Le Temps-Agences - La Finlande va renforcer sa législation sur les armes à feu après une nouvelle fusillade meurtrière dans une école, la deuxième en moins d'un an dans le pays nordique qui faisait hier son examen de conscience. Matti Juhani Saari, étudiant en restauration au lycée professionnel de Kauhajoki (sud-ouest de la Finlande), avait fait irruption dans une salle de classe de son établissement mardi matin et tué dix personnes avec un pistolet semi-automatique, avant de mettre le feu au bâtiment et de se suicider. Le Premier ministre Matti Vanhanen, qui a fait mettre les drapeaux en berne dans tout le pays et décrété la journée d'hier journée de deuil national, s'est rendu sur place dans la matinée pour rencontrer des responsables locaux et les proches de lycéens victimes de la tuerie. Il a immédiatement annoncé un durcissement de la législation sur la détention des armes à feu, actuellement très permissive, y compris pour les mineurs. "Nous allons prendre des décisions sur une nouvelle loi, dans les mois qui viennent", a-t-il indiqué, alors que la question du contrôle des armes avait déjà surgi lorsque, en novembre 2007, un jeune homme de 18 ans avait tué huit personnes dans son lycée de Tuusula, au nord d'Helsinki, avant de mettre fin à ses jours. La Finlande, qui s'y refusait jusqu'alors, avait décidé d'appliquer la directive européenne portant à 18 ans, et non plus 15 comme c'est le cas actuellement dans le pays nordique, l'âge légal pour détenir une arme à feu. Mais, le processus d'adoption de la directive est toujours en cours. M. Vanhanen a néanmoins observé qu'un éventuel renforcement de la loi interdisant le port d'armes à feu aux mineurs, n'aurait pas empêché la fusillade de Kauhajoki, puisque le tireur, qui s'est suicidé, avait 22 ans. Le chef du gouvernement a souligné qu'il était "très critique" face à la facilité avec laquelle on peut se procurer des armes en Finlande. Il a par ailleurs annoncé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances dans lesquelles Matti Juhani Saari avait été entendu par la police lundi, la veille du drame, après la diffusion de ses vidéos menaçantes sur YouTube annonçant le massacre. Le jeune homme n'avait pas été inquiété et son autorisation de port d'armes ne lui avait pas été retirée. Unanime, la presse finlandaise pointait du doigt hier le laxisme de la législation sur les armes à feu, l'influence des univers violents sur l'internet, l'individualisme, ou encore les carences du système scolaire, pourtant désigné par les enquêtes PISA de l'OCDE comme le plus performant des pays occidentaux. Le principal quotidien du pays, Helsingin Sanomat, se demandait si "les écoles finlandaises, citées en exemple dans le monde entier jusqu'à l'automne dernier, cherchent l'excellence aux dépens de la communauté?". "Avons-nous oublié l'empathie, dans l'éducation que nous offrons à nos enfant?", s'interrogeait le journal. Le quotidien suédophone Hufvudstadsbladet constatait de son côté que la Finlande "ne se distingue plus seulement par son niveau élevé de violences familiales (...) ou ses écoles de qualité, mais par sa présence dans le haut du tableau mondial des tueries en milieu scolaire".