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Les conditions de la désescalade
Le Temps du Monde: Liban
Publié dans Le Temps le 29 - 01 - 2007

La crise politique au Liban a commencé, à l'automne 2004, par le vote de la résolution 1559 à l'ONU exigeant le départ des troupes syriennes et le désarmement du Hezbollah.
Depuis, le pays a été le théâtre de plusieurs attentats à la voiture piégée, assassinats politiques, dont celui de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, en mars 2005, et une guerre israélienne contre le Hezbollah, l'été dernier, qui a ajouté de l'huile sur le feu. Si la crise perdure et menace d'échapper à tout contrôle, c'est parce qu'elle a été aggravée, entre-temps, par l'affrontement régional entre les Etats-Unis et l'Iran, et leurs alliés respectifs. Aussi, et malgré l'accalmie observée au cours du week end, le pire n'est pas encore totalement écarté.

Personne n'a intérêt à une nouvelle explosion de la violence au Liban et encore moins à un retour de la guerre civile qui a ravagé ce pays entre 1975 et 1990. Les Américains, embourbés en Irak, se passeraient volontiers d'une seconde poudrière au Moyen-Orient. Les Arabes ont de bonnes raisons de craindre, eux aussi, un pourrissement du conflit entre sunnites et chiites qui déborderait les frontières de l'Irak et éclabousserait toute la région. Les Israéliens, qui font face à une grave crise politique, n'ont pas intérêt, eux non plus, à un réchauffement de leurs frontières septentrionales. Quant aux Iraniens, qui ont poussé le Hezbollah dans une confrontation avec le gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora, ils ont fort à faire avec les menaces d'attaque contre leurs centrales nucléaires, proférées par Israël et les Etats-Unis, pour se permettre de soutenir jusqu'au bout le mouvement insurrectionnel déclenché par leurs alliés au pays du Cèdre.
Reste donc les Libanais, les premiers concernés. Par-delà leurs confessions ou leurs alliances du moment, ces derniers peuvent descendre dans la rue, bloquer des routes, manifester en grand nombre devant le siège du gouvernement et même en venir aux bras, mais ils doivent tous redouter, au plus profond d'eux-mêmes, le retour des années de braises. C'est pourquoi ils semblent se retenir, chaque fois que la situation se détériore et menace de dégénérer en conflit armé.
Cependant, l'accalmie observée à Beyrouth pendant le week-end pourrait être trompeuse. Les appels au calme émanant de toutes les parties ne devraient pas nous leurrer. Et pour cause: dans un conflit alimenté par d'anciennes rancunes et de nouvelles frustrations, les nerfs peuvent lâcher à tout moment et les démonstrations de force - notamment de la part du Hezbollah et de ses alliés - déboucher sur des affrontements plus musclés.

