Pendant le mois du jeûne, on perd logiquement quelques kilos qu'on cherche, aussitôt après l'Aïd, à récupérer. Chacun a ses habitudes pour reprendre des couleurs ; certaines traditions sont scrupuleusement suivies selon les régions aussi pour obtenir les mêmes effets. Cependant, le risque existe que le résultat du régime choisi soit contraire à celui qu'on escomptait. La plupart des jeûneurs comptent sur la consommation des pâtisseries de l'Aïd pour reprendre du poids et s'empiffrent ainsi de baklawas, de maqroudh et de ghrayba des jours et des semaines durant. Les plus de quarante ans qui ne se contrôlent pas devant ce type de tentation s'exposent dangereusement à l'augmentation du taux de glucose dans leur sang et donc au diabète, maladie qui ne pardonne pas dans certains cas. Le risque de tomber malade menace également tous ceux qui se gavent de pâtes immédiatement après Ramadan. Non que ces aliments aggravent systématiquement les cas de diabète ou d'obésité, mais l'estomac du jeûneur doit retrouver progressivement ses capacités habituelles et son rythme de digestion d'avant le mois saint. Les connaisseurs recommandent de s'y prendre par à coups, de consommer des soupes légères et des salades les trois premiers jours. Mais comme les pâtes semblent être inévitables dans le régime du Tunisien, autant en consommer de petites quantités. M.Slah Ben Khedher (technicien supérieur au ministère de la Santé) conseille même de répartir le menu du jour en plusieurs prises pour éviter à la fois ballonnements, spasmes, nausées et vomissements dus à l'indigestion : « Ceux qui ont hâte de récupérer leur poids doivent prendre conscience que plus cette opération est naturelle mieux c'est pour leur santé. On n'a pas passé tout Ramadan sans le moindre malaise pour souffrir de toutes sortes d'affections juste après. C'est justement le cas de plusieurs personnes qui consultent leurs médecins la semaine qui suit les trente jours d'abstinence. ». M. Ben Khedher est par ailleurs convaincu que pour les premiers jours qui suivent le jeûne, il n'y a pas mieux que de se contenter de deux repas par jour. Concernant les gâteaux de l'Aïd, il met en garde contre leur mauvaise conservation. « Prenez soin de les ranger dans des endroits bien aérés, à une température raisonnable qui ne doit pas excéder les 28 degrés. Heureusement que, de nos jours, les Tunisiens n'achètent ni ne préparent que de petites quantités consommables en peu de jours. ». Des régions et des recettes Sur un autre plan, il semble que des traditions ancestrales existent un peu partout dans le pays qui permettent une récupération sans dangers après Ramadhan : On assure, dans ce sens, que dans la ville de Sfax et ses alentours, les gens ont pris l'habitude de consommer plus souvent la « Charmoula » après l'Aïd. C'est un plat local très prisé et, au dire de certains, il permet -grâce à la forte teneur en sucre des raisins secs qui le composent- de redonner de l'énergie. D'autre part et comme c'est un plat souvent accompagné de poissons salés frits ou grillés, il contribue à la récupération d' une bonne partie des sels minéraux gaspillés pendant le jeûne. C'est en plus, nous dit-on, un mets léger et digeste qui ne risque pas de provoquer des malaises gastriques. Dans le Nord, les différentes variétés de « Bsissa » font l'affaire ; on la préfère dissoute dans l'eau mais, préparée à l'huile d'olive, elle ne peut que profiter au corps également. La « M'loukhiya » fait aussi partie des plats énergisants consommés plus fréquemment en période de récupération. On conseille toutefois de ne pas en abuser. Du côté de Gafsa et des autres villes du Sud- Est, on mijote plus souvent que de coutume les soupes aux fèves (sèches). Certains y trempent du pain en morceaux, d'autres pas ; mais tout le monde souligne les vertus fortifiantes de cette préparation savoureuse et très digeste. Vers l'extrême Sud, l'Assida (de farine) au beurre et au miel prise de bon matin aide énormément à retrouver des forces. Mais le « Masfouf », ce léger couscous sucré sans sauce, figure toujours parmi les mets revigorants les plus appréciés. Toutes ces recettes et bien d'autres ont fait leurs preuves d'après ce qu'on nous en raconte, mais quoi qu'il en soit, et comme pour toute reprise difficile, il faut y aller « mollo » et sans excès.