Erekat annonce que les négociations palestino-israéliennes resteraient gelées pour le moment Le Temps-Agences - Les troupes israéliennes se sont retirées de la bande de Gaza après un appel de Washington à mettre fin à cinq jours d'une offensive qui a fait plus de 100 morts côté palestinien. Les islamistes du Hamas, qui contrôlent cette bande côtière, ont clamé "victoire" et juré de continuer les tirs de roquettes sur le territoire israélien. C'est d'ailleurs ce qu'ils ont fait en visant la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, peu après le retrait de l'armée israéliennel. Une personne a été blessée. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a assuré que malgré l'arrêt de l'opération, Israël continuerait d'intervenir dans la bande de Gaza jusqu'à ce que les tirs de roquettes aient considérablement diminué. "Nous n'entendons pas faire preuve de tolérance, un point c'est tout. Nous riposterons", a dit Olmert. De source gouvernementale israélienne, on évoque désormais une "pause de deux jours" coïncidant avec la venue de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, attendue aujourd'hui et demain à Al Qods et Ramallah pour de nouveaux entretiens sur les négociations israélo-palestiniennes. S'exprimant après le retrait israélien, le négociateur palestinien Saëb Erekat a déclaré que les négociations palestino-israéliennes, dont Washington espère voir sortir un accord sur l'avènement d'un Etat palestinien d'ici la fin de l'année, resteraient gelées pour le moment. "Nous travaillons d'arrache-pied pour obtenir un calme total, une cessation complète des hostilités. Nous voulons nous assurer que ce qui s'est produit ne recommencera pas", a-t-il dit. L'offensive contre la bande de Gaza, que le Hamas contrôle depuis juin dernier, a conduit le président palestinien, Mahmoud Abbas, à suspendre les négociations avec Israël. S'adressant à des membres de sa formation centriste, Kadima, Olmert a dit son espoir de poursuivre les négociations avec Abbas, mais, a-t-il continué, "aucune circonstance ne nous empêchera de riposter à la terreur venant de Gaza". Dans la ville de Gaza, des milliers de sympathisants du Hamas sont descendus dans les rues pour fêter le retrait des troupes israéliennes. "Les envahisseurs ont fui et l'armée des Juifs a été vaincue", scandait la foule. Un conseil de sécurité est prévu demain en Israël pour définir les prochaines décisions du gouvernement Olmert. Le porte-parole de la diplomatie européenne Javier Solana, qui a rencontré hier des dirigeants israéliens, a déclaré par la suite: "Pour nous, Européens, il est très important dorénavant de maintenir la possibilité d'un processus de paix." "Je sais que cela paraît un peu trop optimiste par les temps que nous vivons", a-t-il reconnu. Selon le ministère palestinien de la Santé, 116 Palestiniens ont péri depuis mercredi dernier. Des groupes activistes précisent que les civils représentent la moitié des victimes, parmi lesquelles des femmes et des enfants. Le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, a avancé un bilan de 110 morts et de 350 blessés et parlé d'une situation "sans précédent depuis la guerre d'occupation israélienne de 1967". L'Etat israélien, dont deux soldats ont péri dans l'offensive, affirme avoir visé les sites où le Hamas et ses alliés assemblent, stockent et lancent les roquettes qui tombent dans le sud d'Israël depuis plus d'un an. L'un de ces engins a tué mercredi un civil israélien. L'opération israélienne a également déclenché les vives protestations des Etats arabes ainsi que plusieurs condamnations de la communauté internationale. "Il n'y a pas de solution militaire et il faut de la sagesse et des pourparlers", a déclaré de son côté le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'Onu, a condamné Israël pour un recours à une "force excessive" et appelé les Palestiniens à cesser les tirs de roquette. Quant à Louise Arbour, Haut commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, elle a invité Israël à mener une enquête "impartiale" sur les décès de Palestiniens pendant son offensive dans la bande de Gaza. Elle a, dans le même temps, condamné les tirs de roquettes.