* Une localité de 35 mille habitants et comptant plus de 1500 diplômés du supérieur sans emploi Om Larayès, cette petite ville minière, riche en phosphate qui se situe à plus de 70 km de Gafsa, semble retrouver son calme après les événements qui l'ont secoué dernièrement à l'instar de Metlaoui et Redayef. Mais réellement, les signes de contestation sont encore là. Il suffit tout simplement d'évoquer le sujet avec les citoyens (femmes, adultes ou jeunes) pour savoir que le problème du chômage et de la création de poste d'emploi dans la zone n'a pas été résolu définitivement. En effet, presque une quarantaine de jeunes diplômés du supérieur continuent à résider dans une tente dressée au siège de l'UGTT depuis le 25 janvier dernier. Ils revendiquent des solutions radicales et durables comme ils appellent à plus de transparence dans les opérations de recrutement à la Compagnie de Phosphate de Gafsa, (CPG), premier employeur dans la région. Notre visite à Om Larayès fut entravée de quelques obstacles, toutefois, nous avons fait de sorte à parler avec les citoyens de la ville qui trouvent de la peine à joindre les deux bouts. Om Larayès, Redayeff, ou Metlaoui, sont devenus dernièrement des passages obligatoires pour les visiteurs de la région de Gafsa, plus particulièrement après les événements de contestation contre le manque de transparence de recrutement à la CPG. Ils continuent, en fait, à faire écho depuis le mois de janvier. Ainsi avons-nous saisi l'opportunité pour visiter Om Larayès et avoir une idée sur les préoccupations des citoyens ; jeunes, adultes... Dimanche, 9 heures trente du matin. A la station de Ç louages È à Metaloui, les chauffeurs font la chasse aux passagers qui se font rares en ce jour de repos. Mais nous sommes obligés de patienter. Après plus de trente minutes, le chauffeur démarre, destination Om Larayès. Traversant le centre ville, la voiture prend la route par une étroite rue tout en côtoyant les installations de la Compagnie de Phosphate de Gafsa, laverie, chaînes de transport de phosphate... Nous avons mis une trentaine de minutes pour arriver à destination, une ville calme même monotone bien que ce fût le jour du souk hebdomadaire. Les commençants exposaient leurs produits sur la chaussée. Les clients qui font leurs provisions et les jeunes garçons, n'ont pas réussi à animer le centre ville. Il est clair que l'activité économique n'est pas dynamique à Om Larayès car elle dépend entièrement du phosphate. Difficultés de travail Là où le bât blesse, cette richesse naturelle ne réussit pas à offrir des bonnes conditions de vie aux 35 mille habitants, car 600 pères ou responsables de familles seulement travaillent dans la CPG. Alors que le nombre de jeunes chômeurs qualifiés ou non est en augmentation continue ces dernières années. En effet, plus de 1500 diplômés du supérieur trouvent de la peine à décrocher un travail dans cette zone, car Ç il n'existe aucun projet économique susceptible d'offrir des opportunités dans le domaine È, d'après Samira, mère qui se soucie de l'avenir de ses enfants. Si le problème du chômage ne se pose pas réellement pour les enfants de cette dame, il n'en est pas de même pour plusieurs jeunes même adultes. En effet, Mohamed Salah, titulaire d'une maîtrise en Littérature arabe depuis 1999 n'a pas réussi à avoir un poste d'emploi fixe dans sa spécialité ou même une source de revenu dans un autre domaine. Il rallie aujourd'hui ses homologues qui revendiquent des solutions radicales dans la région. Ç J'ai fait plusieurs tentatives pour décrocher un poste d'emploi fixe mais vainement. Je passe à chaque fois le concours du CAPES mais sans résultat È, témoigne le jeune homme qui ne perd espoir. Il déclare qu'il a même essayé de développer une activité commerciale, mais que faute de moyens le projet a fait faillite. Il appelle ainsi à la création de postes fixes et durables. Le jeune considère même que les solutions proposées jusqu'à présent ne sont pas efficaces. Notamment, Ç la direction de la CPG continue à être non transparente È, proteste-t-il. Il trouve, également que les projets de sous-traitance dans le domaine de l'environnement, de la collecte des déchets ou autres sont sans intérêt. Ç Il faut créer des projets durables. Nous avons entendu parler de cela, mais il ne s'agit que de promesses È, fait-il remarquer. Ecart entre les régions De son côté, Salem, un des jeunes qui clame haut et fort son droit à un travail permanent. Il réside d'ailleurs depuis le 25 janvier dans la tente dressée au siège de l'UGTT. Diplômé en histoire géographie, il y a déjà 6 ans, le jeune n'a pas quant à lui réussi à avoir un poste d'emploi. Ç J'ai poursuivi plusieurs formations complémentaires dans plusieurs spécialités, toutefois, je ne suis pas parvenu à avoir un poste fixe È, affirme-t-il. Faute de moyens, Salem n'a même pas la possibilité de se déplacer vers l'une des régions du pays à la quête d'un travail. Il appelle ainsi à accorder aux jeunes des avantages pour qu'ils puissent investir dans plusieurs domaines, comme les travaux publics, l'aviculture... Ç Faute de transparence de l'administration régionale, ces avantages sont accordés à une catégorie bien déterminée È, signale-t-il. Si les jeunes diplômés du supérieur trouvent de la peine à avoir un travail, le problème est le même pour les autres non qualifiés. En effet, Rached, chômeur, la trentaine, considère que la solution consiste dans la création d'opportunités dans la Compagnie de Phosphate. Ç C'est le strict minimum que nous devons avoir, car nous souffrons des émissions ce produit qui a des répercussions négatives sur notre santé È, réclame-t-il. Les jeunes d'Om Larayès désespèrent. Ils sont même pessimistes. Khalil, un élève en 3ème année secondaire trouve que sa ville n'est pas en train d'évoluer. Les signes de développement ne sont pas considérables. Même les établissements hospitaliers, (l'hôpital régional et le centre de dialyse) édifiés depuis des années ne sont pas opérationnels. En dépit des efforts déployés, la disparité entre les régions se pose encore dans notre pays. Notamment dans les régions du Sud Ouest et du Nord-Ouest. L'écart se constate à plusieurs niveaux, infrastructure, santé, (les médecins spécialistes)...Le thème fera d'ailleurs le sujet d'un autre article.