* Liste des délégations * Ordre du jour de la Conférence de Tanger * Résolution sur l'unité du Maghreb Arabe * Interview : Le SG adjoint de l'USTMA : Consolider le rôle de la société civile dans la construction maghrébine Le 27 avril 1958, s'ouvrait à Tanger la première conférence des partis nationalistes Nord-africains. L'idéal du Grand Maghreb Arabe Uni germait déjà depuis les années vingt. C'est ainsi qu'en 1926, fut créée à Paris l'Etoile Nord-Africaine par l'Algérien Messali El Haj. Un an plus tard, naissait l'Association des étudiants musulmans Nord-Africains (AEMNA). Ses statuts proclamaient notamment "L'Afrique du Nord, unie et indivisible, est une nation qui doit rester une nation pour l'éternité". Vingt ans plus tard, le 9 décembre 1947, sera fondé au Caire, le Bureau du Maghreb Arabe, animé par les nationalistes réfugiés dans la capitale Egyptienne : l'émir Abdelkrim El Khattabi et Allal El-Fassi pour le Maroc, puis Bourguiba et Habib Thameur pour la Tunisie, bientôt rejoints pour l'Algérie par Mohamed Khidhr et Chedly Mekki. Sur le plan syndical, lors de la fondation de l'UGTT en 1946, Farhat Hached avait appelé à la création d'une Fédération syndicale Nord-Africaine. Quelques années plus tard, les organisations estudiantines se joindront à cet élan unioniste : l'UGET, créée en 1952, rejointe en 1955 par l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) puis en 1956, par l'Union nationale des étudiants marocains (UNEM). Le 10 novembre 1957, un colloque est organisé à Tunis par l'UGET et l'UGEMA. Pour la première fois, depuis le début de la guerre d'Algérie, une rencontre réunissait des nationalistes algériens et des Français libéraux : Ahmed Boumenjel et Franz Fanon face à Jean Dresch, professeur à la Sorbonne et Henry Montely, un journaliste libéral.
La cause algérienne était à cette époque source de préoccupation. La conférence de Tanger, devait d'ailleurs se pencher essentiellement sur "l'examen du développement de la guerre en Algérie et de ses répercussions sur le plan nord-africain et sur le plan international", et souligner "qu'à la bonne volonté nord-africaine, il a été répondu par une intensification de la guerre en Algérie et par une politique de force et de provocation en Tunisie et au Maroc, dont l'interception de l'avion où se trouvaient Ben Bella et ses compagnons, le bombardement de Sakiet Sidi Youssef et les opérations militaires au sud du Maroc". La conférence de Tanger devait ainsi proclamer "La complète identité de vues de ses membres sur la nature, les développements et l'issue inéluctable de la guerre d'Algérie, ainsi que de l'étroite solidarité des intérêts vitaux des peuples qu'elle représente" et proclamer solennellement "le droit du peuple Algérien à la souveraineté et à l'indépendance". Cinquante ans après la conférence de Tanger, les espoirs des pionniers s'estompent de plus en plus et le projet unioniste n'est plus que de l'illusion. Pourtant il y a unanimité sur la nécessité vitale de la construction maghrébine. On parle de plus en plus du coût très élevé du non-Maghreb. Ça frôle l'irrationnel, comme nous l'affirme, notre invité, Abdelmajid Sahraoui, secrétaire général adjoint de l'USTMA. Mohamed ALI HABACHI -------------------------------------- Liste des délégations Tunisie: MM. Béhi Ladgham - Taieb Mhiri - Ahmed Tlili - Ali Belhouane - Abdelmajid Chaker - Abdallah Farhat Algérie: MM. Farhat Abbès - Abdelhamid Boussouf - Abdelhamid Mehri - Ahmed Francis - Ahmed Boumenjel - Rachid Gaïed Maroc: MM. Allal El Fassi - Ahmed Belafrej - Abderrahim Bouabid - Mehdi Ben Barka - Boubaker El Kadri - Mahjoub Ben Seddik - El Fekih El Basri --------------------------------------- Ordre du jour de la Conférence de Tanger 1- Guerre de l'indépendance en Algérie 2- Liquidation des séquelles de la domination coloniale dans les pays du Maghreb 3- Union du Maghreb Arabe: sa nécessité, ses formes possibles, sa phase transitoire 4- Organisations permanentes d'exécution de la Conférence --------------------------------------- Résolution sur l'unité du Maghreb Arabe La Conférence pour l'unification du Maghreb Arabe, groupant l'Istiqlal, le FLN et le Néo-Destour, réunis à Tanger les 27, 28, 29 et 30 avril 1958, conscients d'exprimer la volonté unanime des peuples du Maghreb Arabe d'unir leur destin, convaincus que le moment est venu de concrétiser cette volonté d'union dans le cadre d'institutions communes afin de leur permettre d'assumer le rôle qui leur incombe dans le concert des nations : -Décide d'œuvrer à la réalisation de cette union. -Considère que la forme fédérale répond le mieux aux réalités des pays participants. A cet effet, et dans une phase transitoire, la conférence propose l'institution d'une assemblée consultative du Maghreb Arabe, issue des assemblées nationales locales de la Tunisie et du Maroc, et du Conseil National de la Révolution Algérienne. Cette Assemblée aura compétence pour étudier les questions d'intérêt communs et formuler des recommandations aux organes exécutifs locaux. Recommande des rencontres périodiques et chaque fois que les circonstances l'exigent, entre les dirigeants locaux des trois pays pour se consulter sur les problèmes du Maghreb. La conférence recommande aux gouvernements des pays du Maghreb de ne pas engager séparément le destin de l'Afrique du Nord dans les domaines des relations extérieures et de la défense jusqu'à l'installation des institutions fédérales. --------------------------------------- Interview : Le SG adjoint de l'USTMA : Consolider le rôle de la société civile dans la construction maghrébine M. Abdelmajid Sahraoui, secrétaire général adjoint de l'USTMA (Union des syndicats des travailleurs maghrébins) nous a déclaré que face à l'immobilisme chronique qui perdure depuis un demi-siècle, la société civile est appelée à agir vigoureusement pour redéclencher le processus unitaire. C'est ainsi que les syndicats des travailleurs fédérés au sein de l'USTMA, et relayés par les syndicats des employeurs fédérés depuis un ans à l'UME, (l'Union Maghrébine des Employeurs) et d'autres organes et associations à vocation maghrébine, coordonnent leurs efforts, convaincus qu'ils sont que l'unité maghrébine, en tant qu'option stratégique est le meilleur gage pour l'avenir de la région. M. Sahraoui ajoute que "les grandes mutations internationales et régionales consistant notamment dans la mondialisation galopante avec l'émergence des grands ensembles et blocs économiques et le développement du partenariat entre les deux rives de la méditerranée nécessitent l'accélération du processus d'intégration maghrébine" affirmant que le coût du non-Maghreb, affecte énormément les chances des peuples de la région à davantage de progrès et de prospérité et que les opportunités ratées sont insensées. L'USTMA, saisit la célébration de ce cinquantenaire de Tanger pour exhorter toutes les parties Maghrébines à mesurer les retombées néfastes du blocage du processus unitaire et les interpelle à saisir les leçons des échecs successifs et à s'inspirer des expériences d'intégration unitaires des diverses nations. Le secrétaire général adjoint de l'USTMA souligne également l'importance de l'élargissement de la participation populaire et la consolidation du rôle de la société civile dans la construction Maghrébine en vue de saborder les entraves et concrétiser un espace régional prometteur dans un esprit de consensus, de démocratie et de solidarité fraternelle.