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Entre le vœu des parents et des étudiants, le sens des affaires des sociétés d'intermédiaires et la réalité du marché de l'emploi Etudes supérieures à l'étranger
Un simple coup d'œil aux journaux donne une idée sur le nombre impressionnant de sociétés de services qui font les intermédiaires pour les études supérieures à l'étranger. Quelques unes sont agréées par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie. D'autres ne le sont pas. Toutefois, l'administration a, à maintes fois, affirmé qu'elle n'assume aucune responsabilité dans le suivi des dossiers d'étudiants gérés par ces sociétés. Pourtant, ces dernières parviennent à tirer leur épingle du jeu et à trouver des affectations aux étudiants intéressés et ils sont nombreux. Et si la situation est claire du côté de la France où les circuits sont balisés par le réseau Campus France Tunisie, le seul organisme habilité à faire accéder les étudiants tunisiens à l'enseignement supérieur français, ceci n'est pas le cas pour les autres pays et notamment le Canada, la Roumanie, l'Ukraine et la Russie. D'ailleurs, ces pays accaparent actuellement les regards des bacheliers désireux d'opter pour des branches médicales et technologiques qu'ils n'ont pas eu la possibilité d'obtenir à travers une orientation choisie dans les universités tunisiennes. De multiples salons et ateliers d'informations tenus au cours de juillet et se tiendront en août pour présenter ces circuits qui ne sont pas sans embûches.
Les raisons du choix Le souci de la réussite professionnelle hante les jeunes Tunisiens et leurs familles qui font tout leur possible pour obtenir que leur progéniture accède aux études de leurs choix et, notamment, les filières "nobles" comme la médecine, la pharmacie, la médecine dentaire et les écoles préparatoires. Mais ces dernières ne sont accessibles qu'en obtenant de très fortes moyennes supérieures à 15/20. Les autres étudiants désirant surmonter les restrictions de l'orientation universitaire, se rabattent sur les études à l'étranger. La France a été, et reste encore, la Mecque de ces choix. Cette suprématie française s'explique par un avantage comparatif favorable à l'hexagone et aux facilités rencontrées pour s'y installer et, principalement, la langue, la proximité et la possibilité de croiser une connaissance pour obtenir de l'aide lors de l'installation. La France n'abrite-t-elle pas près de 500.000 Tunisiens installés dans ses quatre coins ? Sans parler des liens culturels solides et des facilités acquises en raison de l'ancienneté des relations entre les étudiants tunisiens et l'université française. Mais, et avec l'explosion du nombre de candidats, la destination France n'est plus aussi accessible. Elle exige, surtout, des dossiers de pré-inscription préalables que les nouveaux bacheliers ne parviennent pas à remplir dans les délais préétablis. Lesquels délais coïncident généralement avec la fin du 1er trimestre de l'année du baccalauréat. Or, les futurs bacheliers ne sont pas, en ce moment là, déjà conscients de la nécessité de cette option et ils se retrouvent hors-délai lorsqu'ils prennent conscience du besoin. C'est ainsi que les nouveaux bacheliers se rabattent sur les autres offres existantes. D'ailleurs, les sociétés de services, intermédiaires de telles universités, choisissent le mois de juillet pour développer une action de sensibilisation visant cette catégorie d'étudiants. Ainsi, diverses journées sont organisées actuellement sur les études en Ukraine, en Roumanie, en Russie ou au Canada. Les étudiants peuvent trouver accès à toutes les filières et , même, les difficultés linguistiques sont franchissables à travers une formation accélérée. En plus, les coûts des inscriptions et du train de vie dans ces pays sont moins chers que ceux des universités occidentales.
Les difficultés rencontrées S'il est vrai que les inscriptions des nouveaux bacheliers sont possibles dans toutes les disciplines, il n'empêche que d'autres difficultés rencontrent les étudiants. D'abord, il y a le handicap de la langue. Mis à part la Roumanie où les études sont dispensées en français, les autres universités exigent des étudiants une formation linguistique allant de trois à six mois. En plus, il arrive que les diplômes obtenus n'aient pas d'équivalence systématique. Tout le monde universitaire se rappelle de la problématique posée par les diplômés de pharmacie de Roumanie qui ont été obligés, il y a deux ans, de faire un semestre supplémentaire à la faculté de Monastir pour obtenir leur équivalence. D'autres cas, de moindre ampleur, ont été rencontrés. En plus d'autres problèmes d'inadaptation de la formation d'ingénieurs avec les besoins du marché local de l'emploi. Plusieurs jeunes sont rentrés avec des diplômes d'ingénieurs dans des spécialités inconnues en Tunisie. Donc, ils se sont retrouvés, soit au chômage, ou ils ont travaillé comme s'ils n'avaient pas obtenu ce diplôme.
Le rôle de l'administration Face à une telle situation, l'administration est appelée à agir dans le sens d'une bonne orientation des choix de ces jeunes. Il ne faut pas oublier que la plupart d'entre eux passent par la Banque Centrale pour financer leurs études. Il s'agit, donc, de la gestion des rentrées en devises de la communauté nationale et l'administration peut émettre des réserves pour accorder ces autorisations de transfert. Ce n'est pas normal que l'on continue à accorder des autorisations de transfert de devises pour financer des études en médecine pour près de 3.000 étudiants tunisiens en Europe de l'Est alors que des milliers de médecins rencontrent, déjà, des difficultés pour trouver un emploi chez nous. De même pour les études en pharmacie. Il serait souhaitable de multiplier les campagnes de sensibilisation pour expliquer aux jeunes étudiants qu'il ne s'agit pas d'une interdiction. Mais, plutôt, de soucis quant à leur avenir professionnel. Il est vrai qu'on ne devrait pas aller à l'encontre des désirs des étudiants. Mais, il est vrai aussi que l'administration gère des priorités selon l'intérêt de la communauté. Il n'empêche que l'administration est appelée à continuer à encourager les études approfondies dans les spécialités de pointe (doctorats, masters, ateliers de recherche-développement) en partenariat avec les grandes universités de renommée internationale. De tels partenariats renforcent la capacité et le potentiel de nos universités et de nos chercheurs.