Après la flambée des cours de l'or noir, l'économie tunisienne est soumise à d'autres aléas exogènes dont notamment l'envolée des prix internationaux des matières premières et le choc céréalier. Une nouvelle donne vient alors étouffer la Caisse Nationale de Compensation. Près d'un milliard de dinars de subventions aux produits pétroliers et aux produits de base sera alloué au titre de l'année 2008. Une enveloppe consistante qui pèse sur l'équilibre budgétaire et sur le compte courant de l'Etat. Comment peut-on sortir de l'impasse et limiter la flambée spéculative des céréales?. Peut-on prévoir d'autres ajustements des prix pour les matières premières et, plus précisément, pour les produits alimentaires ou encore des plans de secours et des restrictions quantitatives permettant de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs et de maîtriser les coûts de revient des éleveurs et fabricants de produits alimentaires?. Le choc céréalier et l'envolée des prix internationaux des produits de base ont annoncé le début d'un cataclysme pour les pays les plus pauvres et sonné l'alarme pour les autres pays producteurs mais surtout importateurs de céréales, de blé, d'orge... Pour les pays importateurs comme la Tunisie, la flambée des prix internationaux du blé, qui ont enregistré en janvier 2008 une croissance de 83% par rapport à la même période de l'année précédente, risquent de voir leurs balances commerciales se détériorer davantage. Ce n'est pas tout, dans la mesure où toute augmentation des prix se répercutera sur la balance budgétaire de l'Etat, sur la balance des paiements, sur les indices des prix à la consommation, sur le compte courant et donc sur le rythme de la croissance et d'investissements productifs. Les prévisions du Fonds Monétaire International tablent sur une légère baisse du Produit Intérieur Brut réel de la Tunisie pour s'établir à 5,7% en 2008 contre 6,3% réalisé en 2007 (ce qui n'est pas mal malgré cette conjoncture) et sur un accroissement de l'indice des prix à la consommation pour s'établir à 4% vers la fin de l'année en cours. La persistance des cours élevés du pétrole et des matières premières aura des conséquences non négligeables sur les grandeurs économiques. La hausse prévue dans l'importation des céréales pèsera lourdement sur la balance commerciale du pays et engendrera un petit affaiblissement du compte courant estimé à 2,7% du PIB en 2008. Pour contrer les répercussions néfastes liées à la nouvelle donne internationale, l'Etat tunisien s'attelle à prendre les dispositions nécessaires contre toute pénurie de stocks, majoration des prix nationaux, détérioration du pouvoir d'achat et préjudice pour les éleveurs et producteurs. Pour éviter toute pénurie de stocks et assurer un approvisionnement stable du marché tunisien en produits de base, la Tunisie vient d'acheter 42000 tonnes de blé meunier. Jusqu'à présent et hormis l'allégement du poids du « gros pain » dont le prix est subventionné par l'Etat, aucun ajustement à la hausse des prix du pain n'a été enregistré et ce depuis plus de trois ans. Aucune déclaration officielle n'a été formulée dans le sens de réajustement ou de restriction quantitative. Le système de subvention des prix sera maintenu et le Trésor public continuera de prendre en charge la différence des prix. Peut-être ira-t-on inévitablement pour quelques petits ajustements des prix des produits alimentaires à base de céréales. Selon quelques indiscrétions, les boulangers recevraient des quotas bien définis. Mais, au bout du compte, sur le plan social, les Tunisiens ne béniront jamais assez la caisse de compensation.