* Ras le bol de l'une ; démission des autres Les relations parents-enseignants sont loin d'être fluides... Manque de communication, craintes, peurs, méconnaissance ou simple démission. Et pourtant, parents et enseignants sont censés collaborer harmonieusement pour le plus grand bien de l'enfant. Leur dialogue devrait être permanent, ouvert, constructif. En réalité, il est parfois difficile, parfois inexistant. Il est surtout inégal et fragile. Quelles en sont les raisons ? Pourquoi les parents boudent-ils l'institution scolaire ? Comment les impliquer davantage dans la scolarité de leurs enfants ? « Peu de parents se déplacent à l'école pour s'acquérir de l'état de santé scolaire de leurs enfants. Ils accourent vers l'école le jour où les problèmes surgissent. Lorsqu'il n'y a pas de gros nuages, le dialogue famille-école se noue dans les pires conditions » nous dit un directeur d'un lycée. Or l'école et les parents devront être de bons alliés puisqu'ils se partagent la responsabilité de l'éducation des enfants. Les parents ont certes une forte confiance en l'école. Ils savent que la réussite scolaire est pour leurs enfants le meilleur, voire le seul, moyen de réussite sociale. Ces parents confient leurs enfants aux enseignants, qui ont le savoir et doivent faire réussir leurs enfants. De leur côté, ils assument ce qu'ils considèrent être leur rôle de parents, c'est-à-dire qu'ils assurent les conditions de base de la scolarisation, notamment les conditions matérielles : les parents doivent envoyer à l'école des enfants propres, disciplinés et sages. Par ailleurs, les parents pensent qu'ils doivent contrôler leurs enfants. Ils assument cette tâche avec les moyens du bord .Il s'agit d'un partage des rôles : en échange de leur confiance en l'école, les parents attendent que l'école assure une bonne scolarité pour leurs enfants. Mais les parents s'investissent -ils dans l'éducation de leurs enfants ? En fait, ils se désengagent. Mahdi censeur d'études dans un lycée, déplore le manque d'implication des parents « je perçois cette absence de participation visible des parents comme étant de l'indifférence ou comme un manque d'intérêt » dit -il. En fait, chacun a un rôle à assurer. Mais ce partage des tâches en matière d'éducation et de scolarité des enfants est souvent ignoré par les parents. On essaie de contacter les parents des élèves pour des cas d'indiscipline ou de pédagogie, seule une minorité y répond. Parfois le père et la mère travaillent. Ils n'ont pas le temps de venir et l'élève est parfois sanctionné sans que ses parents sachent les raisons. Parfois la mère vient lorsque le pire arrive » Il est vrai que le courant ne passe pas bien entre l'école et les parents. « Nous avons contacté les parents à maintes reprises. Aucune réponse », avoue un surveillant général. Et il ajoute : « parfois l'élève est accompagné d'un parent lointain ou d'une connaissance dans le quartier. L'élève ne veut pas que son père sache qu'il a des problèmes scolaires ».
Pour un vrai dialogue école-parents : Les parents doivent parler et dialoguer et ne pas rejeter systématiquement sur l'école tous les malheurs et toutes les difficultés que les enseignants ont à affronter. . « On ne peut pas travailler avec des parents indifférents nous fait remarquer un prof de philo. « Dans certaines familles, l'école a souvent une image très négative. Le faible niveau d'instruction des parents, leur échec scolaire, aussi, font que ces parents ont tendance à répercuter cette image négative de l'école en essayant notamment de limiter au minimum les contacts avec celle-ci. Du fait de leur isolement, ces familles sont difficiles à contacter. Cette démission des parents risque de ne pas aider l'école dans sa mission. » « Nous tenons chaque trimestre des réunions avec les parents avec la présence des professeurs, ajoute un directeur d'un collège, mais nous nous rendons compte que les parents boudent ces réunions. Nous souhaitons qu'il y ait une collaboration entre les parents et nous et qu'ils viennent plus fréquemment dans l'établissement. Nous essayons de les faire venir plus régulièrement par des réunions parents/professeurs. En dehors des convocations d'usage, lorsqu'il y a des problèmes, les rencontres avec les parents font partie de nos exigences. » . Sami prof de français ne mâche pas ses mots « Nous voyons toujours les parents des élèves brillants. Mais nous aimerions voir plus souvent ceux dont les enfants sont en difficulté scolaire. Or ils ne viennent pas. L'administration est obligée parfois d'aviser par écrit les parents. L'école se referme alors. En contrepartie, il faudrait que les contacts avec les parents soient plus réguliers. Personnellement, j'ai deux enfants et j'aimerais être tenue plus au courant de ce que font mes enfants à l'école. Nous avons le bulletin trimestriel où l'on voit ce qu'ils ont fait, cela me semble très insuffisant. Plusieurs parents sont coupés de l'école et ce sont toujours les parents les plus « intellectuels », peut-être les plus exigeants, qui nous contactent. Aujourd'hui, on ne peut pas dire que les parents soient partie prenante de l'école. Il arrive même que certains parents ne viennent même pas le jour de la remise des prix de leurs enfants. Que faut-il attendre de cette démission souvent non justifiée des parents ? » Les parents ont un rôle à jouer dans la scolarisation de leurs enfants. Ils sont impliqués dans la réussite de leurs enfants. Ils seront les bienvenus lorsqu'ils voudront aborder les difficultés de leurs enfants. Ils ne doivent pas hésiter de demander de l'aide, contacter les profs, établir un vrai partage, entendre quelque chose d'eux. C'est important pour améliorer les résultats de leurs enfants. Il convient aujourd'hui de réfléchir à une école qui rende l'accès plus facile à la veille des examens trimestriels, réfléchir à un bon lien entre l'école et les parents. C'est le souhait du corps enseignant et administratif mais aussi celui des parents. Pourquoi se tourent-ils le dos, alors ... ?