p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Est-ce maintenant que l'on doit se raviser de conclure aux grands décalage entre une constitution glorifiée en 2014 et la réalité de l'exercice du pouvoir qu'elle était censée réguler ? Ah tiens, c'est aujourd'hui, et seulement aujourd'hui qu'on réalise que des mains invisibles ont présidé à la rédaction de cette constitution. Iyadh Ben Achour, professeur émérite de droit constitutionnel et qui a eu un rôle déterminant dans l'élaboration du texte constitutionnel consacrant l'avènement de la IIème République, admettait le 11 janvier dernier qu'il avait à choisir entre parlementarisme et présidentialisme : finalement, ses consultations l'auront mené droit vers ce panachage entre les deux et qui s'est révélé être hybride et ingérable. La problématique sort du domaine strictement pédagogique pour se heurter à une impossibilité politique. Une impossibilité pour les « trois présidences » (admirez l'euphémisme) à délimiter leurs respectifs champs de prérogatives. Au mieux, c'est l'affrontement. Au pire, c'est la tentation putschiste. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Au bout de ses compilations, et après avoir consulté les astres, Iyadh Ben Achour en est arrivé à la conclusion (dit-il) que c'est le régime parlementaire qui sied le mieux au pays. Un pays qui, il faut l'avouer, avait été toujours géré dans les contours d'un régime présidentiel s'étant très vite mu en personnification absolue du pouvoir. Soit. Sauf que, là, nous ne sommes ni dans l'un, ni dans l'autre. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Pas de nuances p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"chez le Président p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Aujourd'hui, et depuis le niet (jusqu'à l'écriture de ces lignes) opposé par le Président Saïed à la prestation du serment à Carthage de ceux parmi les ministres « proposés » par Méchichi sur lesquels pèseraient des soupçons de corruption, c'est véritablement l'impasse. Notons, au passage, que le Président ne fait pas dans la dentelle, ni qu'il fasse dans les nuances : présomptions de conflits d'intérêts et présomptions de corruption, il n'y va pas de main légère. A ses yeux, c'est du pareil au même. Et c'est comme s'il émettait un verdict sentencieux, et c'est comme si leurs implications dans « affaires » étaient établies. Peut-être aussi, traine-t-il encore, en son for intérieur, un petit traumatisme causé par un Chef du gouvernement (Elyès Fakhfakh) qu'il a résolument choisi, le sortant pratiquement de sa manche, et dont il s'est avéré par la suite qu'il était confondu dans des conflits d'intérêts. Il se peut même que le désaveu auquel a été contraint le Président en ce qui concerne Fakhfakh ne tînt pas spécifiquement à la renonciation à Fakhfakh lui-même. Mais plutôt, à la manière dont Ennahdha était en embuscade : elle était au fait de ce conflit d'intérêt, a quand même infléchi le vote de confiance pour son gouvernement, mais l'a aussitôt descendu en flammes pour peu qu'il n'acceptât pas que Qalb Tounes fût représenté dans son gouvernement. En l'occurrence, Fakhfakh ne faisait que se plier aux injonctions du Président : pas de corrompus dans le gouvernement. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Or, aujourd'hui le mot « corruption » est lamentablement banalisé. Au point qu'il n'est plus mis en équation. Ce n'est même plus une question d'éthique et de morale publique. Il représente bien la lame de fond d'un conflit institutionnel et, par-delà ce conflit institutionnel, un conflit entre personnes. En d'autres termes, qui aura la mainmise sur l'Etat. Un Etat du reste secoué par des crises sans précédent et dont on doute de la réelle capacité à relever des défis vitaux. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Il se trouve, cependant, que ce n'est pas de cette manière que Kaïs Saïed purifiera les mœurs politiques dans ce pays partout gangréné par la corruption. S'il est vrai que, dans son préambule, la constitution tunisienne annonce clairement l'impératif de la lutte contre la corruption-ce sur quoi se base formellement le Président- les mécanismes de cette lutte ne sont pas bien définis. En exemple, le Cour des comptes, dont le dernier rapport est accablant pour certains partis (dont Ennahdha) au niveau des financements, n'a pas de réelle force incisive. Pas plus que les organes de la transition démocratique n'aient