Qu'est-ce qui peut donc aujourd'hui sauver le Liban ?
Le gouvernement de Fouad Siniora a pu récolter quelques 7,6 milliards de dollars de promesses de dons et de prêts à la conférence de Paris III, tenu le 25 janvier dans la capitale française, soit 3,4 milliards de plus qu'à la conférence Paris II, fin 2002 (où seulement 4,2 milliards avaient été promis) et 2,6 de plus que les 5 espérés au départ.
Même dans un pays de 4,5 millions d'habitants qui croule sous une dette de 41 milliards de dollars et dont les infrastructures essentielles ont été détruites par l'aviation israélienne l'été dernier, cet argent constitue un véritable bol d'oxygène. Car une fois débloqués et bien utilisés, les 7,6 milliards de dollars pourraient aider à réduire considérablement la dette - en la faisant passer de 180% actuellement à 144% du PIB en 2011 - et à mettre en place les réformes envisagées par le gouvernement Siniora, comme le relèvement de la TVA, la privatisation du secteur de la téléphonie mobile, l'élimination du déficit budgétaire en cinq ans, le renforcement du système de sécurité sociale et la modernisation de l'administration.
C'est, en tout cas, le point de vue soutenu par l'ancien ministre des Finances du Liban, Georges Corm, dans un entretien à ''L'Express'', publié le 25 janvier. Selon lui, la dette libanaise est à 85% une dette interne détenue par des Libanais. Il n'y a donc pas à craindre un effondrement à l'argentine ou à la turque, car les banques locales n'y trouveraient pas leur intérêt. Aussi, et contrairement à ce qui a été dit à la conférence de Paris, la situation économique n'est pas aussi dramatique. Pour la simple raison que «les banques libanaises disposent aujourd'hui de 37 milliards de dollars d'avoirs liquides», que «les dons des pays arabes ont déjà couvert le coût de la dernière guerre, même si le gouvernement ne le dit pas». «En réalité, les destructions de l'été 2006 n'ont pas dépassé un montant de 800 à 900 millions de dollars», explique Corm, qui se dit optimiste quant à une reprise rapide de l'économie libanaise et à un retour à la situation d'avant 2004.
Cette réussite espérée reste cependant tributaire de la capacité du gouvernement actuel de résister à la pression du Hezbollah, qui continue d'exiger sa démission, de rétablir l'ordre rapidement et de lancer la campagne de reconstruction parallèlement aux réformes structurelles exigées par la situation. C'est plus facile à dire qu'à faire. Car, malgré l'accalmie des derniers jours, rien n'indique que l'opposition menée par le Hezbollah et ses alliés chrétiens réunis autour du général Michel Aoun est disposée à mettre fin à son mouvement d'insurrection sans avoir eu gain de cause, ne fut-ce que partiellement.
Le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah continue d'ailleurs de proférer des menaces en rappelant à ses adversaires de la coalition du 14-Mars, au gouvernement, que son mouvement possède lui aussi des armes, laissant entendre par là qu'il pourrait les utiliser.

Que veulent les chiites ?
Les chiites avaient jadis fui l'Irak pour s'installer au sud du Liban, à la frontière avec Israël, dans la région la plus pauvre et la plus exposée aux menées de l'Etat hébreu. Aussi ont-ils beaucoup souffert depuis la création de l'Etat hébreu et supporté plus que d'autres les conséquences de l'exode des Palestiniens chassés de leurs terres. Longtemps marginalisés par les autres communautés, qui contrôlent l'essentiel des institutions politiques, ils ont pris conscience peu à peu de leur force. Cette force est d'abord démographique, puisque les chiites comptent aujourd'hui près d'un million d'âmes, sinon plus, puisqu'il n'y a pas de statistiques officielles - on n'a pas fait de recensement depuis 1944. Ils représentent donc au moins le quart de la population totale du pays.
Par ailleurs, ce sont les chiites qui ont supporté l'essentiel de l'effort de guerre pour libérer le sud du Liban de l'occupation israélienne. Mais le territoire libéré, qu'ils ont gouverné de manière presque autonome de 2000 jusqu'à l'été 2006, est aujourd'hui sous la tutelle internationale de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul), qui verrouille totalement la frontière.
Ayant perdu la guerre - car, quoiqu'on dise à propos de l'échec des troupes israéliennes au sud Liban, le Hezbollah n'a pas gagné la guerre lui non plus -, les chiites cherchent à jouer un rôle politique à la mesure de leur poids réel dans le pays.
Forts du soutien indéfectible de la Syrie et de l'Iran - qui leur ont accordé 400 millions de dollars depuis la fin du conflit avec Israël et 10 000 dollars pour chaque personne dont la maison a été détruite, ainsi que des armes et équipements -, les chiites réclament aujourd'hui une part plus grande du gâteau national. Ils exigent d'être mieux représentés au sein d'un gouvernement qu'ils soupçonnent - à juste titre d'ailleurs - d'allégeance envers les Etats-Unis, ainsi que dans les autres institutions politiques, notamment le parlement où ils revendiquent une majorité de blocage (33%), de manière à pouvoir empêcher toutes décisions contraires à leurs intérêts - notamment le désarmement des milices exigé par une résolution des Nations unies - ou à ceux de leurs alliés et protecteurs, comme l'établissement d'un tribunal international chargé de juger les responsables de l'assassinat de Rafic Hariri, projet auquel s'oppose la Syrie.
A la vérité, le Hezbollah ne manque pas de cartes: il contrôle la présidence de la République (occupée par Emile Lahoud, un chrétien aux ordres de la Syrie). Il paralyse le fonctionnement de la Chambre des députés (présidée par le chiite Nabih Berri, chef du parti Amal, qui refuse de convoquer les députés et donc de faire voter les lois). Il crée de nouvelles lignes de fracture au sein des autres communautés, grâce notamment au ralliement de certaines franges de la population chrétienne et musulmane-sunnite opposées à l'actuel gouvernement.
Le Hezbollah ne manque pas non plus de culot: il veut maintenant obtenir une minorité de blocage pour faire tomber le gouvernement où chrétiens, sunnites et Druzes sont majoritaires. Pour dire les choses plus simplement, il croit pouvoir prendre le pouvoir au Liban en provoquant des mouvements de rue, en paralysant le pays et en encerclant les membres du gouvernement dans leur siège au Sérail, au cœur de Beyrouth. Grave précédent dans une région qui n'a pas de tradition démocratique ...

