Le Temps-Agences - Désormais en campagne présidentielle, Barack Obama utilise un nom en quatre lettres pour décrire John McCain: Bush. Las d'être associé si étroitement au président sortant, le candidat républicain crie, lui, au mensonge quand son adversaire affirme qu'une présidence McCain reviendrait à connaître un troisième mandat Bush. Il fut un temps où il n'était pas si honteux d'être lié au chef de la Maison Blanche. Mais la réalité politique est rude pour ce dernier: la cote de popularité de George W. Bush n'a quasiment jamais été aussi basse, au point qu'il est aujourd'hui un homme avec lequel il ne fait pas bon prolonger les accolades. Si la Maison Blanche tient à rappeler que le nom de Bush ne figure pas sur le "ticket" républicain pour la présidentielle de novembre, il n'en reste pas moins que son hôte est bien présent dans la bataille. Pour preuve, le discours de John McCain mardi soir à l'heure où Barack Obama s'assurait une victoire mathématique dans la course à l'investiture démocrate. Comme on pouvait s'y attendre, le sénateur de l'Arizona a évoqué ses divergences avec son jeune homologue de l'Illinois et, pour lui couper l'herbe sous le pied, a mis en avant une série de désaccords avec Bush. "Vous entendrez dans chaque discours de campagne de mon adversaire, chaque interview, chaque communiqué de presse, que je fais campagne pour un troisième mandat du président Bush", a observé McCain. "Vous entendrez que toute décision du président est celle du duo Bush-McCain. Pourquoi le sénateur Obama pense-t-il qu'il est si important de répéter cette idée encore et encore? Parce qu'il sait qu'il est très difficile de faire croire aux Américains une chose qu'ils savent fausse." Certes, McCain a admis partager certaines positions du président sortant, en particulier sur la sécurité nationale. Mais il a aussi fièrement dressé la liste de leurs divergences, sur l'énergie ou le changement climatique, l'escalade des dépenses ou la "mauvaise gestion" par l'administration Bush de la guerre en Irak. Cette prise de distance est intervenue une semaine exactement après la venue de George W. Bush en Arizona pour lever des fonds en faveur de McCain. L'apparition publique du président au côté du prétendant républicain à la Maison Blanche n'aura duré que... quelques secondes. Barack Obama avait également le président Bush à l'esprit mardi soir, quand il a su qu'il représenterait le camp démocrate à l'élection de novembre. Le sénateur de l'Illinois a associé McCain à l'actuel hôte de la présidence sur l'économie et la guerre en Irak. Et a mis en doute l'indépendance réelle de son rival. "De nombreux mots existent pour décrire la tentative de John McCain de présenter la politique de George W. Bush comme bipartisane et nouvelle", a-t-il relevé. "Mais le mot changement n'en fait pas partie." L'entourage du président Bush s'attendait à cette rhétorique démocrate. Toutefois, la Maison Blanche minimise la portée de ce genre d'attaques, même quand elles viennent du camp républicain. "Le sénateur McCain est différent du président Bush. C'est un fait", note Scott Stanzel, porte-parole de la Maison Blanche. "Nous comprenons que sa campagne va refléter sa politique et sa vision pour l'avenir du pays." "Il est bon de se souvenir que le père du président Bush n'avait pas imité exactement le président Reagan", a-t-il encore fait valoir. Le vice-président Gore n'a pas copié le président Clinton. Même Hillary Clinton a exprimé des divergences avec le président Clinton. Elle est pourtant mariée avec lui."