Tunis - Le Temps : Ils étaient cousins et appartenaient au même arbre généalogique d'une famille originaire de Tataouine, cette ville du sud dont les habitants sont connus pour leur sérieux, leur affabilité et leur générosité, mais réputés également pour leur attachement aux principes de l'honneur, la dignité et le courage et la bravoure. Elle avait trente-huit ans lorsqu'elle avait connu ce jeune homme qui bien qu'étant son cadet de sept ans, lui déclara son amour ineffable ce qui l'avait bien remuée et comblée. Jusque-là célibataire, elle crut avoir enfin trouvé chaussure à son pied. Elle ignorait qu'elle était tombée dans un piège qui lui sera fatal. Ce fut le commencement d'une idylle au cours de laquelle elle se consacra corps et âme à son amoureux sans jamais lui refuser aucun de ses désirs ni même aucun de ses caprices. Le jeune homme profita de la situation au maximum. Mais voilà que la jeune fille candide eut vent que son amoureux et futur mari, entretenait des relations avec une autre jeune fille. Elle avait même appris qu'il avait demandé sa main et se préparait pour célébrer son mariage avec l'intruse. Elle ne crut pas cette rumeur qu'elle prit pour de simples bobards colportés par des curieux voulant semer la discorde entre eux. Cependant elle remarqua que le jeune homme avait changé de comportement à son égard. Il n'avait pas l'habitude en effet de manquer un jour sans la rencontrer. Elle eut alors le déclic qui la tira de sa torpeur. Ses absences devinrent de plus en plus fréquentes et il prétextait n'importe quoi pour se justifier cela faisait plus d'une semaine qu'il ne l'avait pas vue, et la nouvelle qu'elle apprit aiguisa son inquiétude. Celle-ci était d'autant plus justifiée que la jeune fille était déjà enceinte. Mais elle ne lui avait pas encore annoncé, voulant lui faire la "bonne surprise" et l'encourager de la sorte a accélérer les formalité de leur union sacrée, pour le meilleur et pour le pire. Elle eut conscience que ce jeune homme n'était pas de bonne foi, et prit son téléphone pour lui fixer un rendez-vous afin d'en avoir le cœur net. Pendant leur rencontre la pauvre jeune fille remarqua qu'il se dérobait et qu'il lui cachait la vérité sur ses malhonnêtes intentions. -Je suis enceinte, lui dit-elle. Il faut absolument accélérer les formalités en vue de notre union dans les plus brefs délais". -"Il faut impérativement et avant tout, que tu ailles voir un gynécologue pour pratiquer une interruption de grossesse. C'est la condition sine-qua-non afin de concrétiser notre mariage". Contrainte, la mort dans l'âme elle accepta cette condition, et il la prit chez un médecin à Sfax. Celui-ci confirma après auscultation que sa compagne était enceinte de trois mois et que de ce fait toute tentative d'interruption est exclue vu le risque énorme que cela peut engendrer pour l'intéressée. D'autant plus que cet acte est strictement interdit par la loi à ce stade de la grossesse. Cela constitue un délit sévèrement réprimé en vertu du code pénal, tant pour le praticien que pour celui qui y contribue, en y incitant ou en y prêtant son concours de quelque manière que ce soit. Devant cette situation, le jeune homme réalisa qu'il était devant un sérieux problème, et que sa campagne devenait pour lui un lourd fardeau dont il fallait coûte que coûte se débarrasser au plus tôt. Il fit mine de se résigner et fit comprendre à son compagne qu'il consentait à se marier, afin de la mettre en confiance. Ils quittèrent le cabinet du médecin et montèrent dans une voiture de louage à destination de Gabès. A un moment donné il demanda au chauffeur du véhicule de s'arrêter prétextant vouloir prendre l'air et se reposer un instant, en demandant à sa compagne de le suivre. La pauvre jeune fille y acquiesça sans réaliser qu'elle avait rendez-vous avec la mort, quelques instants plus tard. Il l'entraîna dans un endroit isolé. Là il se transforma en bête féroce, rouant sa compagne, en lui faisant part de son intention de la supprimer afin de se débarrasser d'elle une fois pour toutes et pouvoir convoler en justes noces avec sa nouvelle fiancée. La victime avait beau pleurer, crier. Elle ne cessa de le supplier en lui rappelant qu'ils avaient des liens de sang et que son acte allait affecter toute une famille. En vain. Il ne tint compte ni de ses larmes ni de ses supplications. Il la prit par le foulard qu'elle portait et commença à le lui serrer de plus en plus fort autour du cou, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Après s'être assuré qu'elle était passée de vie à trépas, il versa de l'essence sur son cadavre afin de l'incinérer empêchant de la sorte toute possibilité d'identification de la victime. Il avait bel et bien prémédité son acte, puisqu'il avait mis auparavant de l'essence dans une bouteille de soda qu'il dissimulait dans ses vêtements. Puis il enterra ce qui restait du cadavre, avant de quitter les lieux. Quelques jours plus tard, un berger intrigué par les aboiements continus de son chien sur les lieux du drame, finit par découvrir le cadavre, grâce à la bête qui persistait à remuer la terre à l'endroit même où le corps était enfoui le berger alerta de suite les agents de la garde nationale qui se dépêchèrent sur les lieux ainsi que le procureur de la République qui ordonna une enquête. Le meurtrier fut arrêté, quelques jours plus tard. Pourtant, il fit mine entre-temps de compatir avec la famille de la victime et assister même à l'enterrement de celle-ci. Il dira aux agents de la brigade criminelle, dans un premier temps que c'était la victime qui lui demandait de l'aider à mettre fin à ses jours, mais il finit par craquer en avouant entièrement tout au cours de l'enquête préliminaire ainsi que devant le tribunal. Condamné à la peine capitale, en première instance, il épuisa tous les recours y compris devant la cour de cassation qui rejeta dernièrement ses moyens. La famille de la victime déclara qu'elle était enfin soulagée.