Des jouets pour enfants, des chaussettes, des ustensiles, des chaussures, tous « Made in China » sont exposés de manière anarchique dans les principales rues de la capitale qui se sont transformées ces derniers jours en un grand espace de commerce ambulant et de vente de produit camelote. Un phénomène qui ne cesse de gagner du terrain depuis des années faute de contrôle rigoureux et d'application des normes régissant cette activité. L'image de la capitale se dégrade de jour en jour. Elle est devenue en fait un lieu propice pour les commerçants à la sauvette qui occupent les lieux, à ras même de la chaussée en pleine rue bloquant la circulation aux piétons qui ne savent vraiment où se diriger. La capitale, miroir du pays perd de son charme. Elle s'est transformée en un magasin qui vend exclusivement les produits chinois introduits abusivement dans notre société. Même le soir, ces commerçants n'hésitent pas à exposer leurs articles de manière anarchique. Ils continuent d'attirer quand même une clientèle bien déterminée.
A la rue Charles de Gaulle, d'Espagne, d'Hollande, de Rome, de France...les commerçants ambulants investissent les lieux très tôt le matin pour y demeurer jusqu'à une heure tardive de la nuit. Des parfums contre-façonnés, des produits cosmétiques, des vêtements, des ustensiles sont posés à même le sol. Ce genre d'activité économique prolifère depuis des années, il s'agit d'une poire juteuse pour les jeunes chômeurs venus de l'intérieur du pays qui y trouvent largement leur compte. Ils n'ont pas en fait besoin d'une grande somme d'argent ni d'un « capital » pour exercer ce genre de métier. Les stands sont conçus de manière artisanale, des boîtes en carton, des planches en bois servent d'étalage, facile à déplacer en cas de descente effectuée par les agents de la police municipale. Pour ce qui est des marchandises, elles sont disponibles à Sidi Bou Mendil, ou la caverne d'Ali Baba. C'est l'endroit propice qui offre des articles chinois de mauvaise qualité et à des prix concurrentiels. Dès les premières heures de la journée, les commerçants se précipitent vers cette rue pour s'approvisionner en la matière et envahir dans une deuxième phase les rues de la capitale à l'exception de l'avenue Habib Bourguiba. Ils bloquent les rues voire les trottoirs aux piétons. Même les automobilistes trouvent beaucoup de peine pour passer à travers ces rues déjà obstruées par des voitures garées. La vente à la criée est le maître mot de ces commerçants qui tentent par tous les moyens d'attirer leurs clients et de les convaincre de la qualité du produit exposé. Ils jouent en fait sur le facteur prix très souvent pas cher. Leurs cris continus se mêlent aux klaxons des véhicules et rendent la vie infernale dans ces endroits. Outre la nuisance sonore et la pollution qu'ils génèrent, (rejets des sachets en plastique, des petites boîtes en carton...) ces derniers n'hésitent pas à se disputer en pleine rue et à échanger des insultes et des grossièretés au vu du monde. La violence verbale est une monnaie courante pour ces commerçants qui oublient que leurs pratiques gênent les passagers.
Concurrence déloyale Il est vrai que cette activité économique est une source de revenue pour plusieurs jeunes et pères de famille. Toutefois, elle nuit à l'image de la ville et même à l'activité économique. Ces derniers échappent au contrôle comme ils n'ont pas de charges fiscales alors que leurs homologues sont obligés de déclarer périodiquement leurs revenus ce qui se répercute lourdement sur leurs recettes. Encouragés ainsi par les autorités de tutelle qui ne sont pas en train d'intervenir de manière continue ni rigoureuse. Les descentes se raréfient ces derniers jours ce qui explique d'ailleurs la propagation de cette activité.
Pire encore, le soir plusieurs places de la capitale se transforment en un espace de restauration. A la porte de France, l'odeur de la grillade du margez infecte l'endroit. Des vendeurs de sandwichs (tartine de harissa, du thon, et des œufs cuits sur place) exposent leurs produits dans des chariots juste au niveau de l'arc. Une des anciennes portes de Tunis cet endroit est devenu un lieu de prédilection pour les commerçants ambulants, ce qui détériore l'image de l'entrée principale de la Médina. D'autres commerçants occupent toute la place en déposant leurs articles par terre, des chaussures, des claquettes, des ustensiles... Ils bloquent l'accès aux boutiques d'artisanat et aux commerces.
Lutter contre ce fléau qui ne cesse de s'amplifier est plus que jamais urgent. Il s'agit d'une activité qui alimente le commerce parallèle, qui engendre des répercussions négatives. La municipalité de Tunis a laissé entendre il y a quelques années qu'elle allait aménager un espace en dehors du centre ville pour regrouper ces commerçants et décongestionner la capitale, en revanche, c'est un projet qui n'a jamais vu le jour. Entre temps, les commerçants ambulants occupent le centre ville.