Le Temps-Agences - Le procès de l'ancien dictateur communiste polonais, le général Wojciech Jaruzelski, 85 ans, accusé de "crime communiste" pour avoir imposé la loi martiale à la Pologne en 1981, a repris hier devant le tribunal régional de Varsovie. Plusieurs autres hauts responsables de l'ancien régime, dont Stanislaw Kania, 81 ans, un ancien Premier secrétaire du parti communiste polonais (POUP), comparaissent avec lui. Au début de l'audience, retransmise en direct par la télévision privée TVN24, la cour a pris acte de l'absence, pour raisons de santé, du général Czeslaw Kiszczak, 82 ans, ancien bras droit du général Jaruzelski. Ancien chef de l'Etat et du parti communiste polonais, Wojciech Jaruzelski, a été officiellement accusé en avril 2007 de "crime communiste". Il est passible de 10 ans de prison. Son procès avait été ajourné pour complément d'enquête, la défense ayant demandé d'interroger en qualité de témoins l'ancien numéro un soviétique Mikhaïl Gorbatchev, l'ex-Premier ministre britannique Margaret Thatcher, l'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt et Zbigniew Brzezinski, conseiller à l'époque du président américain Jimmy Carter. La cour d'appel a finalement refusé en mai cette demande en la qualifiant d'"irréalisable" et elle a autorisé la reprise du procès. L'acte d'accusation présenté hier par le parquet reproche au général Jaruzelski d'avoir "dirigé une association criminelle à caractère armé", pour instaurer en Pologne l'état de siège le 13 décembre 1981. La défense demande l'acquittement, affirmant que le général et ses co-accusés ont agi "en état de force majeure", pour éviter à la Pologne une intervention de l'armée soviétique contre le mouvement Solidarité de Lech Walesa, devenu en 1980 le premier syndicat indépendant du monde communiste. Après la lecture de l'acte d'accusation, le tribunal a suspendu hier le procès jusqu'au 25 septembre. La parole sera alors donnée aux accusés pour qu'ils puissent répondre aux accusations. Wojciech Jaruzelski avait maté lui-même le syndicat Solidarité et a occupé le pouvoir sans partage de 1981 à 1989. Il a cependant facilité la transition démocratique de la Pologne en acceptant en 1989 de partager le pouvoir avec l'opposition anticommuniste, incarnée par Solidarité, avant de s'effacer fin 1990. Le procès a été lancé à l'instigation de l'IPN, l'Institut de la mémoire nationale, qui gère les archives de l'ancienne police secrète communiste mais qui a aussi pour charge de poursuivre les personnes soupçonnées de crimes nazis ou communistes. L'IPN est toujours dirigé par des proches des jumeaux conservateurs Lech et Jaroslaw Kaczynski, qui ont gouverné la Pologne entre 2005 et 2007. Ils ont alors organisé une vaste campagne de règlement de comptes avec les anciens responsables et collaborateurs du régime communiste. Le général Jaruzelski comparaît aussi dans un autre procès interminable, pour sa responsabilité présumée dans un massacre d'ouvriers en 1970, alors qu'il était ministre de la Défense. En décembre 1970, une révolte ouvrière du littoral de la Baltique avait fait officiellement une cinquantaine de morts dans des rafles de la police et de l'armée.