Le 14 janvier 1952, une plainte du gouvernement tunisien fut présentée à l'ONU, contre l'Etat français pour atteinte à la souveraineté du pays et violation des droits des citoyens, où on pouvait lire entre autres : "Mr le président de l'assemblée générale de l'ONU. Nous avons l'honneur de vous prier d'enregistrer la plainte du gouvernement tunisien, concernant son différend avec le gouvernement français. ... Le gouvernement tunisien a exposé dans son mémoire du 31 octobre 1951 les conditions par lesquelles pourrait se réaliser l'autonomie interne, promise par la France, à savoir la constitution d'un gouvernement purement tunisien et d'une instance représentative tunisienne qui serait librement élue. Toutefois le gouvernement français y avait répondu par la négative par son mémoire du 15 décembre 1951. ... Le gouvernement français insista sur la nécessité d'une participation française dans les institutions tunisiennes". En réalité la France voulait garder une main mise sur le pouvoir en Tunisie. C'était ce qui faisait que certains Tunisiens, dont notamment Salah Ben Youssef, étaient tout à fait contre l'autonomie interne, même si le gouvernement français changea sa position, pour consentir à se retirer petit à petit des institutions tunisiennes. En attendant, ce mois de janvier 1952 était plein d'événements. De Hauteclocque, le nouveau Résident Général débarqua en Tunisie le 13 janvier 1952. Il fut envoyé à dessein pour semer la terreur dans le pays et procéder à de multiples sévices et exactions. Aussi des soulèvements avaient-ils eu lieu dans plusieurs régions de Tunisie, dont Bizerte suite au meeting tenu par le leader Habib Bourguiba. A ces soulèvements plusieurs femmes avaient participé et parmi elles certaines avaient été arrêtées et jugées, écopant de différentes peines de prison. Dans cette atmosphère tendue, fut organisé le quatrième congrès du Néo-Destour, auquel participèrent beaucoup de militants. Il fut organisé au siège social de la Fédération destourienne, et présidé par le militant Hédi Chaker. Tous les intervenants convenaient à persister et à persévérer dans la lutte jusqu'à la libération totale et définitive du pays. Le congrès se termina par une motion dans ce sens que les militants adressèrent au Résident Général Jean De Hauteclocque, lui demandant également la libération de tous les militants incarcérés à tort. Les jours suivants, soit du 19 au 25 janvier, furent organisées des manifestations au cours desquelles il y eut des affrontements entre manifestants et police qui se soldèrent par des morts et des blessés. La place Bab Souika était particulièrement concernée par ces événements et où certains gardent en mémoire ceux qui sont tombés sous les balles de la police française, qui tirait sans sommation et sur le tas, dont notamment le militant Abderrazzak Cheraïbi. Celui-ci fut inhumé trois jours après, au cimétière Sidi Yahyia où assista à ses obsèques un grand nombre de militants. Le 21 janvier 1952, le militant Hédi Chaker fut incarcéré ainsi que d'autres militants à Bab Souika à proximité du local du bureau exécutif du parti. Enfin, le 28 janvier 1952 fut un jour noir à Tazarka où plusieurs militants ont été abattus, outre les multiples sévices que subirent certains autres dont des enfants terrorisés et des femmes violées. Ces perturbations avaient atteint leur paroxysme, durant le résidanat de Jean De Hauteclocque et il ne put y avoir une certaine accalmie qu'après le départ de ce sanguinaire acharné.