* Les femmes arabes défendent leur droit de l'autodétermination sur le plan reproductif et social. Or, l'avortement par exemple, n'est légal qu'en Tunisie... La 39ème session du Conseil régional de la Fédération internationale de la planification familiale (International Planned Parenthood Federation, IPPF) pour le monde arabe s'est ouverte, hier, à Gammarth, avec la participation des représentants des 13 associations arabes de planification familiale et santé reproductive, réunies au sein de ce Conseil. Il s'agit des associations d'Algérie, Bahrein, Djibouti, Egypte, Iraq, Jordanie, Maroc, Mauritanie, Palestine, Soudan, Syrie, Tunisie, et Yémen. Les travaux doivent se poursuivre durant trois jours. Le siège du Conseil se trouve à Tunis. Le gouvernement tunisien vient d'ailleurs de faire à cette Organisation le don d'un terrain à Tunis, pour y bâtir son nouveau siège.
Rôle primordial des associations La séance d'ouverture placée sous la présidence de Mme Najoua Miladi, Secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Santé publique, a offert l'occasion aux premiers responsables de l'Organisation pour exprimer leur considération à la Tunisie et la présenter comme un modèle à suivre dans le monde arabe, en matière de santé reproductive. Le président de l'Association tunisienne de santé reproductive, Fethi Ghédira, le président du Conseil , Moncef Ben Brahim, la présidente de la commission exécutive de l'IPPF pour la Région arabe, Mme Kawther El Khir, l'expert arabe de renom en santé reproductive, le Professeur Mahmoud Fathallah ont souligné les progrès accomplis par les pays arabes dans le domaine de la santé reproductive, mais ils ont noté que ces progrès sont divers et qu'un long chemin reste à faire pour ancrer ce concept dans les mœurs et le hisser au niveau d'un choix politique, avec toutes ses implications. Un rôle primordial revient aux associations nationales de planification familiale et de santé reproductive dans la réalisation de ces objectifs, mais comme l'a dit Mme Kawther El Khir, les gouvernements arabes sont engagés à promouvoir les législations en la matière afin de faciliter la tâche aux intervenants sur le terrain. Ainsi, en ce qui concerne l'avortement, à l'exception de la Tunisie , la plupart des autres pays arabes n'autorisent l'avortement que dans des cas exceptionnels et pour des raisons exclusivement médicales. Or, l'avortement à risques est responsable, chaque année, d'une bonne part de la mortalité maternelle, dans les pays arabes.
Développement humain D'ailleurs, cette 39ème session a été marquée par la présentation d'un ouvrage de très haut niveau sur la question écrit par le professeur égyptien de renommée internationale, Mahmoud Fathallah, et ayant pour titre '' Questions relatives à la Santé et aux droits de la Femme d'un point de vue international, régional, arabe et égyptien''. L'auteur y présente les conclusions d'une expérience de plus de 50 ans dans ce domaine. Stigmatisant les opposants aux acquis déjà fragiles de la femme arabe, Mahmoud Fathallah défend le droit des Femmes à l'autodétermination sur le plan reproductif et sexuel, critiquant certaines pratiques sociales dans ce domaine comme l'excision. Dans l'allocution prononcée à la séance d'ouverture, il a dit condamner les préférences accordées encore aux mâles dans les sociétés arabes, insistant sur la nécessité de donner à la femme arabe le droit de choisir et de cesser de la considérer comme une simple génitrice. Conformément à la stratégie de l'IPPF, les associations arabes de planification familiale et de santé reproductive accordent une importance majeure à la sensibilisation des jeunes et des adolescents à ces questions, car destinées au début aux catégories marginalisées, l'action en faveur de l'ancrage du concept de santé reproductive par ces organisations cible aujourd'hui toutes les catégories de la population. A cet égard, le Dr Fathallah s'est félicité que la femme qui s'adresse aujourd'hui à ces prestations est une femme nouvelle qui diffère totalement de la femme d'il y a cinquante ans. La conception et la vision ont également changé. La planification familiale et la santé reproductive ne sont plus conçues comme des moyens pour soutenir le développement économique, en réduisant la croissance démographique, mais comme des droits faisant partie intégrante des droits fondamentaux de l'homme. Les services assurés dans ce domaine visent essentiellement le développement humain.