**L'assurance maladie veut que les pharmaciens fournissent les médicaments génériques les moins chers. Bien évidemment, les médecins sont contre. **Le secrétaire général du syndicat des pharmaciens : « La liste des médicaments de substitution doit être établie par un Conseil Supérieur de la Pharmacologie. » L'efficacité thérapeutique des médicaments génériques rebondit à la surface du paysage de la santé. En effet, la CNAM veut que les pharmaciens substituent chaque médicament par son générique le moins cher, toutes les fois où ce changement est possible. Mais, au delà des réserves se rapportant à la gestion administrative de cette question, la problématique de l'efficacité thérapeutique focalise les intérêts. Les médecins ne jugent pas opportun que l'on modifie leurs prescriptions. Les pharmaciens n'acceptent pas d'être les outils de cette substitution. Quant aux patients, ils veulent bénéficier de la meilleure thérapie disponible. Pour ce qui est de la CNAM, elle est censée synchroniser ces diverses positions avec sa fonction d'assureur et extraire la proposition adéquate. Seulement, faudrait-il systématiquement substituer un médicament par son générique le moins cher ? Est-on ainsi sûr de l'efficacité thérapeutique de ces médicaments génériques ?
La responsabilité de prescrire L'ordonnance médicale est la proposition du médecin pour contrecarrer les pathologies relevées lors de son expertise du patient. Elle présente sa réponse thérapeutique au diagnostic. Chaque médicament a son propre rôle. Le prescrire est une responsabilité, le changer aussi. D'ailleurs, cette substitution est, peut-être, plus délicate car elle est censée apporter la même contribution thérapeutique pour éradiquer la maladie. Donc, cette décision ne doit pas être la responsabilité d'une seule entité médicale. Elle ne peut pas se faire sans l'avis du corps médical.
Les génériques en question Tant qu'un médicament n'est mis en vente qu'en obtenant son AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), il a donc subi les contrôles d'usage et prouvé certaines fonctions thérapeutiques que les médecins reconnaissent. Mais, une molécule de substitution n'a pas exactement le même effet que la molécule mère. C'est la raison pour laquelle, le marché propose les médicaments et leurs génériques disponibles qui ont prouvé leur efficacité. Les médecins choisissent les médicaments les plus adaptables à la pathologie de chaque patient. Ils prescrivent le médicament, ou son générique, suivant les cas.
Pas d'obligation Le corps médical affirme qu'il ne pourrait y avoir d'obligation à cette substitution. Dr Faouzi explique : « Je ne pourrai tolérer que l'on modifie ma prescription sans ma propre autorisation. C'est moi qui ai consulté le malade. C'est moi qui ai fait le diagnostic. Donc, c'est moi qui suis censé autoriser les changements. Chaque cas a ses propres spécificités qui exigent certaines caractéristiques thérapeutiques. La CNAM devrait trouver d'autres solutions pour réduire le coût.».
Responsabilité collective Du côté des pharmaciens, c'est un autre son de cloche. Chedhly Fazâa, le secrétaire général du syndicat des pharmaciens a toujours affirmé : « Le pharmacien ne peut assumer seul la responsabilité de cette substitution. Il faudrait créer un comité responsable de la détermination de ces substitutions et de l'établissement de listes de génériques autorisés qui seront transmises au corps médical pour éviter au maximum les substitutions après l'établissement de l'ordonnance. En somme, une sorte de « conseil supérieur de pharmacologie », où tous les intervenants sont représentés, peut, seul prendre une telle responsabilité. ».
Compromis Face à une telle problématique, il faudrait que la CNAM réfléchisse à une proposition qui ne touche pas à l'ordonnance du malade, tout en sauvegardant son souci de compression des dépenses. Certains médecins lui proposent d'aligner son remboursement sur le coût du générique le moins cher. Selon eux, la CNAM ne doit pas outrepasser son rôle de couverture sociale.