Il a écopé de vingt ans de prison pour tentative de meurtre, le chef d'accusation qui l'a conduit devant la chambre criminelle du tribunal correctionnel de Tunis. Un châtiment exemplaire qu'il aurait pu éviter s'il avait fait seulement preuve de lucidité et surtout de compréhension, au lieu de s'acharner sur sa victime qu'il a lardée de nombreux coups de couteau avant de prendre la fuite. Ayant interjeté appel de cette lourde peine qui lui a été infligée en première instance, il espère à présent bénéficier de la clémence de la cour qui s'est retirée pour délibérer, après avoir entendu sa nouvelle version des faits. Que s'était-t-il passé pour que ce jeune homme s'efforce aujourd'hui, avec acharnement, de sauver son avenir qu'il risque de passer, et pour longtemps d'ailleurs, entre de solides barreaux pour avoir commis une faute impardonnable pour la simple raison que sa bien-aimée ne partageait pas sa flamme ? L'affaire a débuté d'une manière banale puisque l'accusé, comme bon nombre de jeunes, avait jeté son dévolu sur sa voisine du quartier de Bab Jédid qui lui a tapé dans l'œil. Malheureusement pour lui, ce ne fut pas réciproque puisqu'elle a prié gentiment et à plusieurs reprises de s'écarter de son chemin et de chercher ailleurs. Touché dans son amour-propre, il commença alors à l'importuner outrageusement. Depuis, il n'a cessé de lui coller aux basques, profitant de la moindre occasion pour l'assommer par des propos injurieux, orduriers et même triviaux. A chaque fois, la jeune fille faisait la sourde oreille jusqu'au jour où, dépitée au plus haut point, elle se confessa à son frère aîné, en lui racontant dans le détail les péripéties de sa mésaventure qu'elle endurait encore. Le frangin vit rouge, rejoignit illico presto le goujat pour le sermonner vivement pour son attitude irrespectueuse envers sa sœur qui l'avait pourtant éconduit, à plusieurs reprises. Vexé par cette réplique à laquelle il ne s'y attendait pas, l'accusé, bouillonnant de colère, crut bon de corriger son rival, en plantant son couteau dans son abdomen avec une telle rage qu'il faillit le tuer, n'eussent été les efforts de l'équipe chirurgicale qui l'a sauvé d'une mort certaine, à son admission à l'hôpital le plus proche. A l'audience de la cour d'appel, le prévenu a, une nouvelle fois, récusé le chef d'inculpation de tentative de meurtre, affirmant qu'il n'avait aucune intention de tuer son adversaire. Thèse reprise par la défense pour demander au juge de reconsidérer les faits en violences graves.