A présent. J'opère un constat. Rien à voir avec la chirurgie ou la dissection. Ce constat est le suivant « les candidats à l'émigration sont de plus en plus nombreux ». Il y a ceux qui font plumer par des escrocs vendeurs de rêve, il y a ceux qui voyagent légalement avec un vrai visa, mais qui omettent de rentrer au pays préférant la clandestinité en Europe à la liberté au pays ; il y a ceux qui escamotent l'organigramme de l'orientation universitaire pour se retrouver dans un pays de l'Est, et il y a ceux qui, malheureusement défient la loi d'Archimède dont le principe est simple. Tout corps plongé dans un liquide reçoit une poussée de bas en haut égale au poids du volume d'eau déplacée. Cependant les candidats à la « Harka » sont plongés dans un liquide marin, et subissent une violente poussée chaotique, et après des heures d'immersion profonde ne refont plus surface. Ce premier constat me pousse à opérer un deuxième « ces candidats veulent émigrer ou quitter le pays » ce dilemme linguistique se pose quand je constate la présence de candidats ayant un statut et bénéficiant de tous les avantages sociaux assurés par l'Etat. Tous ces gens savent ce qu'ils quittent, mais ne savent pas ce qui les attend car malgré mon incompétence en sociologie et en économie je constate quand même la flambée des cours du bœuf, du poisson, de la volaille, du beurre, du logement, de l'énergie, et même des cours des cours. Je parle des cours particuliers maquillés en cours de rattrapage et qui altèrent le budget des parents. Certes, les conjonctures internationales n'arrangent pas la situation. Avec la flambée du prix du brut et des céréales, le Tunisien doit jongler pour arrondir ses fins du mois.
Un choix douloureux et illégal L'émigration est un choix douloureux, illégal mais nécessaire pour certains, et la solution sécuritaire est obligatoire mais pas suffisante. Pour des raisons économique et culturelle, ces candidats ne pouvant pas faire face à la réalité se cachent derrière des chimères. Ne pas oublier qu'en 1970 le prix du Baril de pétrole était de 1 Dollar et des poussières, alors qu'en 2008 il a atteint les 100 Dollars, ce qui explique les difficultés actuelles, aggravées par un vide culturel. Ces jeunes ne lisent plus. Tant mieux ou tant pis ! Les images sont moins nocives que les écrits mais si les images font réagir, les écrits par contre font réfléchir. Je termine par un dernier constat. N'oublions pas notre riche passé. Le 7 mai 1973 à Carthage, Bourguiba résumait et prophétisait ainsi la situation « j'ai mis en garde les responsables contre ce danger qui menace la société où l'ouvrier a conscience d'être frustré de son labeur. Comment vivre avec 18 dinars par mois ? Les dirigeants ont le devoir impérieux de se pencher avec sollicitude sur le sort des travailleurs pour qui, en Europe on construit des cités balnéaires où ils vont passer leurs vacances. Le parti devra considérer que l'ouvrier à l'égard de tout autre citoyen a sa dignité et que cette dignité doit être garantie par l'assurance d'une vie décente ». Et puis l'Ere nouvelle, le Président Ben Ali a sillonné le pays en long et en large pour que soient revalorisées les zones d'ombre, par le biais de la solidarité. C'est un combat continu.