Le Temps-Agences - Le président américain George W. Bush a commencé hier une visite historique en Israël en affirmant sa volonté d'une "paix durable", mais aussi en tenant des propos sur "l'Etat juif" qui ont suscité de violentes critiques du Hamas palestinien. Dès son arrivée à l'aéroport Ben Gourion, près de Tel Aviv, pour la première visite en Israël de sa présidence débutée en 2001, M. Bush et les dirigeants israéliens venus l'accueillir, Shimon Peres et Ehud Olmert, ont affirmé la force de l'alliance entre les deux pays. Mais le président Peres a aussi énoncé l'autre préoccupation première au moment de recevoir M. Bush, en lançant une mise en garde vigoureuse à l'Iran. Reçu en grande pompe, M. Bush a évoqué le but de la première visite d'un président américain en Israël depuis 1998: favoriser avant la fin de sa présidence, dans un an, un accord de paix conduisant à la création d'un Etat palestinien coexistant en paix avec Israël. M. Bush, volontiers accusé de s'être désintéressé de la question pendant sept années, est arrivé précédé par un scepticisme largement répandu et des attentes de part et d'autre: les Palestiniens souhaitent qu'il fasse pression sur les Israéliens pour que cessent la colonisation et les raids; ces derniers, qu'il défende leurs intérêts. Un militant palestinien a été tué et quatre autres blessés hier dans une attaque de l'armée israélienne à Gaza, selon des sources médicales. Dans ce contexte, les propos de M. Bush sur un "Etat juif" ont retenu l'attention. "L'alliance entre nos deux pays contribue à garantir la sécurité d'Israël en tant qu'Etat juif", a-t-il dit. La Maison Blanche souligne que ce n'est pas la première fois que M. Bush parle "d'Etat juif". La question de la reconnaissance d'Israël comme "Etat juif" est cruciale dans les négociations entre Israéliens et Palestiniens, en particulier pour régler l'épineux différend sur le retour des réfugiés palestiniens. Mais le Hamas au pouvoir à Gaza ne l'a pas entendu de cette oreille. Ces déclarations "constituent une reconnaissance américaine du caractère juif de l'Etat de l'occupation. (Elles) équivalent à un soutien américain à la mise en place d'un régime d'apartheid dans notre région au détriment des droits du peuple palestinien", a déclaré le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri. "Ces déclarations graves trahissent les vrais objectifs de Bush qui est venu dans la région pour offrir davantage de soutien politique à l'occupant (..) sans tenir compte des intérêts de notre peuple", a-t-il dit. M. Bush a expliqué avant de partir qu'il comptait aider le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Olmert à faire la paix, et rallier le soutien fondamental des pays arabes à cet effort. Israël et la Cisjordanie ne sont que les premières étapes d'une tournée le conduisant jusqu'au 16 janvier au Koweït, à Bahreïn, aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite et en Egypte. Dans ces pays comme en Israël, il s'agit aussi pour M. Bush d'assurer que, malgré un retentissant rapport paraissant minimiser le péril nucléaire iranien, les Etats-Unis continuent à considérer la République islamique comme une "menace" et resteront engagés dans la sécurité de la région pétrolifère du Golfe. A peine M. Bush avait-il mis le pied sur le sol israélien que M. Peres évoquait le spectre iranien qui plane sur la visite, comme l'a rappelé un incident survenu ce weekend entre marines américaine et iranienne dans le Golfe. "L'Iran ne devrait pas sous-estimer notre détermination à nous défendre", a prévenu M. Peres. Il a appelé M. Bush à aider à "mettre un terme à la folie" de l'Iran, du Hezbollah libanais et du Hamas. Le conseiller de M. Bush à la sécurité nationale, Stephen Hadley, a dénoncé de son côté un acte "très provocateur" et averti les Iraniens que "si cela se reproduisait, ils devraient subir les conséquences d'un tel incident". M. Bush se partagera jusqu'à vendredi entre Israël et la Cisjordanie, évitant la bande de Gaza, l'autre territoire palestinien passé sous le contrôle du Hamas en juin. Dans une région parcourue de forts sentiments antiaméricains, Israël paraît a priori plus favorable à M. Bush. Mais plus de 11.000 policiers israéliens sont mobilisés pour l'opération "Ciel ouvert", nom de code de la visite, du jamais vu depuis la venue du pape Jean Paul II en 2000. Des quartiers entiers d'Al Qods sont fermés. L'armée israélienne a décrété le bouclage de la Cisjordanie.
Manifestations à Gaza Le Temps-Agences - Quelque 5.000 sympathisants du Hamas ont manifesté hier à Gaza contre la visite au Proche-orient du président américain George W. Bush, tandis que les responsables de l'Autorité palestinienne ont salué ce déplacement. Les militants et sympathisants du Mouvement pour la résistance islamique ont défilé dans les rues de Gaza en brûlant des effigies du président américain et du Premier ministre israélien Ehoud Olmert, ainsi que des drapeaux israéliens et américains. "Mort à l'Amérique!", scandait-on notamment dans la foule. D'autres rassemblements de moindre ampleur ont eu lieu dans la bande de Gaza, dont une manifestation de quelque 200 partisans du Fatah de Mahmoud Abbas. En Cisjordanie, le négociateur palestinien Saeb Erekat a souligné l'importance de la visite de M. Bush dans le cadre des négociations en cours. Par ailleurs, une vingtaine d'hommes en armes et masqués, revendiquant leur appartenance à un petit groupe islamique appelé "Armée de la nation", ont défilé à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza. C'est la première fois que ce groupe se manifeste au grand jour après avoir récemment revendiqué plusieurs tirs de roquettes et de mortiers contre Israël. Comme d'autres mouvements, l'Armée de la nation revendique sa proximité avec Al-Qaïda, mais un lien formel entre ces groupes et l'organisation terroriste reste difficile à établir.
Condoleezza Rice critique la "colonie" d'Har Homa à Al Qods-Est Le Temps-Agences - Les Etats-Unis considèrent le quartier israélien controversé d'Har Homa à Al Qods-Est comme une "colonie" à laquelle ils sont opposés, déclare la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice dans un entretien publié jeudi dans le "Jerusalem Post". Avec ces propos, Mme Rice semble soutenir la position des Palestiniens pour qui le projet israélien visant à de construire 300 nouveaux logements à Har Homa, où vivent déjà 7.000 Israéliens, est illégal. "Har Homa est une colonie à laquelle les Etats-Unis se sont opposés dès le début", affirme la chef de la diplomatie américaine au journal israélien. Les déclarations de Mme Rice interviennent alors que le président américain George W. Bush est arrivé ier en Israël pour une visite de trois jours visant à faire avancer le processus de paix israélo-palestinien. Les Palestiniens revendiquent l'ensemble de la Cisjordanie et Al Qods-Est -des territoires conquis par Israël en 1967- comme partie intégrante de l'Etat qu'ils aspirent à créer. Israël, qui a annexé la partie orientale d'Al Qods après la guerre des Six-Jours, ne considère pas les quartiers juifs qui s'y trouvent comme des colonies. Quelque 180.000 juifs israéliens vivent à Al Qods-Est, en plus des 270.000 colons juifs installés en Cisjordanie. "Les Etats-Unis ne font pas la différence" entre les activités de colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, précise Mme Rice dans l'entretien au "Jerusalem Post". Elle souligne que les engagements israéliens à geler les activités de colonisation concernent "l'activité de colonisation en général".