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Enseignement – Face à « l'inaction de l'Etat à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des élèves et du personnel éducatif »: Le bras de fer
Les dernières décisions annoncées par le gouvernement ont été reçues comme une douche froide par les différents syndicats de l'enseignement, qui appellent à la suspension des cours jusqu'à ce que la sécurité des élèves et du personnel éducatif soit garantie. En s'adressant aux Tunisiens samedi dernier, le Chef du gouvernement n'a pas annoncé la suspension des cours, il a même estimé que l'Etat doit garantir le droit à l'éducation à tous les Tunisiens. syndicats-autorités Pour les syndicats de l'enseignement, le droit à la sécurité est primordial, d'autant plus que les autorités peinent à décaisser les fonds nécessaires pour appliquer les protocoles sanitaires fixés par le ministère de l'Education lui-même. Face à cette situation de blocage, un bras de fer semble être engagé entre ces syndicats soucieux de la sécurité des élèves et du personnel éducatif et les autorités qui veulent garantir les droits des élèves, mais aussi la réussite de l'année scolaire en cours, et comme toujours ce sont ces élèves et leurs parents qui se trouvent entre le marteau et l'enclume. Face à ce qu'ils appellent l'inaction de l'Etat à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des élèves et du personnel éducatif, les syndicats de l'enseignement ont, dans un nouveau rebondissement, appelé à la suspension des cours demain vendredi. En effet, la Fédération générale de l'enseignement secondaire, qui mène ce bras de fer avec le gouvernement, a appelé tous les enseignants à l'arrêt des cours demain pendant une heure pour dénoncer le non-respect des engagements pris par le ministère de l'Education relatifs à la garantie du bon déroulement des cours. Un appel qui prend la forme d'une grève pour dénoncer l'absence de mesures de prévention contre le coronavirus dans le milieu scolaire. «L'application du protocole sanitaire est une condition sine qua non pour protéger le corps enseignant et les élèves contre l'épidémie», a plaidé la Fédération dans le même communiqué, dénonçant la négligence du ministère de l'Education et du gouvernement. Les structures syndicales relevant de ladite fédération et les enseignants sont appelées donc à quitter symboliquement les établissements éducatifs à 11h, tout en évitant tout rassemblement. Contacté par La Presse, le secrétaire général adjoint de la Fédération générale d'enseignement secondaire, Ahmed Mahouk, a expliqué qu'il s'agit d'une forme de protestation symbolique, ajoutant que les cours seront, après, assurés normalement et que la Fédération s'attache également au droit des élèves à l'éducation, mais tout en leur assurant un strict minimum de protection. «Aujourd'hui, nous avons des lycées pilotes qui sont privés d'eau potable, comment peut-on appliquer les protocoles sanitaires dans ces conditions ?», s'est-il interrogé, appelant le ministère à appuyer les budgets des établissements éducatifs pour équiper les élèves et les enseignants. A son tour, la Fédération de l'enseignement de base a menacé de suspendre les cours à l'échelle nationale, si «la partie ministérielle ne respecte pas ses engagements d'assurer les conditions de sécurité sanitaire dans les différents établissements éducatifs». Dans ce sens, cette structure syndicale a appelé les enseignants à boycotter les cours si une contamination est enregistrée parmi les élèves. La Fédération appelle également les enseignants à ne pas accéder à l'école en cas d'absence de désinfection et de thermomètre insistant sur le droit de ses adhérents à la bonne santé et la sécurité au travail. Les autorités catégoriques Pour les autorités, en dépit de toutes les critiques formulées par les syndicats mais aussi par certains parents d'élèves, il n'est pas question de suspendre les cours, car ceci fait fi des droits des Tunisiens à l'éducation et entraînera de grandes perturbations sur les programmes éducatifs. D'ailleurs, en annonçant les nouvelles mesures anticoronavirus, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a insisté sur la nécessité de garantir les droits des élèves à l'éducation. Pour sa part, le ministre de l'Education, Fethi Sellaouti, s'est montré plutôt rassurant quant à la situation sanitaire dans les établissements éducatifs, affirmant que le nombre d'écoles ayant fermé après avoir détecté des contaminations reste faible, soulignant que la situation actuelle n'est pas « aussi grave que certains le pensent ». Sauf que plusieurs cas de contamination par le coronavirus ont été enregistrés dans le milieu scolaire. Selon Fakhri Smiti, membre de la Fédération, plus de 500 contaminations ont été enregistrées parmi le personnel éducatif depuis la rentrée scolaire, ce qui met en péril, selon ses dires, la sécurité des enseignants exposés à tous les risques de contamination. Mais pour le directeur général de la planification et des études au ministère de l'Education, Bouzid Nciri, jusqu'au 28 septembre dernier, environ 289 cas ont été enregistrés dans différents établissements d'enseignement parmi les enseignants et les élèves. N'empêche que la situation sanitaire dans les établissements scolaires reste extrêmement fragile. Plusieurs écoles, lycées et collèges ont fermé leurs portes suite à la découverte de cas de contamination par ce virus. A Sousse, le gouvernorat a annoncé, avant de se rétracter, la suspension des cours pendant 14 jours. Le ministère de l'Education avait annoncé qu'il optera pour l'enseignement à distance, en cas de nécessité de fermeture des écoles, mais cette mesure demeure presque inapplicable dans certains gouvernorats de l'intérieur du pays au vu de la vétusté des infrastructures. D'ailleurs, plus de 400 établissements éducatifs sont privés d'eau potable dans ces conditions sanitaires.