Voilà, donc, comment le football tunisien est sommé de s'immoler sur l'autel du ridicule. Voilà comment les événements de cette CAN nous renvoient à la figure cette image piteuse de nous-mêmes ; ce profond dépit, contre-coup au nombrilisme coquin qui est le nôtre. Tous coupables ! Tous coupables d'avoir voulu et chercher à instrumentaliser cette sélection. A l'accabler de responsabilités trop lourdes pour elle. A l'investir de missions impossibles : cimenter le consensus sportif et, en même temps, subir des pesanteurs, des conflits de personnes, l'indolence d'un Bureau fédéral, dont le président est dépassé par les événements et les lubies d'un Lemerre labyrinthique. Mais, c'est surtout, cette coupable conspiration du silence qui fait mal. On nous a « ordonné » de ne guère déranger Sa Seigneurie, le sélectionneur national. C'est comme si l'attachement aux couleurs nationales devait alimenter une fébrile surenchère, sur fond de slogans creux et qui ne convainquent plus personne. Est-ce manquer de patriotisme que de dire que nous allions droit vers un camouflet ? Est-ce avoir du patriotisme à revendre que de laisser l'Equipe nationale aux mains d'un monsieur qui ne sait pas lui-même, ce qu'il est en train de faire ? Maintenant, MM. Sioud et Chemmam accusent l'arbitre. C'est pour le moins ridicule ! Plaçons, néanmoins, le discours sur un autre « terrain » : le bon sens. Peut-on laisser sur le banc, le meilleur latéral droit d'Afrique, Ben Frej ? Peut-on ne concéder que quelques minutes de jeu au meilleur joueur interclubs, Chermiti ? Peut-on, peut-on, peut-on... Une note réconfortante, néanmoins : M. Sioud qui se définissait « le commandant de bord », a eu l'extrême gentillesse de se déplacer à Tamale pour ramener la sélection !