Une question immuable et non moins hilarante fuse pratiquement à tous les coups de la part de certaines gens que le pédantisme étouffe et qui se prennent pour le nombril du monde. En se rendant congratuler à la maternité ou à son domicile une mère radieuse d'avoir vécu un heureux événement en mettant au monde deux jumeaux de sexes différents, entendre une fille et un garçon, la discussion classique est la suivante : Alors le gynéco pense que ce sont de vrais ou de faux jumeaux ? Et l'autre de renchérir d'un air entendu sûr de son fait : évidemment vrais, car ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau ! Ce à quoi une tierce personne de rétorquer d'un air docte et un tantinet supérieur : on ne peut parler de vrais jumeaux que lorsque les deux bébés sont du même sexe ! Absolument pas de s'entêter la voisine du quatrième étage : selon « mon » pédiatre qui suit ma fille, on ne peut parler de vrais jumeaux qu'à partir de l'âge de six mois avec l'apparition des premières dents. Et tout le monde de broder à satiété et à ne plus en finir sur ce thème usant d'arguments et de témoignages ne tenant nullement la route car totalement erronés.
Qu'en est il au juste ? Sans entrer dans des détails fastidieux, disons tout simplement que la grossesse gémellaire (gémelliparité) se définit comme étant le développement simultané de deux fœtus dans la cavité utérine. Sa fréquence est de l'ordre de 629 sur 55 mille accouchements ; soit un pourcentage de 1,14%. Les vrais jumeaux doivent impérativement appartenir au même sexe. Condition nécessaire mais non suffisante cependant. Car les faux jumeaux peuvent également remplir cette clause sans pour autant être catalogués comme d'authentiques vrais jumeaux !
Les vrais jumeaux En effet, les vrais jumeaux découlent de la scission d'un seul et unique œuf immédiatement après sa fécondation par un seul spermatozoïde. Du coup, on aboutit à deux êtres absolument identiques, présentant le même patrimoine génétique et chromosomique et les mêmes caractères. Et il est pratiquement impossible pour un étranger d'en reconnaître l'identité ou de déceler la moindre différence entre eux (elles). Il arrive même à leurs propres parents de se fourvoyer dans l'affaire tellement leur ressemblance est parfaite.
Les faux jumeaux Concernant les faux jumeaux, ils résultent de la fécondation concomitante et simultanée de deux ovules distincts par deux spermatozoïdes également distincts généralement lors d'un même rapport. On parle de superfécondation quand deux ovules sont fécondés lors de rapports différents et successifs mais durant le même cycle. On peut de ce fait avoir deux bébés de sexes différents ou du même sexe ; toutes les combinaisons sont donc possibles mais avec un patrimoine génétique et chromosomique différent. L'affaire se résume en définitive en deux grossesses distinctes, différentes mais ayant eu lieu dans la même période. Un 2 en 1 en quelque sorte. Aussi et pour conclure, des jumeaux de même sexe ne sont pas nécessairement de vrais jumeaux, et une sœur jumelle d'un garçon ne peuvent être que des faux jumeaux.
Des liens indéfectibles... surnaturels Mais qu'ils soient vrais ou faux, des liens étonnamment puissants les unissent, une complicité à toute épreuve régit leurs comportements, et ils se vouent un amour sans bornes en dépit des frictions multi quotidiennes qui jalonnent inéluctablement leurs relations et qui ne portent pas tellement à conséquence. Car à la moindre alerte touchant l'un d'entre eux, l'autre viole spontanément à la rescousse sans la moindre hésitation obéissant et mû par un mystérieux élan instinctif et non moins violent. En général, ils forment un bloc uni, solide et infranchissable pour du reste de la fratrie qu'ils ont tendance à snober avec superbe en dépit des recommandations de leurs parents, un tantinet amusés quand même.