Les signes de confort dans la famille tunisienne sont de plus en plus évidents. Plus de 80 % des ménages sont propriétaires d'un logement. Une étude récemment réalisée par le Centre de Recherches, d'Etudes, de Documentation et d'Information sur la Femme (CREDIF) sur un échantillon de 1000 couples résidant dans le district du Grand Tunis et âgés entre 34 et 40 ans a révélé que plus de la moitié des interviewés habitent dans des villas ou étage de villa. Un constat certes positifs, car il le niveau de vie de la famille qui dispose des commodités nécessaires. Mais à quel prix ? Avec un revenu mensuel de l'ordre de 450 dinars, la hausse constante des prix des produits de base, la multiplication des dépenses (loisirs, transport...) les couples sont-ils vraiment capables de subvenir aux besoins de leurs enfants et de mieux prendre en charge ? Si quelques-uns ne trouvent pas de difficultés à offrir même les services complémentaires à leur progéniture, d'autres ont de la peine à boucler la fin de mois. Il s'agit bel et bien de 52 % des familles qui souffrent de ce problème. « 98 % de nos familles disposent de postes télés, de paraboles, presque le même pourcentage ont des téléphones mobiles, 34,3 % utilisent la voiture comme moyen de transport... ». Des indices, certes positifs qui témoignent de l'amélioration du niveau de vie de la population tunisienne. Toutefois avec la hausse continue des prix des produits de base, et des matières premières les parents arrivent difficilement à satisfaire toutes les demandes. Ce problème se pose de manière accrue lors de la saison d'été où les dépenses se multiplient par deux ou même plus. En fait, les sorties nocturnes et le divertissement se facturent de plus en plus cher sans oublier les dépenses quotidiennes des ménages. D'ailleurs, 61 % des couples trouvent des difficultés à gérer leur budget à cause de l'absence d'un plan bien ficelé mais aussi à cause de l'augmentation constante des indices des prix à la consommation. Les chiffres grimpent à un rythme vertigineux d'un mois à l'autre et d'une année à l'autre. Les indices affichés par l'Institut National des Statistiques (INS) démontrent qu'ils se sont multipliés par deux en comparaison à l'année dernière. Ils sont de l'ordre de 5,5 % d'après les dernières statistiques (les huit mois de l'année en cours) alors qu'ils étaient de 2,5 % en comparaison à la même période de l'année écoulée.
Hausse des prix des légumes et fruits C'est toujours l'alimentation qui occupe la première position en termes d'augmentation des indices. Elle va même crescendo au fil des mois pour atteindre les 7,7 % en juillet. Les prix de légumes, de fruits et des produits libres à la vente ont enregistré une nette augmentation en cette période. Sans oublier la viande de poulet et essentiellement l'escalope de dinde qui flirte avec les 8 dinars. Ce produit est pourtant destiné au consommateur issu de la classe moyenne. Mais ce n'est plus le cas, car les ménages se permettent difficilement de s'offrir des plats garnis en la matière périodiquement. De même le poisson reste inaccessible pour la quasi-totalité des bourses à l'exception de quelques variétés tout de même en hausse continue. Egalement, les indices des prix de l'habitation et du transport ont augmenté pour atteindre successivement les 5,6 et 5,3 %. Cela s'explique entre autres par la hausse des prix des matières premières et du pétrole. Pour faire face à cette conjoncture, les autorités de tutelle n'hésitent pas réajuster les tarifs mais au détriment du pouvoir d'achat des consommateurs. Notamment, ceux du carburant ont été révisés à la hausse deux fois au bout de huit mois ce qui touche la bourse des ménages, sachant que plus de 34 % utilisent la voiture pour se déplacer. C'est ce qui explique que 52 % des citoyens considèrent que leur rémunération est insuffisante. Indéniablement, les dépenses familiales vont atteindre un rythme plus accéléré lors des prochains jours qui coïncident avec la rentrée scolaire et le mois de Ramadan. Deux « catalyseurs » qui alourdissent le budget des ménages d'autant plus que le consommateur tunisien est généralement excentrique et gère mal son budget. La France vient d'annoncer ces derniers jours qu'elle a réussi à réduire le taux d'inflation, par contre le pouvoir d'achat reste un vrai problème dans ce pays développé. C'est même l'alimentation qui est sanctionnée le plus, car il s'agit du seul budget où le consommateur est capable de compresser les dépenses. C'est le même cas pour le Tunisien qui est en train de « sacrifier » son alimentation pour subvenir aux autres besoins.