Jusqu'à quatre jours, en arrière, le puzzle était constitué. A savoir que Marchand se mettrait en réserve de la sélection tunisienne ; qu'il n'y ait pas de reconduction de contrat au sein de l'Etoile ; que Moëz Driss ne retienne pas son entraîneur et qu'il soit assuré de la disponibilité de celui qu'on juge le plus apte à remplacer Marchand à Sousse : Decastel. De l'avis de (presque) tous, Marchand et Decastel sont les meilleurs entraîneurs étrangers (si l'on excepte Lemerre), ayant exercé chez nous, après Fabio, Kristic, Amarildo, Piechniczeck et Kasperczak. Et le plus étrange dans tout cela c'est que l'un d'eux, Decastel, soit mis dans les pires conditions de continuer à travailler pour le football tunisien. Suspendu pour des méfaits auxquels il est étranger voilà que Sfax n'y tient plus vraiment ; paye pour la malédiction divine (les blessures en cascade) et les curieuses pratiques du bradage des joueurs sfaxiens. Où peut-il atterrir ? Où peut-il trouver la stabilité, la sérénité et le minimum de réconfort et d'appui moral, ceux-là mêmes que lui avaient garanti Chiboub avant que les ruées des premiers orages de fin de cycle, ne renvoient l'un et l'autre dos-à-dos ? Où peut-il les trouver - actuellement - en dehors de Sousse, là où, tranquille, Moëz Driss sait qu'il a, désormais, réussi à forger une culture et optimisé le legs incontournable de Othman Jenayeh ? C'était, sans doute, là le nœud gordien des tractations de coulisses de la semaine dernière. Oui, des suggestions censées ont indiqué le nom de Marchand pour succéder à Lemerre et ce, pour trois raisons essentielles. • La première, c'est que c'est un pros, un vrai, communicatif, rigoriste sans être rigoureux et qui sait être en symbiose avec ses employeurs. • La seconde, est purement technique : il y a trois, quatre, cinq joueurs clubistes susceptibles d'être titulaires dans la future équipe nationale. Et il les a tous entraînés au Parc « A ». Et, les huit sélectionnés étoilés travaillent actuellement sous sa coupe, sans oublier Chikhaoiu, Ben Frej et Zouaghi, titulaires incontestables et qu'il a dirigés aussi. • La troisième, concomitante à la deuxième tient à la connaissance qu'a Marchand de l'environnement du football tunisien. Il connaît nos joueurs, nos dirigeants (les bons et les mauvais), nos clubs, notre compétition, les égarements fédéraux, les lubies de la Ligue : Bref, il n'est pas tombé de la dernière pluie. Tout devait se faire, tranquillement, sans heurs et la succession de Lemerre était destinée à être fluide... Or, voilà qu'à la veille du départ en France, M. Sioud, accompagné de Kamel Ben Amor, a eu un long entretien avec Marchand. Les deux hommes devaient, tout juste, se dire mutuellement : « oui » puisque des personnes influentes avaient œuvré pour... Sauf, que M. Sioud se met à parler, à parler et à parler au point que Marchand oubliait les raisons pour lesquelles il était là. Après s'être longuement entendu parler, le président fédéral s'en alla établir quelques contacts en France. Sur le chemin du retour, à Sousse, Marchand murmura encore une fois : « Je ne suis pas un entraîneur au rabais ».