Le Temps -Agences - La controverse sur les biocarburants et les subventions agricoles a dominé hier l'ouverture du sommet de la FAO à Rome, alors que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, rappelait que la production alimentaire devait augmenter de 50% pour faire face aux besoins d'ici 2030. M. Ban, qui dévoilait les principes du "cadre global d'action" contre la flambée des prix, élaboré par la "task force" (cellule de crise) rassemblant les chefs des agences onusiennes spécialisées, du FMI et de la Banque mondiale, a appelé à "un plus grand degré de consensus international sur les biocarburants. Le président brésilien, Luiz Ignacio Lula da Silva, dont le pays est le deuxième pays producteur d'éthanol après les Etats-Unis, a rétorqué que "les biocarburants", qui sont soupçonnés d'aggraver la flambée des prix des denrées alimentaires, "n'étaient pas des bandits". Dans son discours d'ouverture, M. Ban a par ailleurs appelé les "nations à ne pas être tentées par des politiques alimentaires qui appauvrissent les voisins". Le secrétaire général des Nations unies a souhaité en particulier que soient abandonnées "les politiques économiques qui créent des distorsions de marché", plaidant pour "un accord dans le cadre des négociations de l'OMC". M. Ban a aussi plaidé pour "des engagements fermes pour aller de l'avant" et a assuré qu'il "faudra augmenter les appuis financiers", sous forme d'engagements fermes et non pas via des prêts. "Les besoins urgents des populations ne doivent pas faire oublier la nécessité d'investir à long terme dans l'agriculture", a-t-il souligné. "Nous construirons (une stratégie) sur les résultats de ce sommet, au sommet du G8 de juillet et à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre", a-t-il expliqué. Par ailleurs, selon l'agence onusienne, les prix resteront à des niveaux très elevés au cours de la prochaine décennie. Les causes ? La libéralisation du marché, qui engendre une volatilité accrue des cours, mais aussi la hausse du pouvoir d'achat des pays émergents. Les populations consomment plus : 2150 kcal par personne et par jour en 1970, 2800 trente ans plus tard, et différemment. Beaucoup plus de viande notamment. Les accidents climatiques, par ailleurs, engendrent de mauvaises récoltes et se traduisent par une augmentation de la demande des pays importateurs et une baisse de l'offre des pays exportateurs. Enfin, le succès des biocarburants : 20 à 50% de la production mondiale de colza et de maïs auraient été détournés à leur profit.