Notre école fait-elle assez pour éradiquer complètement chez ses élèves la peur des Mathématiques ? Les enseignants qu'elle engage se dépensent-ils assez pour transformer le cauchemar des opérations de calcul vécu par une bonne partie de leur public en un moment de détente créative ? Mettons-nous à la disposition des générations de demain tous les moyens technologiques et pédagogiques pour accélérer leur vitesse de multiplication, de soustraction, d'addition et de division ? Nos écoles primaires et nos collèges créent-ils les conditions idéales pour permettre à l'adolescent d'être plus concentré, plus confiant en lui-même, plus inventif, plus prompt à saisir les contenus scientifiques dispensés en classe, de renforcer ses capacités de mémorisation, de lire et d'écrire vite et bien ? Nos établissements scolaires stimulent-ils suffisamment et équitablement les deux hémisphères cérébraux des jeunes apprenants ? Le côté droit de leur cerveau responsable en grande partie des facultés de mémorisation, de concentration et de création est-il sollicité à la fréquence convenable ? Toutes ces questions nous étaient venues à l'esprit en suivant la conférence de presse donnée vendredi dernier, à l'Hôtel Diplomat, par M.Habib Jelizi, responsable de la société Smart Kids et du programme ALOHA (Abacus Learning On High Arithmetic) au Moyen-Orient et dans les pays arabes.
Des génies en herbe On peut croire qu'il ne s'agissait que d'une campagne pour la promotion d'une société nouvellement installée dans notre pays (le premier club ALOHA tunisien a été créé en janvier 2008) ; en fait la rencontre nous a permis de découvrir, preuves concrètes à l'appui, une méthode efficace pour augmenter l'intelligence des enfants et des adolescents et surtout pour développer leurs facultés en mathématiques, cet ogre qui terrorise partout élèves et parents à la fois. A la base de l'apprentissage au sein du club ALOHA, se trouve la petite calculette manuelle chinoise appelée ABACUS, dont le système d'utilisation est inspiré d'une méthode adoptée dans l'Antiquité par les commerçants de Babel. Les démonstrations qui ont été données, pendant la conférence de presse, par des élèves âgés de 5 à 13 ans étaient suffisantes pour convaincre l'assistance de l'efficacité de la méthode. La confirmation nous est venue également des parents de ces enfants qui reconnaissent les bienfaits du programme sur les aptitudes intellectuelles et cérébrales de ces derniers. Malgré quelques ratés tout à fait compréhensibles et dus sûrement au trac, les jeunes élèves éprouvés réalisèrent sous nos yeux des prouesses inouïes, des prodiges même ! La star était incontestablement la petite Férial qui résolvait en des fractions de secondes des opérations des plus compliquées. Sa mère avoue pourtant que sa fillette détestait le calcul auparavant !
Un programme qui a fait ses preuves Le programme ALOHA est actuellement adopté dans 45 pays à travers le monde. Initié, il y a 16 ans en Malaisie (350 centres) et en Chine (1050 centres), il est à présent répandu au Japon (200 clubs), en Indonésie (150 clubs), en Inde (300 centres), en Thaïlande (85 centres), aux Philippines, à Singapour, en Australie, à La Nouvelle Zélande, aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, à Oman, en Egypte (45 clubs), au Soudan, aux Emirats Arabes Unis, en Jordanie et récemment en Tunisie. Le programme comprend deux niveaux d'apprentissage, le premier apprentissage vise les « Juniors », ce sont les élèves âgés entre 5 et 8 ans ; le second est destiné aux Seniors qui ont jusqu'à 14 ans. Chaque enseignement est réparti en huit modules qui s'étendent sur 3 mois chacun. Les cours sont donnés deux fois par semaine à raison de deux heures pour chaque séance, et commencent à 18 heures pour s'achever à 20 heures. Au terme de chaque étape de l'apprentissage, le centre organise des épreuves d'évaluation au vu desquelles il délivre des diplômes attestant la réussite du candidat ; pour ceux qui ratent leurs examens, des cours de rattrapage sont donnés pour pouvoir les repêcher à la session suivante. Il y a lieu de préciser également que chaque année, des tournois nationaux et internationaux de calcul mental sont organisés sous la direction de L'Association Abacus de Malaisie et L'Association Internationale pour le même programme. Les droits à payer sont relativement élevés (entre 135 et 165 dinars par module d'apprentissage), mais quand on constate le rendement des cours et le plaisir que prennent les enfants à les suivre ainsi que l'intérêt désormais accru qu'ils portent à des matières aussi difficiles que l'algèbre, la géométrie et l'arithmétique, quand d'autre part, on mesure les charges de plus en plus coûteuses du centre, on trouve les frais très raisonnables.
Des prix nobels tunisiens !! Au-delà de cette découverte, restent les réponses à nos questions du début : beaucoup de parents tunisiens n'ont pas les moyens d'inscrire leurs petits dans l'un des centres ALOHA. N'est-il pas possible d'intégrer la formation dispensée par de tels centres aux programmes officiels de l'enseignement primaire au moins ? Face aux difficultés que rencontrent la majorité de nos élèves pour assimiler les sciences mathématiques, il nous semble judicieux de leur proposer des activités de soutien qui tout en leur permettant de jouer, développent leurs aptitudes déficientes. Le bénéfice qu'on peut tirer du retour aux exercices et aux examens de calcul mental est sans commune mesure avec les modestes acquisitions actuelles des élèves du primaire et du collège dans les maths. De plus, chacun sait qu'en raison des programmes parfois trop chargés, les enseignants ne prêtent pas toute leur attention aux besoins et aux carences de chaque élève et finissent même par rebuter leur public pourtant curieux et désireux de comprendre la matière enseignée. L'attitude pédagogique appropriée faisant défaut chez certains enseignants de mathématiques et chez des instituteurs pas toujours qualifiés pour bien enseigner le calcul, le risque est encore plus grand que les apprenants détournent leur intérêt vers autre chose pendant la séance. On s'amuse de moins en moins pendant les heures de maths ou de calcul ; le matériel pédagogique est chez nous sans changement depuis la nuit des temps. Pire encore, on autorise aujourd'hui l'usage des calculatrices même dans les grands examens, une manière de faire gagner du temps à nos élèves, vous dira-t-on ! Mais le calcul mental fait mieux : il empêche la paresse de s'installer très tôt dans les esprits des jeunes, il développe chez ces derniers la concentration, la capacité et la vitesse d'écoute, la mémorisation des chiffres et des règles de calcul, la présence d'esprit et le sens de la répartie. Les scientifiques ont depuis longtemps démontré que l'humanité doit la majorité de ses grandes inventions et belles créations à l'activité de l'hémisphère droit du cerveau. En faisant travailler davantage cette partie de la cavité cervicale par des exercices de calcul mental ou de mémorisation visuelle extrêmement rapide, nous contribuons à la multiplication du nombre des intelligents, et pourquoi pas des génies, dans notre cher pays. Sur le modèle des pays développés, encourageons tout ce qui peut, demain, faire de la Tunisie un pays où les Prix Nobel courent les laboratoires locaux et internationaux, où la Création n'est pas un vain mot.