Le Temps-Agences - Le président israélien Shimon Perès a ouvert la voie à des élections anticipées en admettant hier l'échec des tractations pour la formation d'un gouvernement. "Après avoir consulté tous les représentants des partis, je ne vois pas de possibilités de former un gouvernement", a indiqué Perès dans une lettre à la présidence de la Knesset (parlement). Selon la législation israélienne, à moins que les députés ne parviennent à s'entendre dans les trois prochaines semaines à compter d'hier sur une date du scrutin, le parlement décidera de sa propre dissolution et les élections se tiendront 90 jours plus tard. Deux sondages d'opinion publiés hier en Israël semblent donner raison à la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, qui a misé sur des élections anticipées plutôt que sur le maintien à n'importe quel prix de la coalition gouvernementale sortante. Selon un sondage paru dans le quotidien Yedioth Ahronoth, son parti centriste Kadima conserverait ses 29 sièges à la Knesset, devant le Likoud de Benjamin Netanyahu, jusque-là favori des études d'opinion, qui n'en récolterait que 26, contre 14 dans la Knesset sortante. Un autre sondage, effectué également dimanche pour le compte du quotidien Maariv, crédite Kadima de 31 députés, contre 29 pour le Likoud. Les deux études prédisent au Parti travailliste, principal partenaire de Kadima, 11 sièges, contre 19 dans l'assemblée actuelle. En août, avant que Livni ne remplace à la tête de Kadima un Ehud Olmert cerné par des scandales de corruption, les sondages attribuaient au Likoud de 31 à 33 sièges et de 20 à 23 au parti centriste fondé par Ariel Sharon. Après cinq semaines de négociations stériles pour tenter de maintenir l'appoint des 12 députés du parti ultra-orthodoxe Shass à l'alliance entre Kadima et les travaillistes, Livni a jeté l'éponge et proposé au président Shimon Perès d'en appeler aux électeurs, solution qui a aussi les faveurs du chef de l'Etat israélien. Bien que confortée dans sa démarche par les sondages d'hier, Livni s'est gardée de tout triomphalisme. "Nous nous sommes tous réveillés aujourd'hui avec des sondages flatteurs, et, certes, c'est important, mais il nous faut surtout que Kadima soit fort, soit uni et avance comme un seul homme", a-t-elle souligné. Cet appel à l'unité est d'autant plus nécessaire que le recours à des élections anticipées était loin d'être la solution privilégiée par les troupes de Kadima, conscientes d'être conduits par une dirigeante qui n'a pas fait ses preuves, bien que jouissant d'une image de femme politique intègre. Les dirigeants du Likoud ont contesté l'honnêteté des deux sondages parus hier. "Les sondages dont j'ai eu connaissance, donnent au Likoud six ou sept sièges d'avance, bien que cela ne me paraisse pas encore assez", a affirmé à Reuters le député du Likoud Yuval Steineitz, un proche de Netanyahu. Le sondage du Yedioth Ahranoth portait sur un échantillon de 500 personnes, avec une marge d'erreur de 4,5%. Neuf cent personnes ont été interrogée pour Maariv, qui ne précise pas la marge d'erreur de son étude. Pour sa part, tout en annonçant son intention de conserver son alliance avec Kadima, le leader travailliste Ehud Barak s'est déclaré confiant hier de devancer Livni comme Netanyahu le jour du vote. "Je crois que les citoyens d'Israël sauront, le jour où ils déposeront leurs bulletins dans l'urne, faire la part des choses entre une humeur passagère et un leadership élu sachant comment relever les défis auquel Israël fait face", a dit l'ancien Premier ministre et actuel ministre de la Défense.