encore vu le jour, en dehors d'une Instance Vérité et Dignité confiée à un électron libre telle Sihem Ben Sédrine et à ses réminiscences revanchardes. Plus que tout, que vaudrait une démocratie sans Tribunal constitutionnel ? p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"On dirait que cette constitution a été élaborée dans les contours d'un plan, d'un certain plan, comme une chaussure au pied d'Ennahdha. Une fureur islamiste et qui, dix ans après, ne s'est guère éteinte. Or, comme le dit Napoléon, « Aucun plan ne résiste au premier coup de feu ». Lotfi Zitoun, qui s'en est affranchi, ouvre encore le feu et écrit sur sa page Facebook qu'Ennahdha « balance entre le Civil et le Religieux ». p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Fuite en avant du Cheikh p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Aziz Krichène, ancien Directeur de cabinet de Moncef Marzouki, a été le premier à alerter quant à cette schizophrénie dans son ouvrage : « La promesse du printemps ». Si elle renonce au référentiel religieux, elle périt ; si elle épouse le référentiel civil, elle périt également. En bloc, cette transposition non littérale de sa réflexion renvoie à cette schizophrénie. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Ce que Rached Ghannouchi n'a cependant pas vu venir c'est la razzia électorale de Kaïs Saïed. Le glissement de fait vers un régime présidentiel. Et c'est précisément, en ces journées de hautes turbulences causées par le remaniement ministériel, que l'on mesure la force de frappe du Président. Et c'est là aussi que l'on se heurte encore aux syllogismes entre parlementarisme et présidentialisme. Les « pères fondateurs » de la constitution de la IIème République ont sanctifié l'élection du Président au suffrage universel. C'est donc le peuple. Or, dans les régimes parlementaires, le Président est élu soit par le Sénat, soit par la Chambre haute, dans un système bicaméral. De surcroît, qui peut évaluer la constitutionnalité des lois et autres procédures en l'absence de Tribunal constitutionnel, si ce n'est le Président de la république ? p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Les constitutionnalistes du pays sont d'accord là-dessus. Mais chacun a sa lecture propre du refus annoncé par le Président de recevoir les ministres dont il a, sans coup férir, annoncé l'implication dans « les affaires ». p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Et c'est là que Rached Ghannouchi jette de l'huile sur le feu. Dans son intervention sur la chaine arabe « Al Hadath » (via zoom) il déclare, sentencieux, que le régime doit maintenant changer et que cette confusion entre régime parlementaire et régime présidentiel doit cesser. Il enfonce même le clou, affirmant qu'en l'état actuel des choses le Président a juste un rôle symbolique et guère de rôle constitutif. Et, le must du must, c'est lorsqu'il enchaine disant que la corruption doit être établie par la Justice et par le Parlement. Par ricochet, par ses soins. Les réactions n'ont pas manqué, plus particulièrement celle de Mohsen Marzouk affirmant que ce qu'a dit Ghannouchi est l'expression putschiste. Il s'étale davantage, jugeant que le régime parlementaire exprime clairement la volonté des « Khwenjias » et des Frères musulmans. A ses yeux, c'est stratégique. Quelque part, il rejoint Abir Moussi dans ses thématiques. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Maintenant, il se pose une question lancinante : dans la guerre entre Saïed et Ghannouchi, le gouvernement Méchichi peut-il indéfiniment attendre pour se mettre en place ? Peut-il continuer à encaisser les coups des mouvements sociaux, pratiquement tous dirigés contre « le parlement nahdhaoui» ? Le peuple gronde. La police aussi. L'institution gouvernementale s'en retrouve handicapée. Et tout cela, parce que deux hommes exhument des recettes remontant à quatorze années-lumière. L'un, s'identifiant en le rigorisme du Calife Omar ; l'autre, déclarant aujourd'hui la guerre à l'apostasie politique, dans le pure stratégie d'Abou Bakr. En fait, on n'est pas sorti, dans un cas comme dans l'autre, de l'imaginaire religieux. Peut-être même que Saïed et Ghannouchi sont plus proches l'un de l'autre qu'on le croit. L'Etat attendra... p class="p4" style="text-align: right; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" p class="p5" style="text-align: right; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"R.K.