• Sarkozy, Bayrou et Hollande apportent leur soutien à l'hebdomadaire Charlie Hebdo Le Temps-Agences - Le bureau exécutif du Conseil français du culte musulman (CFCM) a déploré mercredi soir la politisation du procès de Charlie Hebdo pour la publication de caricatures du Prophète Mohamed. Il reproche aux candidats de l'UMP et de l'UDF Nicolas Sarkozy et François Bayrou, ainsi qu'au dirigeant socialiste François Hollande, d'avoir apporté leur soutien à l'hebdomadaire au nom de la liberté d'expression. Certains membres du CFCM reprochent en particulier à Nicolas Sarkozy, qui est ministre de l'Intérieur et des Cultes, d'avoir manqué à son devoir de neutralité. Dans un communiqué, le bureau exécutif du CFCM "déplore la politisation d'une affaire judiciaire" et "regrette cette instrumentalisation qui ne peut être que néfaste à la communauté nationale". Il souhaite "une plus grande retenue pour laisser dans son contexte propre une plainte qui vise deux caricatures injuriant les musulmans". Nicolas Sarkozy a exprimé mercredi son soutien à Charlie Hebdo dans une lettre lue à l'audience par l'avocat de Charlie Hebdo, Me Georges Kiejman. Le ministre de l'Intérieur a dit préférer "l'excès de caricatures à l'absence de caricature" et a confirmé sa position dans la journée lors d'un déplacement à Toulon. Cette prise de position a déclenché la colère de plusieurs membres du bureau du CFCM présidé par Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, certains prônant une démission du bureau en bloc en signe de protestation. "Il n'y a plus de neutralité, il a mis le feu aux poudres", déplorait en marge de l'audience Abdallah Zekri, chargé de mission auprès du président du CFCM. Dans la soirée, Dalil Boubakeur a prôné l'apaisement. "J'ai demandé quelques explications sur la nature de cette lettre et il apparaît que c'est une lettre du candidat à l'élection présidentielle et non celle du ministre chargé des Cultes, ce qui effectivement aurait soulevé un certain nombre de récriminations", a-t-il dit sur LCI. "Donc, c'est cette thèse là que je vais moi-même présenter à mes collègues", a-t-il ajouté. Le périodique et son directeur, Philippe Val, sont poursuivis en justice par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), la Grande mosquée de Paris et la Ligue islamique mondiale pour "injures publiques envers un groupe de personnes, en raison de leur appartenance à une religion". Charlie Hebdo avait repris en février 2006 certaines des caricatures du Prophète publiées initialement en septembre 2005 dans le journal danois Jyllands-Posten. Initié en 1999 sous le gouvernement Jospin par Jean-Pierre Chevènement, c'est finalement sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy que le CFCM est devenu, en 2003, l'instance représentative des musulmans de France.