*Les circuits de distribution broyés par le marché noir La bourse internationale des céréales qui ne cesse d'enregistrer une hausse vertigineuse pèse lourd sur le débit des éleveurs tunisiens à cause l'augmentation des prix de l'alimentation des animaux. Les spéculateurs de cette matière vitale imposent leurs règles aux éleveurs qui sont obligés de payer les prix beaucoup plus cher que ceux pratiqués auparavant. Ils doivent également faire face à une pratique illégale ; le marché noir. Les éleveurs parlent même d'une crise d'où l'importance de mieux contrôler les circuits de distribution au niveau des régions pour gérer de manière efficace le problème.
Les marchés des matières premières agricoles connaissent, depuis quelques années une tension pour plusieurs raisons, dont les conditions climatiques défavorables à la production des céréales telles que la sècheresse en Australie. D'autres facteurs d'ordre structurel, à savoir l'augmentation de la demande dans les pays émergents et le changement du comportement alimentaire de quelques populations à l'instar des Chinois et des Indiens, ont provoqué l'envolée des cours des céréales. Pour résoudre le problème de la flambée des prix du pétrole, les pays producteurs de cette matière vitale, tels que les Etats-Unis d'Amérique ont opté pour le biocarburant. Ainsi, les conséquences de la mutation mondiale sont très lourdes sur les économies émergeantes et qui dépendent de l'importation, telles que la Tunisie. En effet, les éleveurs souffrent des pratiques illégales imposées par les spéculateurs des matières premières. Ils parlent même d'une crise qui risque de précariser le cheptel car, ils sont incapables de couvrir les dépenses en hausse continue. La spéculation au niveau des circuits de distribution est farouche. En fait, la tonne d'orge se pratique à 750 dinars dans quelques régions du pays. Le prix est presque multiplié par deux faute de contrôle des circuits de distribution et de transparence. Toujours dans le même cadre, les éleveurs doivent surmonter de manière continue une épreuve plus dure. Ils sont obligés de payer 540 dinars la tonne de concentré alors qu'ils l'achetaient à 170 dinars. Et ce n'est ne pas tout ; les circuits de distribution imposent des pratiques illégales aux simples agriculteurs. Ces derniers affirment qu'ils trouvent des difficultés à acheter cette matière vitale aux animaux en contrepartie, ils leurs proposent un autre aliment moins efficace. Il s'agit du son. Mais il ne faut pas s'en sentir pour autant rassurés ; la tonne peut atteindre les 380 dinars alors qu'elle doit se vendre au cours normal à 118 dinars.
Spéculation ardente Par ailleurs, les spéculateurs imposent aux éleveurs d'acheter en détail. Pour avoir la quantité suffisante, ces derniers doivent nouer de bons contacts avec les distributeurs. « La livraison se fait à domicile le soir mais à des tarifs plus chers », déclare un jeune éleveur qui ne cesse de déplorer haut et fort la hausse vertigineuse des prix imposés par le marché noir. Il ajoute dans ce cadre que des intrus profitent de ces circonstances pour déséquilibrer l'offre. Ce jeune trouve beaucoup de difficultés à couvrir ses dépenses, « puisque la vente du lait ne couvre pas les charges supplémentaires », explique-t-il. « Je pense même à réduire le nombre de bêtes », enchaîne le jeune éleveur.
Solutions immédiates L'alimentation pour le bétail est un vrai problème qui se pose dans le secteur. Pour résoudre le problème, les autorités de tutelle doivent intervenir de manière fiable et immédiate. Dans ce cadre, M. Karim Daoued, membre du Bureau Exécutif de l'UTAP, chargé de la production animale a insisté sur l'importance de « contrôler les circuits de distribution et d'assurer la transparence totale du réseau ». C'est l'une des solutions immédiates proposées par le représentant de l'UTAP qui a proposé par ailleurs d'avoir recours aux sous aliments de base tels que les déchets des dattes, des olives ou des produits industriels. M. Daoued a, également proposé de « diminuer les taxes et les droits de douane sur les produits importés de manière temporaire ». Il a proposé comme solution immédiate, la suppression de la TVA sur les aliments concentrés produits en Tunisie. « Il faut, en un mot, assurer l'approvisionnement tout en contrôlant les circuits et la qualité du produit », insiste-t-il. Tout de même, M. Daoued appelle les autorités de tutelle à concrétiser le programme de l'aliment de sauvegarde destiné aux petits ruminants. « Il s'agit du concentré d'entretien des animaux mais qu'on ne trouve pas de manière régulière sur tout le territoire national », toujours d'après la même source. Il faut expliquer aux éleveurs l'importance de cette alternative pour préserver le cheptel. Si nous devons faire face à cette problématique c'est à cause de la stratégie adoptée par l'Etat il y a quelques années et qui a misé sur l'importation des matières premières et des alimentations animales (maïs, soja..). Auparavant, cette procédure était plus rentable que la production locale de céréales, orge... Mais la donne a changé à cause de la hausse continue des prix sur le marché mondial. Il est urgent d'arrêter des solutions durables à long terme telles que la « valorisation des périmètres irrigués qui ne sont pas exploités convenablement », d'après M. Daoued. Il propose aussi de penser sérieusement à d'autres solutions alternatives dont, l'importation des sous produits du blé, du coton, de betterave... qui coûtent moins cher. Il est clair alors qu'il faut agir très rapidement à tous les niveaux pour assurer l'approvisionnement du marché local à court et à long termes.