Le Tribunal de première instance de Tunis vient d'examiner une affaire de prostitution clandestine où sont impliqués trois jeunes filles et deux réceptionnistes d'un hôtel de la place. L'affaire est apparue au grand jour suite à une altercation survenue dans le hall de l'hôtel entre l'un des réceptionnistes et deux des dites jeunes filles à propos des quotes-parts de chacune d'entre elles. Le hasard a voulu qu'un agent de la brigade des mœurs soit attablé au café de cet établissement et a assisté à la scène. Il en a informé ses collègues qui ont investi les lieux pour arrêter le trio. L'agent a précisé et l'enquête a confirmé que les deux jeunes filles s'adonnaient au plus vieux métier du monde et qu'elles ont fait la connaissance de ce réceptionniste par le fait qu'elles fréquentaient régulièrement cet hôtel. Ledit réceptionniste a vite compris le manège des filles de joie et a cru utile de leur proposer de monter une affaire en complicité avec son collègue de nuit. Une autre jeune fille formait avec les deux premières un trio qui était toujours attablé au café de l'hôtel et la clientèle ne manquait pas. Les rôles étaient distribués de façon que les réceptionnistes garantissent l'hébergement des couples d'une nuit, voire d'une heure. Lesquels couples sont formés à la recherche du plaisir interdit. L'accord stipulait qu'on se répartissait les recettes fifty-fifty après la soustraction des frais de la chambre et des consommations. Le manège fleurissait et l'affaire du groupe a acquis de la notoriété notamment auprès des clients étrangers friqués. Le jour des faits, il relevait de l'altercation verbale qu'un client étranger avait, semble-t-il, donné la somme de mille dinars au réceptionniste en contrepartie d'une partie de plaisir avec les dites jeunes filles en même temps. Or, le réceptionniste n'avait remis aux filles que cent dinars pour chacune d'elles. Pourtant, l'étranger les avait informées du montant qu'il avait payé. L'alcool aidant, les deux filles voyaient rouge et ont tout déballé dans l'altercation. Une fois tout le groupe arrêté, les trois jeunes filles âgées respectivement de 24 ans, 27 ans et 28 ans, n'avaient pu que reprendre la même version des faits en prétendant oublier les noms de leurs partenaires passagers. Les deux réceptionnistes ont, quant à eux, affirmé qu'ils n'enregistraient pas les fiches des clients venant à la recherche du plaisir. La bande a reconnu les faits qui lui étaient reprochés et ses membres furent arrêtés. Les trois jeunes filles étaient inculpées de prostitution clandestine et les deux réceptionnistes de proxénétisme. Devant la cour, la défense a sollicité les circonstances atténuantes. Tous les accusés ayant des casiers judiciaires vierges. Le tribunal a condamné les deux réceptionnistes à deux ans de prison, chacun, et les trois jeunes filles à un an de prison, chacune. Tous les prévenus ont interjeté appel.