Edité conjointement par L'Université de Sfax et l'Association Université Environnement, l'ouvrage intitulé : « Une Université qui Change, Idées & Ecrits » est comme l'annonce son auteur, le professeur Hamed BEN DHIA, dans sa préface : « Un volume qui rassemble l'essentiel des articles écrits sur l'Université et ses divers aspects durant la dernière décennie (1997 - 2007) ». Le classement , par ordre chronologique de production de la soixantaine de papiers, écrits en arabe, français et anglais, témoigne de l'intention de l'auteur, de mettre en exergue le cheminement de sa pensée, d'illustrer le processus d'évolution de l'Enseignement Supérieur en Tunisie et de rendre particulièrement compte des étapes d'adaptation de l'Université de Sfax aux exigences des mutations planétaires. L'ensemble des écrits publiés révèle d'un homme réfléchi, respectueux de l'éthique, doué d'un bon sens désarmant - doublé d'un remarquable sens pratique- dont la pensée emprunte une démarche rationnelle et adopte une approche pragmatique et réaliste qui lui confère beaucoup de crédibilité. Principales sources de cette crédibilité : la pertinence de l'analyse, la force de conviction, la faisabilité des actions préconisées et surtout l'approche collégiale et « participative » éminemment motivante dans la mesure où elle confère à toutes les parties prenantes aux actions entreprises, non pas le statut de simples exécutants mais d'acteurs à part entière. Outre sa culture immense, sa longue expérience de « gestionnaire », que ce soit en tant qu'ingénieur au Maroc, puis doyen de l'ENIS et enfin en sa qualité de président de l'Université de Sfax ( anciennement Université de Sfax pour le Sud), ont permis à l'auteur d'acquérir les atouts nécessaires à même de lui conférer une vision plus large, de mieux connaître la réalité du terrain et d'avoir une approche à la fois ambitieuse, inspirée de l'état de l'art et réaliste, en ce sens qu'elle tient compte des paramètres nationaux et des données du terrain . On doit à la vérité de dire aussi que l'œuvre de modernisation, de mise à niveau et d'alignement sur les standards internationaux, a trouvé en la région de Sfax et ses compétences un terrain favorable et en l'Université de Sfax, une institution « animée d'une formidable dynamique interne de changement ». De l'ensemble des papiers publiés dans le volume, deux maîtres mots prédominent qui jalonnent clairement la démarche, à savoir, la modernisation et l'entrepreunariat. La vision relative à toute la dynamique à impulser en matière d'actions à entreprendre ou d'orientations à prôner est en fait le fruit d'un questionnement et d'une cogitation sur le rôle de l'Université dans un contexte mondial dominé par les nouvelles valeurs de compétitivité, de performances, de rentabilité et de « bonne production ». Autant de données qui placent l'enseignement supérieur à la croisée des chemins et l'accule à opérer sa propre métamorphose pour acquérir l'aptitude souhaitée afin de relever les défis qualiquantitatifs générés autant par des facteurs endogènes ( mutations sociales et économiques, phénomène de massification, nécessaire satisfaction d'une demande sociale exponentielle de formation et sa corollaire, l'emploi....) que par le nouveau contexte mondial et l'émergence d'une nouvelle société, celle du savoir et de l'excellence. Ainsi, « Une nouvelle lecture du rôle de l'Université comme moteur du développement s'est ainsi imposée graduellement pour toute économie moderne basée sur le savoir et l'innovation technologique », lit-on dans l'un des articles publiés. Ceci devrait se traduire d'abord par l'adoption et l'intégration de nouveaux mécanismes et de nouveaux modes de gestion et de fonctionnement interne avec notamment l'adoption de l'Assurance-qualité, de la gestion par objectifs, de l'évaluation, de l'accréditation, de l'audit et de la qualité totale, autant d'attributs de la nouvelle dynamique de gouvernance, « destinés en principe à conférer à l'institution universitaire plus de lisibilité, de crédibilité et de compétitivité. » Dynamique réformiste En plus de la dynamique réformatrice préconisée en vue d'engager l'Université en général sur la voie de la modernisation (et ayant effectivement caractérisé l'itinéraire de l'Université de Sfax ), l'ouvrage fait l'apologie de l'entrepreneuriat : « Pour pouvoir réellement être un acteur économique, l'Université doit aider à la création "d'un Environnement Entrepreneurial basé sur le savoir". Elle doit préparer le terrain innovant pour que ses compétences puissent s'exprimer par la création d'entreprises innovantes et que ses cadres puissent y être recrutés et mis à profit. Cela a été toujours notre obsession, notre credo et notre chantier permanent. Engagés sur un terrain nouveau, difficile et incertain, notre progression fut lente, mais les premiers résultats tangibles sont déjà là, montrant qu'il fallait démarrer et que le parcours est encore plein d'embûches. » C'est ainsi que des structures de transfert ou des interfaces ont vu le jour dont l'Association Université Environnement (AUE ), la pépinière Sfax-Innovation, le technopôle de Sfax, le Centre Universitaire d'Insertion et d'Essaimage (CUIES ) ainsi que des actions diverses , à savoir, l'Univexpo, l'Univecho, la co-construction et l'alternance et les groupes de travail et de réflexion. En somme, l'ouvrage doit son intérêt d'abord à sa valeur documentaire mais également au fait qu'il participe à la réflexion générale mais dépasse la simple cogitation théorique pour proposer des solutions pratiques à la portée ayant subi l'épreuve du terrain. L'ouvrage vaut aussi par la volonté manifeste de stimuler l'esprit d'initiative et « de faire bouger les choses », le tout dans le cadre de l'esprit de groupe et de la vision partagée. Ajoutons , enfin, qu'il illustre une méthodologie cohérente et présente un cas concret et modèle réel d'une université placée sur orbite et désignée comme « d'Université Pilote » à un triple titre.