Pour l'opinion publique, il n'y a pas photo, et le limogeage du ministre de l'Intérieur est considéré comme un épisode, dans le cadre de la lutte entre les trois têtes du pouvoir, surtout que Taoufik Charfeddine est considéré comme très proche du président Kaïs Saïed, puisqu'il avait dirigé sa campagne électorale. Même les justifications évoquées par le chef du gouvernement, Hichem Méchichi n'auraient pas été très convaincantes. D'autres problèmes vont jaillir de cette éviction, notamment celui de la nomination d'un nouveau ministre de l'intérieur, en cas de remaniement ministériel. La décision du limogeage du ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine visait à assurer le bon fonctionnement de l'institution sécuritaire et sa protection contre toute tentative d'infiltration, a précisé mercredi le chef du gouvernement, Hichem Méchichi. "Le ministre limogé, Taoufik Charfeddine a procédé à de nouvelles nominations et limogeages sans pour autant en revenir au chef du gouvernement", a-t-il justifié dans une déclaration aux médias à l'issue d'une réunion, au siège du département, avec les chefs des différents corps sécuritaires. Des explications peu convaincantes D'après Méchichi, toutes les nominations et limogeages, opérées à son insu ont été annulées. "Nous rejetons toute tentative de déstabilisation de l'institution sécuritaire", a-t-il lancé. Le ministère de l'Intérieur est allé plus loin et avait, aussi, annoncé jeudi avoir diligenté une enquête sur la fuite de documents sur les réseaux sociaux en relation avec son département. Dans un communiqué, le ministère a souligné qu'à la lumière de cette enquête qui va déterminer les responsabilités, des mesures seront prises contre toute personne dont son implication dans cette infraction sera prouvée. Selon des médias et sites électroniques, les documents fuités sur les réseaux sociaux portent sur des nominations sécuritaires décidées par le ministre de l'Intérieur limogé Taoufik Charfeddine. Une telle situation risque de ne pas calmer les appréhensions, avec le climat nauséabond qui règne sur la scène politique et, surtout, les pressions exercées par le mouvement islamiste Ennahdha, pour un remaniement ministériel, à sa mesure. Nombreux sont ceux qui imputent l'éviction à la visite effectuée, par le président de la République, Kaïs Saïed, au ministère de l'Intérieur, la veille du jour de l'an, et le cérémonial qui l'avait entourée. Déjà, l'ambiance est suspecte, avec le retour de certains visages du mouvement islamistes, dans les rouages des services sécuritaires, malgré toutes les suspicions qui entourent leurs agissements, lorsqu'ils étaient en poste. Et cela est mal interprété, même si le chef du gouvernement a des griefs contre le ministre limogé. Par ailleurs et le lendemain du limogeage de Taoufik Charfeddine, un nom émerge pour lui succéder à la tête du ministère de l'Intérieur après le court intermède de l'intérim du chef du gouvernement, selon notre confrère « Espace Ménager ». Un potentiel candidat au poste L'homme pressenti ne serait autre que Rached Ben Romdhane depuis peu conseiller du chef du gouvernement à la Kasbah. Agé de 52 ans, Il est énarque comme Méchichi, diplômé du cycle supérieur de l'ENA-Tunis et de l'ENA-Paris, il a fait l'essentiel de sa carrière dans les cabinets ministériels. Le candidat potentiel a été en 2014, chef de cabinet du secrétaire d'Etat chargé des Domaines de l'Etat, Karim Jamoussi, pour être, par la suite, chargé de mission puis chef de cabinet du ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, Zied Ladhaari. Il a exercé, après, les mêmes fonctions auprès du ministre des Affaires locales et de l'Environnement, Riadh Mouakhar. Nommé secrétaire général du gouvernement, Mouakhar le garde à ses côtés. Rached Ben Romdhane est depuis le 8 septembre 2020 conseiller auprès du chef du gouvernement Hichem Méchichi. En pareille période, on ne peut pas dissocier entre le vrai et le faux, et pour que ce candidat puisse accéder au poste de ministre de l'Intérieur, il faut bien qu'il y ait un remaniement ministériel qui doit avoir lieu le plus tôt possible, surtout que tout le monde est dans l'expectative et le gouvernement est en stand-by. Il faut que cela finisse et qu'on reprenne le travail, parce que la crise qui s'amplifie, de jour en jour, n'attend pas notre bon vouloir. Mais, cela n'est pas acquis, surtout que le président de la République a son mot à dire pour ce qui est des nominations des ministres pour les portefeuilles régaliens (Justice, défense et intérieur), et cela risque d'embourber davantage la situation, avec un gouvernement de gestion des affaires courantes et ce qui s'en suit au niveau des intérêts du pays. Des jours sombres s'annoncent et on n'a pas, encore, la chance de sortir de ce bourbier. F.S.