A cette époque où le colonialisme battait son plein en Tunisie tout autant qu'en l'Algérie et au Maroc, les organisations de jeunesse foisonnaient, mais elles étaient solidaires et militaient pour un seul but : la libération du pays. Elles constituaient ainsi une sorte de front que redoutaient les autorités coloniales. Il y avait la jeunesse destourienne dont le rôle était non seulement politique, consistant à former des jeunes militants, mais également social par le fait de récupérer ceux parmi les jeunes qui au comble du désœuvrement avaient tendance à sombrer dans la délinquance. La jeunesse zeïtounienne quant à elle, représentait les étudiants de l'université de la Mosquée Ezzeïtouna qui s'était constituée en 1950 sous le nom de "SAOUT ATTALIB" (la voix de l'étudiant). Cette organisation ayant pour but de défendre les intérêts des étudiants Zeïtouniens, avait constitué au fil du temps, avec la jeunesse destourienne, une base importante de militantisme. Par ailleurs, plusieurs autres organisations culturelles de jeunesse, n'hésitaient pas à descendre dans la rue pour prendre part aux différentes manifestations contre les exactions de l'occupant. La fête internationale de la jeunesse démocratique était une manifestation qui avait bien annuellement au mois de février, et qui réunissait toutes les organisations de jeunesse, fussent-elles à caractère politique social ou estudiantin. Le quotidien Annahdha avait fait paraître à cette occasion un article en date du 19 février 1949 à cette occasion dans lequel son auteur déplorait une certaine tension entre quelques organisations notamment entre la jeunesse destourienne et la jeunesse communiste. Une difficulté se présentait en effet quant à l'ordre du jour pour cette rencontre du mois de février 1949. Les organisations de jeunesse communiste estimaient que le problème crucial et primordial concernait les exactions des autorités coloniales. Il avait de ce fait une priorité sur le problème palestinien pour lequel il fallait consacrer une rencontre à part. La jeunesse destourienne interpréta cette attitude comme étant une position pro sioniste. Dans cette rencontre du 21 février 1949 de la jeunesse démocratique le militant Ali Belhouane qui représentait la jeunesse destourienne était entré en polémique avec le représentant de la jeunesse musulmane à ce propos. Celui-ci estimait qu'il était impératif d'évoquer le problème palestinien la jeunesse palestinienne devant être représentée dans une pareille occasion. Cependant, Ali Belhouane estimait qu'il y avait priorité au problème du colonialisme. Ce qui fut interprété par la jeunesse musulmane en tant qu'attitude pro-américaine. Les représentants de cette organisation avaient fini par se retirer, pour organiser une rencontre quelques jours après à la salle des fêtes du lycée Carnot, où avaient assisté toutefois quatre représentants de la jeunesse destourienne dont notamment le militant Hédi Nouira, ainsi que des membres de l'organisation de jeunesse Zeïtounienne. Le même journal Annahdha, écrivait quelques jours après dans son tirage du 27 février 1949 à ce propos. "Le lundi 21 février 1949, les représentants de la jeunesse musulmane s'étaient réunis à la salle des fêtes du lycée Carnot, pour célébrer la journée internationale de la Jeunesse. Avaient assisté à cette rencontre plusieurs personnalités militantes, ainsi que des hommes de lettres et des poètes tels que Mustapha Khraïef qui participa par un poème où il évoqua les problèmes qu'endurent la jeunesse arabe et musulmane, cette rencontre a été une réussite totale ! Cependant les dissensions qui existaient entre les différentes organisations de jeunesse qui concernaient des problèmes de forme ou de stratégie, allaient se résorber, pour laisser place à la solidarité entre tous les mouvements de jeunesse pour un but commun l'intérêt du pays.