Un jeu trouble et dangereux
Le mouvement de Nasrallah a beau se présenter aujourd'hui comme le vainqueur d'une guerre qu'il a en réalité perdu, il est loin d'être irréprochable. Et qu'elle que soit la légitimité de ses revendications, son jeu actuel est aussi trouble que dangereux pour l'unité du pays et la paix dans la région.
C'est, en effet, le Hezbollah qui a déclenché la guerre de cet été, laquelle a entraîné de lourdes pertes humaines et matérielles pour le Liban, affaibli le gouvernement Siniora et renforcé, par ricochet, les prétentions du parti chiite à peser sur les décisions gouvernementales.
Bien qu'elle a été perdue, cette guerre a donc été tout bénef pour le Hezbollah, puisqu'elle lui a permis de lancer le 1er décembre une campagne de manifestations populaires contre un gouvernement affaibli en vue d'obtenir, à défaut d'une minorité de blocage pour lui et ses alliés au gouvernement, le départ de Siniora et l'organisation d'élections législatives anticipées.
Or, Siniora et les chefs des factions anti-syriennes majoritaires au parlement, sont parvenus légitimement au pouvoir à l'issue d'élections législatives organisées après le départ des troupes syriennes, début 2005. Ils ont donc de bonnes raisons de vouloir rester aux commandes et de dénoncer le coup de force du Hezbollah et de ses alliés Amal et le courant chrétien du général Michel Aoun. Il est évident, et pas seulement à leurs yeux, que l'opposition est manipulée par la Syrie et l'Iran, qui cherchent ainsi à rétablir leur influence au Liban du Cèdre.

Quelles solutions ?
Dans l'histoire du Liban, il n'y a jamais eu de gouvernement légitime quand une communauté, si petite soit-elle, n'y était pas représentée. Le fonctionnement de la vie politique libanaise repose en effet sur le consensus entre «les trois présidents»: le président de la République, Emile Lahoud, le président de l'Assemblée, Nabih Berri, et le président du Conseil des ministres et chef du gouvernement, Fouad Siniora.
L'opposition demande à participer à un gouvernement d'union nationale afin d'affronter une situation difficile où les problèmes internes du pays sont «kidnappés» par l'affrontement régional entre les Etats-Unis et l'Iran. Elle est dans son droit. Il est de son devoir aussi d'éviter l'escalade et de privilégier le dialogue.
Idem pour le gouvernement, qui doit reprendre langue avec le parti chiite. Car, comme l'a expliqué Georges Corm dans l'entretien déjà cité, «le Hezbollah est un parti qui compte. Il a des députés, a participé au gouvernement et a suivi un processus de libanisation, même s'il est certain qu'il a des affinités avec l'Iran, comme le PCF, naguère, avec l'URSS». De même, «si Beyrouth a revécu à partir de 2000 et est redevenue un centre culturel et politique, c'est parce que le sud du Liban a été libéré grâce aux sacrifices consentis par le Hezbollah».
L'idéal serait d'amener le Hezbollah à accepter un désarmement progressif de ses milices en contrepartie d'une meilleure représentation politique des chiites au sein des institutions de l'Etat communautaire libanais. Cela ne saurait se réaliser sans dialogue. De même, la démocratie consensuelle, inscrite dans le pacte national libanais, ne saurait fonctionner avec l'arbitrage de la rue et encore moins celui des armes.


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