et du gaz naturel. Plus de 80 000 produits d'usage courant: plastiques, fibres synthétiques, polyéthylènes, styrènes, polymères, caoutchoucs synthétiques des pneus, asphalte des routes et des toits, détergents synthétiques, etc.
Le consommateur Tunisien ne prête pas tout à fait attention à ces données, pensant que tant qu'il n'est pas touché directement, il ne peut être concerné par de telles fluctuations.

Palliatifs
La question cruciale est la suivante : que faire pour remédier à de telles conséquences et accuser le coup avec de moindres dégâts ?
Dans ce volet, l'intervention des autorités de tutelle est orientée en deux segments: le sens direct et le sen indirect.
Concernant le sens direct, il y a l'allocation d'une prime de compensation des hydrocarbures, intégrée dans le budget de l'Etat. Il est question de 450 MD courant l'année 2007.
A ce niveau, le citoyen et l'entreprise sont aussi appelés à apporter leur contribution. Laquelle contribution se traduirait par l'intégration dans leurs budgets d'une fraction du coût supplémentaire induit par l'envolée des cours. Cette fraction avoisine les 35% du coût global supporté pat l'économie.
Par ailleurs, des décisions ont été prises, relatives à la promotion du secteur de l'énergie. Outre la prospection pétrolière, la promotion de nouvelles sources d'énergie (tel que le nucléaire) est de même escomptée. Mais encore, le renforcement des énergies renouvelables qui sont à prendre très au sérieux. Les filières du solaire thermique et de l'éolien, ainsi que celle de la production du biodiesel, ont été lancée.
Un total de 42 permis sont en cours de validité en l'an 2006. Ces permis afférents à la recherche et la prospection des puits de pétrole couvrent une superficie de 163.000 km2. 18 des puits ayant été forés ont apporté une assez belle compensation de la décadence d'El Borma et d'Ashtart que les arrêts de production des gisements d'El Bibane, de Didon et de Miskar, en travaux d'extension.
Par ailleurs, le gaz naturel a sensiblement augmenté autant du côté de l'extension du réseau de distribution, autant de celui du nombre des usagers (ménages et entreprise). En 2007, et durant les neuf premiers mois, plus de 50.000 nouveaux abonnés ont été raccordés au réseau. Le gaz naturel est, en effet, une matière plus économique et moins polluante que le pétrole. Il peut faire office d'énergie primaire, dont la consommation nationale est de 8 millions de TEP (tonnes équivalent pétrole), pour la production de l'électricité ; puisqu'il fournit 11,2% de l'électricité du pays. Les réserves de la Tunisie en matière de gaz naturel renferment un montant dépassant les 80 milliards de m3.
Concernant le sens indirect, les bénéfices de l'entreprise tunisienne des activités pétrolières (ETAP) qui découlent de sa participation dans multiples champs pétroliers ou gaziers, ainsi que toutes les portions de l'Etat induites par cette production ou par les redevances prélevées les gazoducs transitant par le territoire tunisien sont destinés à compenser la filière des hydrocarbures.
La majeure partie de ces ressources est cédée à la société de raffinerie du pétrole "STIR" et à la société tunisienne de l'électricité et du gaz (STEG) à des prix préférentiels estimés à 28 dinars le baril de pétrole, alors que le prix mondial s'élève à 98 dinars le baril ou encore 91 dinars la tonne équivalent pétrole (TEP) de gaz alors que le prix mondial est de l'ordre de 366 dinars.
A l'instar de ce schéma de compensation, les autorités publiques appellent à un comportement clairvoyant et rational dans la consommation d'énergie électrique et de carburant.
On incite à l'utilisation des énergies renouvelables, des produits de substitution, des produits énergétiquement économiques, à adopter de nouvelles attitudes au détriment de mauvaises habitudes.
En Europe, par exemple, une opération de recyclage a été mise en pratique. Il s'agit de recycler toute sorte de bouteilles en plastique, par le biais de la consignation. Ainsi, il n'y a plus de bouteilles jetées mais des bouteilles recyclées, d'où, l'économie du plastique.
En Tunisie, une opération un peu semblable a eu lieu, mais sans grand succès. Décidement, le citoyen tunisien s'accroche à ses vieilles habitudes, aussi nuisibles soient-elles.
L'envolée vertigineuse du prix du pétrole et autres matières d'énergie n'a pas touché que le domaine économique en Tunisie. Les cours continueront sans doute à fluctuer pour une hausse tendancielle, et le citoyen continuera à en parler. En parler seulement.
Le gouvernement de son côté enchaînera les mesures palliatives, de prévention et de promotion dans le secteur de l'énergie. Des efforts louables à vouloir estomper l'obscurité d'un paysage économique conjoncturel.
Polarisé par l'économie de l'énergie et en l'occurrence l'électricité, l'administration publique nous inflige une obscurité nocive. Faut-il vraiment passer par là ? Remédier à une flambée des prix de l'énergie sous-entend-il un dénuement total des besoins primaires comme l'éclairage dans les rues ? À quoi sert alors, l'argent du contribuable ?
Nadya B'CHIR LOUATI.

En chiffres
* Réduction de l'intensité énergitique de 1% par an durant la dernière décenie et plus de 2% au cours des trois dernières décennies et à découpler la croissance économique de la consommation de l'énergie.
* Une économie d'énergie de 700.000 TEP en 2007, soit une baisse de 10% par rapport à la consommation de la même année.
* La programme triennal de la maîtrise de l'énergie a concerné les 335 établissements grands consommateurs qui consomment plus de 70% de la part de l'industrie en énergie et qui sont assujettis à l'audit énergitique obligatoire.
* Les actions des ICGE ont permis en 2007 de réaliser 230.000 TEP d'économie, soit plus de 60% des économies engendrées par le programme triennal.
* Une action volontariste est mené concernant les capteurs solaires, l'année 2007 a enregistré l'installation de 60.000m2 contre 35.000 capteurs solaires installés en 2006 et 7000 m2 en 2004.
* Le réseau du gaz naturel approvisionne actuellement les 12 centrales électriques et prés de 360.000 abonnés contre 100.000 abonnés seulement en 2000.


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