* Un taux général d'inflation de 5,3 % et de 7 % pour les produits alimentaires * Des intermédiaires peu scrupuleux font la loi entre professionnels dégoûtés de ne pas trouver leurs comptes et consommateurs ahuris par la hausse des prix. Les derniers chiffres de l'Institut National des Statistiques font état d'un glissement des prix à la consommation de 5,3 % durant les neuf premiers mois de 2008 comparativement à la même période en 2007. Les produits alimentaires ont connu une hausse sensible de 7 % qui est en recul par rapport aux 7,8 % des six premiers mois de 2007. Le couffin de la ménagère est en train de subir les aléas d'une année agricole difficile et des répercussions de l'augmentation des prix des carburants et des engrais chimiques sur le prix de revient des denrées alimentaires. Les analystes trouvent qu'en plus de ces aléas, la transparence n'est pas de mise dans les circuits d'écoulement des produits des producteurs vers les consommateurs. D'une part, près de la moitié seulement des produits transitent par les circuits contrôlés. D'autre part, les intermédiaires agissent en maîtres absolus et décident des cours des marchandises aux dépens des professionnels et des consommateurs.
Ventilation de la hausse Les observateurs ont constaté que malgré la stabilité des prix des dérivés du blé (pain, pâtes alimentaires, semoule, farine, etc.), les constituants du couffin de la ménagère ont vu leurs prix grimper sensiblement. Les légumes et les fruits, libres à la vente, ont connu cet été des hausses vertigineuses dépassant les 20 %. Les prix du poivron, des tomates, des pêches, du melon et du raisin n'ont pas été abordables malgré l'abondance de la récolte. Plusieurs professionnels évoquent l'effet du tourisme. Mais, les touristes ont été toujours là durant les trois dernières décennies et l'inflation ne s'était pas fait sentir d'une manière aussi rude. La viande blanche revient, semble-t-il, plus cher en raison de l'augmentation des coûts de l'alimentation animale. Du coup, les prix à la vente des dérivés de l'aviculture ont connu une flambée notable. Toutefois, ces produits restent abordables et constituent la principale source de protéines d'origine animale de la classe moyenne. Les augmentations des cours des dérivés du lait à l'échelle internationale ont poussé les fromagers à se rabattre sur le lait frais en remplacement de la caséine (principale substance protéinique du lait) qui se vendait séparée et à des cours bas sur le marché international. Du coup, les prix des fromages, du beurre et des yaourts ont flambé (plus de 30 % d'augmentation en moyenne). Les prix des produits hygiéniques ont vu leurs prix, eux aussi, grimper d'une manière vertigineuse. Savons, shampoings, détergents et produits de vaisselle se disputent la palme de la hausse des prix.
Les circuits de distribution Un autre facteur a influé sur le coût de la vie et a sensiblement nui au couffin de la ménagère, c'est la multiplication des intermédiaires et leur rôle flou dans les circuits de distribution. La réglementation ne précise pas la manière d'agir de cette catégorie qui, du coup, fait la pluie et le beau dans le marché. Ainsi, et si on prend le cas du marché de gros de Bir Kassâa, les producteurs et les marchands de légumes et de fruits se lamentent du comportement peu scrupuleux de ces intermédiaires. Ali, producteur de pommes, affirme : « ça fait 48 heures que mes pommes traînent dans un pavillon. Elles n'ont pas été vendues parce que j'ai refusé de transiter par les circuits parallèles de ces intermédiaires peu scrupuleux. Ils nous font refaire la répartition des fruits et des légumes dans les cageots. Ce n'est pas normal ! » Salah, un marchand de légumes, confirme : « Ces intermédiaires nous obligent à des achats conditionnés et à des prix qu'ils déterminent à leur façon. Comment voulez-vous qu'on puisse revendre les mêmes produits à des prix abordables ? » L'administration reconnaît qu'il y a des dépassements mais trouve qu'ils « n'influent pas sur les cours. Le producteur est libre de traiter avec l'intermédiaire de son choix. Le problème se situe plutôt dans la marchandise qui ne transite pas par les circuits réglementaires » Décidément, le marché parallèle constitue un problème pour l'économie. Il sévit à plusieurs niveaux et dans tous les secteurs. Le trésor public est privé de rentrées importantes de fonds en raison de sa florescence. Tous les intervenants jugent qu'il serait opportun de tout réglementer.