Il est incontestable que Hammouda Ben Ammar, du temps de sa présidence de la FTF, avait bien fait d'opter pour l'école française, en faisant venir Roger Lemerre chez nous. Le football de l'Hexagone occupait à l'époque et, d'ailleurs pour rendre aux Gaulois ce qu'il leur appartient, il occupe encore aujourd'hui une place de choix dans le gotha mondial puisqu'il est toujours placé parmi les cinq premiers au classement de la FIFA. Au passage, tout plaide pour qu'il s'y éternise. Tout à son honneur ! Il ne faut pas être sorcier pour motiver cette fulgurante ascension. Tout s'explique par une organisation parfaite, et bien entendu par la classe et les aptitudes des gens qui animent le football là haut, et qui veillent sur sa destinée. La direction technique nationale de la FFF est chargée de la conception et de l'application de la politique technique. Elle n'a pas un rôle purement administratif, comme le pensent beaucoup, elle est source d'inspiration, d'idées et de vision à long terme. Pour faire bref, disons que sa principale mission est de mettre en œuvre un plan de développement et d'optimisation du football français. Roger Lemerre en faisait partie avant d'en arriver à la tête des tricolores. D'ailleurs, pour l'histoire, rappelons que depuis 1992, pas moins de quatre sélectionneurs en sont issus : Gérard Houiller (1992-1994), Aimé Jacquet (1994-1998), Roger Lemerre (1998-2002) et Raymond Domenech depuis exactement le 12 juillet 2004, jusqu'à la lecture de ces lignes. Au cours de cette période qui s'étale sur 17 ans, seul un entraîneur de club a été parachuté à ce poste et, par ailleurs, il n'a pas fait long feu. Il s'agit de Jacques Santini dont la nomination en tant que sélectionneur a fait couler beaucoup d'eau sous les ponts. Aimé Jacquet, alors directeur technique national, on ne peut plus irrité, s'était levé contre cette nomination et n'avait pas mâché ses mots : " il y avait à la DTN des gens de grande qualité... J'aurais souhaité que l'un des nôtres prenne le relais ". Tout ceci nous amène à nous poser deux questions. A l'exception de ce beau sacre continental remporté au soir d'un 14 février, quel autre profit avons-nous pu tirer des cinq années " lemerréennes " ? Quand on se fait une idée de la stabilité et de la continuité du travail à la tête de la DTN française, même quand les têtes changent, des fruits récoltés bon an mal an, n'ayons pas honte de reconnaître que nous sommes encore à des années lumière de cette culture technique. Hélas notre football qui se veut professionnel, et tel qu'il est géré par des amateurs, ne pourra pas être plus ambitieux qu'il ne l'est. De temps à autre, son histoire a toutes les chances d'être ponctuée par un résultat sensationnel comme celui de 2004, mais tout de suite après, il entame une chute dans l'anonymat le plus complet, comme c'est le cas depuis. Victime de ses dirigeants, de ses responsables, qui à dormir sur ses lauriers, qui à ne pas vouloir épouser l'air du temps, lui qui devait depuis, rester gagnant, il n'a pas su capitaliser sur ce fameux succès et, tant qu'on continuera à brûler la corne au lieu de l'encens, notre football ne se contentera que des miettes que lui abandonneront les cadors d'Afrique. Il est encore en mesure d'aller tous les quatre ans en Coupe du Monde, mais il ne se contentera que de la participation et rien de plus. Nous avons une chance inouïe d'avoir eu parmi nous, et cinq ans durant, un technicien dont la compétence est reconnue aux quatre coins de la planète, mais dont nous n'avons tiré que peu de profits. A moins de 90 jours de quelques rendez-vous cruciaux pour l'avenir, on est sur le point de propulser un chantier baroque qui risque d'embraser notre football pour une période dont l'issue n'est pas assurée contre tout risque. Aux dernières nouvelles qui nous sont parvenues subséquemment à cette dernière sortie internationale, soldée par un brillant succès sur la Côte d'Ivoire, certains joueurs se sont laissé aller à quelques confidences, dont il ressort une appréhension de tout remaniement, osons dire encore probable, de l'état actuel des choses. Ces petits cumulus de printemps sont susceptibles d'engendrer de grands orages à l'approche de l'été. A prendre aussi en considération.