Malgré la réinstauration du système exceptionnel des deux semestres, la gestion de l'année scolaire en cours reste un vrai casse-tête sur fond d'aggravation récente de la crise sanitaire. D'un côté, le ministère de l'Education se contente d'insister, en empilant les communiqués laconiques, sur la nécessité de respecter les mesures sanitaires afin d'éviter d'éventuelles contaminations. De l'autre côté, enseignants, élèves, parents et syndicats fustigent –chacun à sa manière !- l'inertie et la « nonchalance » du ministère, vis-à-vis de la détérioration sans précédent de la situation épidémiologique, notamment en milieu scolaire, pointant du doigt, par là même, l'absence de mesures fermes et courageuses, sur fond de pénurie chronique d'équipements de prévention et de protection dans les établissements scolaires. Si la suspension des cours n'est pas vraiment à l'ordre du jour, du moins sur le plan « officiel», entendez côté ministère, il n'en reste pas moins que, l'absentéisme méthodique, autrement dit le boycott des cours, voire l'école buissonnière, tout court, représente, sur le terrain, une possibilité de plus en plus « envisagée», voire carrément pratiquée par les élèves, encouragée souvent par leurs parents, par peur de contamination. La seule explication à ce phénomène réside dans la gestion catastrophique de la pandémie en milieu scolaire, par les autorités de tutelle, qui ne peut qu'aiguillonner, en réalité, un sentiment d'insécurité sanitaire pour tout le monde dans les établissements scolaires. Spectre de l'année blanche Si, d'un côte, le ministère de l'Education redoute, bien sûr à raison, le spectre de l'année blanche, ou du moins d'un trimestre ou d'un semestre blanc, après l'inachèvement du programme de l'année dernière, confinement oblige, il n'en reste pas moins, là-aussi, que les enseignants, élèves et parents craignent, eux aussi à raison, une explosion de la contamination dans le milieu scolaire, qui reste, d'après d'aucuns, tout à fait évitable pour le moment, à condition de prendre à point les mesures qui s'imposent. Des mesures draconiennes, réclamées sans cesse par tout le monde, mais qui n'ont jamais été appliquées rigoureusement sur le terrain, non pas faute de volonté ni de ressources humaines, mais plutôt à cause d'un manque flagrant de moyens financiers et surtout d'une gestion administrative, pour le moins catastrophique, tant sur le plan national que régional et local. Dans ce contexte d'insécurité sanitaire et sur fond d'absentéisme de plus en plus manifeste et flagrant, le ministère de l'Education est sorti mercredi de son silence, non pas pour révéler des mesures concrètes de prévention, et encore moins pour annoncer des décisions fermes et efficaces, mais plutôt pour appeler les élèves... à ne pas manquer les cours ! Faisant la tournée des radios, le directeur général des programmes au ministère de l'Education a lancé un appel aux parents d'élèves afin qu'ils motivent leurs enfants et les encouragent à assister aux cours. « Chaque heure de cours est précieuse », a-t-il martelé là ou il a passé, expliquant que les élèves ne devraient pas sécher les cours, compte tenu de l'allègement du programme scolaire et de l'adoption du régime des groupes. Et d'ajouter que le ministère publiera prochainement le calendrier de contrôle continu et des examens pour les collèges et lycées, soulignant que des comités entreprendront prochainement la préparation du calendrier de l'enseignement primaire. Appel au confinement Vu le dernier bilan, faisant état pas moins de 5854 contaminations en milieu scolaire, pas sûr que les « appels » du ministère trouvent un quelconque écho auprès des élèves et des parents. Plus qu'à un simple appel à ne pas boycotter les cours, ceux-ci demandent plutôt des garanties et des mesures de prévention pour éviter une explosion très probable, vu les circonstances actuelles, de la contamination en milieu scolaire. De leur côté, les syndicats des enseignants ne croient plus visiblement à une quelconque intervention concrète et efficace de la part des autorités de tutelle. Pointant du doigt manque d'équipements dans les écoles et l'absence de protocole sanitaire même dans la capitale, ils on appelé, cette fois-ci et tout simplement, au confinement général. Dans un communiqué rendu public, la fédération générale de l'enseignement secondaire a appelé à observer un confinement général dans les jours à venir. Le syndicat pense que la situation épidémiologique est devenue tellement catastrophique que tout maintien des cours ne ferait que mettre en péril la santé des élèves et des enseignants. S.B.Y.