Les gens niais sont une proie facile pour les délinquants qui leur racontent n'importe quoi, avant de leur faire passer des vessies pour des lanternes, quitte par la suite à les faire suffisamment lanterner jusqu'au moment où ils s'aperçoivent finalement qu'ils ont été purement et simplement bernés. Mais c'est alors trop tard ! C'est le cas de ce père de famille qui cherchait par tous les moyens à aider son fils aîné, chômeur depuis belle lurette bien qu'il soit diplômé de l'université. Le fiston avait ras-le-bol de l'oisiveté dans laquelle il pataugeait, malgré toutes ses tentatives de trouver un emploi. De guerre lasse, il songea à s'expatrier. Toutefois ce n'était pas chose aisée, car il faut au préalable obtenir le fameux visa. Il fit donc appel à son père que le hasard mit sur son chemin une dame d'un âge avancé, rompue depuis sa prime jeunesse à l'escroquerie qui lui valut, d'ailleurs, d'effectuer de nombreux séjours à l'ombre. Ravie de l'aubaine, elle lui promit monts et merveilles, le rassurant du coup sur la réussite de l'opération. En effet, elle lui inventa une histoire puisée dans son imaginaire fécond, en lui racontant qu'un de ses neveux résidant en France était fort capable de lui procurer le visa nécessaire au voyage dans l'Hexagone, à condition de le monnayer. Le marché a été rapidement conclu à deux mille dinars que la vieille dame a empoché rubis sur ongle, en promettant de s'employer avec célérité. Les semaines s'écoulèrent et la délinquante s'éclipsa, au grand dam de la victime qui tenta vainement de prendre contact avec elle. Ne voyant rien venir, il réalisa avec résignation qu'il a été l'objet d'une escroquerie pure et simple. Son seul refuge était alors le poste de police de Bab Souika où il déposa plainte. Recherchée, un certain temps, l'accusée finit par être arrêtée. Passant aux aveux, elle regretta amèrement avoir renoué avec l'escroquerie dont elle avait fait sa principale activité durant sa jeunesse. Devant le tribunal de première instance de Tunis, elle fit volte-face indiquant, à l'occasion, avoir seulement emprunté les deux mille dinars au plaignant pour subir une opération chirurgicale et qu'elle est prête à les rembourser selon un échéancier qui tient compte de sa modeste pension de réversion. La cour s'est retirée pour rendre son jugement.