Vous connaissez sûrement la Caulerpa Taxifolia, cette algue « folle » relâchée accidentellement par un aquarium à Monaco en 1984, et qui depuis envahit les côtes méditerranéennes. Une nouvelle « Taxifolia » humaine est en train d'envahir le centre de Tunis surtout autour des grandes gares et stations de la capitale comme la Place Barcelone, Bab Bhar, Bab El Fella, Bab Dzira, etc. Cette « faune » nouvelle est visible à l'œil nu mais reconnaissable aussi à l'ouïe, parfois même à l'odorat, le toucher sans aller jusqu'au mauvais goût. Premiers territoires squattés, les trottoirs. On n'y trouve plus un pavé où mettre le pieds. Des hyper-souks à ciel ouvert et des rayons en boîtes en carton. Désormais, pour marcher à Tunis, il faut slalomer entre les cartons « gardés » sur les trottoirs, les voitures garées sauvagement ou en double position. Que faire ? Marcher sur la chaussée jusqu'à ce que « collusion » s'en suive ? Sinon, en zigzagant entre ces cartons, c'est l'occasion ou jamais de renouveler son vocabulaire et le remplacer par le langage fort (en décibels), aux métaphores pornographiques, à l'accent très grave et qui « conjugue » même le mauvais sort. Ces gens-là, môssieur, comme disait Brel sont tout d'abord à la recherche d'un avenir meilleur. Pour ce mirage, ils ont quitté leurs terres non cultivées (faute de main-d'œuvre pas seulement habile pour remuer le sol). Arrivés en terre inconnue, une métropole immense, peu accueillante, pressée et stressée. Alors, il retrouve sur les trottoirs, les vraies gens. Et puis, quoi de mieux que de travailler la tête baissée. Voir tout sans se faire voir et avoir, surtout, c'est peut-être le secret de l'invasion en douce. En plus, personne ne les a vu venir... Et il semble que personne ne les verra partir de sitôt...