Le Temps-Agences - Le président pakistanais, Pervez Musharraf, a adressé une mise en garde aux partis de l'opposition en leur enjoignant d'accepter les résultats des élections législatives de lundi prochain et de ne pas jouer la rue contre les urnes si ces dernières leur étaient défavorables. "Ils ne doivent pas être dans l'illusion qu'ils feront descendre les gens dans les rues après les élections. Aucune chose de la sorte ne sera autorisée", a-t-il dit lors d'un séminaire diffusé par la télévision publique. "Dans cette situation d'extrémisme et de terrorisme, nulle agitation, anarchie ou chaos ne peut être acceptable", a-t-il poursuivi. Musharraf, qui s'est emparé du pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat en 1999, a été réélu par les députés à la fin de l'année dernière pour un second mandat de cinq ans dans des circonstances jugées contraires à la constitution par l'opposition. Les élections de lundi, qui devaient initialement se tenir le 8 janvier mais ont été différées après l'assassinat de Benazir Bhutto le 27 décembre, renouvelleront l'Assemblée nationale et les quatre assemblées provinciales. L'opposition, qui pourrait engager une procédure de destitution si elle est majoritaire au parlement, accuse le gouvernement de vouloir truquer les urnes en faveur des alliés de Musharraf. "Ne montrez pas de l'arrogance, si vous gagnez, et montrez de la dignité, si vous perdez", a lancé le président pakistanais en balayant les critiques. "J'ai conscience du fait que ces élections doivent être libres, équitables et transparentes, et elles doivent être considérées comme libres, équitables, transparentes et pacifiques", a souligné Musharraf, ajoutant: "Le monde entier nous regarde." "Je garantis qu'elles seront libres et équitables", a-t-il martelé. L'instabilité grandissante au Pakistan, unique pays musulman doté du nucléaire, inquiète de plus en plus la communauté internationale et les Etats-Unis. "Nous sommes tous inquiets face au risque de violences", a déclaré la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, invitant Islamabad à garantir l'équité de la consultation. Le Parti du peuple pakistanais (PPP) de l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto, aujourd'hui conduit par son veuf Asif Ali Zardari, est donné favori pour remporter le plus grand nombre de sièges sur les 342 de l'Assemblée nationale. En début de semaine, Zardari a rencontré Nawaz Sharif, le Premier ministre renversé par Musharraf lors du coup d'Etat de 1999. Zardari a déclaré, sans plus de détails, que le PPP recourrait à tous les moyens pour protester contre des élections truquées. Le nouveau chef de file du PPP s'est adressé à la foule hier lors d'un rassemblement à Faisalabad. "Le 18 février, vous devrez choisir entre eux qui ont cassé le Pakistan et ceux qui peuvent le sauver", a-t-il déclaré, protégé par un vitrage anti-balles, à une foule de 6.000 personnes dans la ville industrielle de la province du Punjab. Musharraf a décrit le scrutin de lundi comme "la mère de toutes les élections" et exhorté les instituts de sondage internationaux à ne pas "inciter aux troubles" en préjugeant des résultats. La BBC a diffusé hier un sondage selon lequel près des deux tiers des Pakistanais estiment qu'une démission rapide du président Pervez Musharraf permettrait d'améliorer la sécurité dans le pays.