Le Temps-Agences - En position de force sans être indéboulonnable, Ségolène Royal s'est posée en rassembleuse après le vote des militants socialistes, appelant ses rivaux à composer avec elle "la meilleure équipe possible". Au lendemain de son succès surprise, l'ancienne candidate à la présidentielle ne s'est pas déclarée officiellement candidate au poste de premier secrétaire du PS, mais elle a réclamé que la "volonté profonde de changement" des adhérents soit respectée. "Il y a un temps pour tout", a-t-elle déclaré sur France Inter. Elle a précisé qu'elle appellerait les chefs des autres motions "dès ce matin"(hier, Ndlr) pour leur expliquer "comment je compte faire avec eux la meilleure équipe possible". L'attitude, comme le ton de l'entretien très posé, contraste nettement avec ceux qu'elle avait adoptés après sa victoire, en 2006, lors de la primaire socialiste pour la présidentielle, quand elle n'avait pas contacté ses adversaires battus, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Distancée dans les sondages, critiquée, voire raillée en interne après son inattendu "meeting de la fraternité" à Paris, Ségolène Royal avait mis sa candidature à la tête du parti "au Frigidaire" en septembre. Selon les résultats transmis par la direction du PS dans la nuit, son programme "Fiers d'être socialistes" obtient environ un tiers des suffrages. Les motions de Bertrand Delanoë, favori des sondages soutenu par la direction sortante, et de Martine Aubry sont au coude à coude pour la deuxième place, autour de 25%, avec un très léger avantage au maire de Paris. Benoît Hamon, candidat de toute l'aile gauche du PS, a créé la deuxième surprise jeudi, confirmant la demande de renouveau des militants et le rejet du "vieux parti". Le député européen, 41 ans, qui obtenu près de 20% des suffrages s'est dit hier plus déterminé que jamais à prendre la tête du parti, au nom du refus des alliances avec le centre, que Ségolène Royal n'exclut pas. Le vote des militants constituait la première étape du congrès socialiste, qui doit renouveler ligne, direction et alliances du PS. Les courants internes doivent désormais tenter de former une majorité sur la base de ce nouveau rapport de forces, à Reims la semaine prochaine -- soit huit jours de négociations à hauts risques pour Ségolène Royal. Dans un troisième temps, les adhérents seront appelés à élire, au suffrage direct, le prochain premier secrétaire le 20 novembre.